La gestion des déchets nucléaires en France

Publié le 21 Mars 2017

Conditionnement de déchets de faible et moyenne activité (FMA).

Conditionnement de déchets de faible et moyenne activité (FMA).

Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte DFM-VC

Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte DFM-VC

Les déchets de haute activité (HA)

Les déchets de haute activité (HA)

article paru dans les DNA  le 11/3/2017


LA PROBLÉMATIQUE :
que faire de déchets qui en plus d’être extrêmement dangereux le restent pour certains pendant 100 000 ans ? En choisissant l’électronucléaire, la France s’est lancé un défi extrêmement complexe tout en endossant une responsabilité à très, très long terme.

LE CADRE LÉGISLATIF : si le traitement des déchets par l’armée ou le CEA (commissariat à l’énergie atomique) était au début de l’ère nucléaire peu transparent (certains déchets ont été immergés dans les profondeurs océanes), le vote en 1991 de la loi Bataille, du nom de son rapporteur éponyme à l’Assemblée nationale, organise enfin la recherche sur la gestion des déchets radioactifs. Trois voies sont explorées : la séparation/transmutation des éléments radioactifs (de la physique fondamentale qui n’a jusqu’ici pas abouti); l’entreposage de longue durée en surface; et le stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes.

Cette dernière proposition a été choisie comme voie de référence pour les déchets radioactifs les plus dangereux et/ou à vie longue par les lois de 2006 et 2016 qui complètent la loi Bataille en précisant que la réversibilité doit durer au moins 100 ans.

L’ANDRA : la loi Bataille a confié à l’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs le soin de mener les recherches. L’établissement public, créé en 1979 pour gérer les différents sites de stockage, est financé par les producteurs de déchets dont les principaux sont le CEA, EDF et AREVA. Comme toutes les activités nucléaires, celles de l’ANDRA sont contrôlées par l’ASN, autorité de sûreté nucléaire.

Après avoir étudié la géologie de plusieurs départements volontaires, l’ANDRA a fixé son choix sur un site à cheval entre la Meuse et la Haute-Marne, pour l’essentiel sur la commune de Bure, où la continuité de la roche argileuse est considérée comme particulièrement favorable à l’enfouissement profond.

LE LABORATOIRE SOUTERRAIN : dans la région de Bure, la couche d’argile est étanche, homogène, épaisse de 130 mètres et stable depuis plus de 100 millions d’années. Pour étudier in situ les conditions nécessaires à un stockage définitif en toute sécurité, l’ANDRA a décidé d’en tester les conditions en situation réelle et a entrepris à partir de 2000, la construction d’un laboratoire souterrain à 500 m sous terre.

U NE MANNE POUR LES COLLECTIVITÉS : le laboratoire génère 30 millions d’euros de recettes par an pour chaque département, et les communes concernées perçoivent 400 à 600 euros par habitant, sans compter les retombées économiques de l’activité et la taxe foncière. Une manne pour une zone en voie de désertification, durement touchée par la crise. Avec l’emploi, c’est là sans doute la principale raison de l’acceptabilité du projet par la population locale, à l’exception des militants antinucléaires qui le combattent depuis l’origine.

Le projet Cigéo

LE CENTRE INDUSTRIEL DE STOCKAGE GÉOLOGIQUE : Son coût, estimé à 25 milliards d’euros, est financé par les producteurs de déchets par provisionnement de 1 à 2 % de notre facture d’électricité. À 500 m de profondeur, il doit stocker les éléments les plus radioactifs.

Les travaux devraient commencer en 2021 sous réserve de l’autorisation de création dont la demande sera déposée l’année prochaine. L’avant-projet prévoit une autorisation de mise en service en 2030. Le projet créerait 1 500 à 2 000 emplois durant les dix ans de chantier puis 400 à 1 000 en mode exploitation. L’autorisation d’exploiter sera délivrée par tranche avec clause de revoyure jusqu’à stockage de tous les déchets générés par le nucléaire. L’installation devrait être scellée en 2140 avec l’argile prélevée sur site. La surveillance se fera ensuite par capteur.

CLASSIFICATION DES DÉCHETS RADIOACTIFS : on distingue plusieurs catégories de déchets caractérisés par leur niveau de dangerosité et la durée de leur radioactivité (voir ci-dessous). Ceux dont la radioactivité est à vie très courte sont gérés par leur producteur (laboratoires médicaux ou de recherche…) sur place par décroissance radioactive.

Les déchets à très faible activité (béton et gravats issus de démantèlement par exemple, soit 27 % des déchets nucléaires pour 0,01 % de la radioactivité totale en France) qu’ils soient à vie longue ou courte sont stockés en surface sur le site de Morvilliers dans l’Aube.

Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte, les plus nombreux (63 % du volume pour 0,02 % de la radioactivité), issus de l’exploitation ou du démantèlement des centrales ou des installations du cycle combustible, sont stockés en surface au centre de Soulaines-Dhuys dans l’Aube qui a succédé au site de stockage de la Manche aujourd’hui saturé, scellé et sous surveillance. Le stockage des déchets à faible activité et vie longue est à l’étude en surface sur un site voisin. Ce sont des déchets historiques (graphites de combustibles et radium, paratonnerres… représentant 6 % du volume et 0,01 % de la radioactivité) et sont actuellement entreposés en divers sites en attendant leur regroupement peut-être à Soulaines.

Les déchets de haute activité représentent 96 % de la radioactivité totale pour 0,2 % du volume

Enfin, les déchets moyennement actifs mais à vie longue actuellement entreposés sur les sites de production (gaine de combustible, composants de réacteurs, 3 % du volume, 4 % de la radioactivité) et ceux hautement radioactifs qui proviennent pour l’essentiel du traitement des combustibles utilisés dans les centrales nucléaires, sont destinés à être enfouis en géologie profonde. Les déchets de haute activité sont conditionnés par vitrification et sont actuellement stockés sur le site de La Hague. Ils représentent le volume d’une piscine olympique.

DNA-11/03/2017

 

Classement des déchet sselon ANDRA

Classement des déchet sselon ANDRA

Rédigé par ANAB

Publié dans #Pollution-pesticides, #Energies

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