Enquête LPO sur les collisions des oiseaux avec les éoliennes

Publié le 27 Juin 2017

Cette étude sur  la mortalité directe des oiseaux avec les éoliennes faite par la LPO, Ligue de Protection des Oiseaux  fait l'objet d'un rapport récent, daté de juin 2017  (92 pages) pour la  période de 1997 à 2015.


A noter que ce rapport ne prend pas en compte la mortalité des chauve souris. Celles-ci sont également victimes de la vitesse de rotation des pales des éoliennes, plus de 230 km/h mais aussi de la dépression crée par le mouvement des pales.

Voici ce que j’ai retenu du rapport.
Pour plus de précisions  c'est mieux de se reporter à l’original, téléchargeable sur le site LPO.

Roland

Installation des éoliennes en France, situation avril 2016

Installation des éoliennes en France, situation avril 2016

Le protocole de suivi de mortalité est décrit en détail dans le rapport et s’appuie surles données disponibles auprès de la DREAl, service d’Etat qui autorise et suit l’exploitation des éoliennes en France.
Depuis le 26 août 2011 , le  suivi des exploitations d’éoliennes est obligatoire en France, à sa mise en service sur 3ans puis tous les 10 ans.

La base de données LPO comprend les 5156 éoliennes en service soit 11722 MW sur 802 parcs de 8 7.7 machines en moyenne. La LPO  a déjà enregistré les 1017 éoliennes en cours d’installation.
En 2020 la France devrait compter 12000 éoliennes fin 2023.
La puissance installée en France est égale à 20 % seulement de celle installée en Allemagne !
La hauteur moyenne des éoliennes est de 120 m. Des projets existent pour des éoliennes de 200 m.



 

Puissance et suivi de mortalié des parcs éoliens :91 parcs de 645 éoliennes ont fait l’objet d’un suivi avec une très inégale répartition :aucun suivi dans le nord de la France, suivi correct dans l’Est et la région de Nantes.

Puissance et suivi de mortalié des parcs éoliens :91 parcs de 645 éoliennes ont fait l’objet d’un suivi avec une très inégale répartition :aucun suivi dans le nord de la France, suivi correct dans l’Est et la région de Nantes.

A noter le gros écart entre éoliennes installées et gisement de l’énergie éolienne selon l’autorité compétente en la matière (ADEME)

A noter le gros écart entre éoliennes installées et gisement de l’énergie éolienne selon l’autorité compétente en la matière (ADEME)

Suivi de la mortalité : le suivi de la mortalité est fait par le passage d’un observateur dans un rayon de 50 mètres autour du mat.
Le passage prend de 10 à 45 minutes. Certains parcs n’ont fait qu’un seul passage par an et d’autres 26 par an soit 1 par semaine pour une saison de 26 semaines sur 52 possibles.
Les résultats sont donc hétérogènes et pas forcément représentatifs.
Sans oublier qu’un un renard  ou un autre charognard a vite fait d’enlever et manger le cadavre des oiseaux morts.

Espèces recensées lors des suivis

Espèces recensées lors des suivis

Sur les 97 espèces retrouvées, 75 % sont officiellement protégées en France. 10,2 % des cadavres appartiennent à des espèces inscrites à l’Annexe I de la Directive Oiseaux tels que le Faucon crécerellette, le Milan royal, le Milan noir ou le Busard cendré et 8,4 % appartiennent à des espèces considérées comme menacées sur la liste rouge française à l’instar du Gobemouche noir, du Bruant jaune, etc

Espèces les plus impactées :
le Roitelet à triple bandeau, le Martinet noir et le Faucon crécerelle.
A noter que selon leur population l’impact peut être plus ou moins important.
C’est le cas des rapaces, du Faucon crécerelle en particulier. Même en petit nombre, leur mortalité impacte gravement la population.


 

Milan Royal : sur les deux parcs éoliens de notre région plusieurs cadavres (sur plusieurs années de suivi)  ont été trouvés à proximité des éoliennes. Pourtant la région ne compte qu’une quinzaine de couples nicheurs.
L’un des nids a été découvert à proximité, après l’implantation de l’éolienne.
L’exploitant des éoliennes a accepté l’arrêt de ses  machines pendant la fauche et la récolte de foin autour du parc. Pendant cette période les milans font de nombreux passages et donc sont plus exposés aux risques de collision.
 


Ailleurs en Europe certaines espèces comme le Pygargue à queue blanche, le Cochevis de Thekla et d’autres comme l’Aigle royal et l’Aigle de Bonelli ont été victimes des éoliennes.

La mortalité réelle dépend de la
-surface réellement prospectée
-taux de détection
- la durée entre deux prospections
- la durée de persistance des cadavres
Elle est difficile et complexe à évaluer. Il existe différentes formules  pour l'évaluer mais il est évident que le nombre d’oiseaux réellement tués par les éoliennes est bien plus important que le nombre de cadavres trouvés, facteur 6 au moins.

Mesures préconisées par la LPO :
- revoir les protocoles de suivi et les harmoniser
- prendre plus en compte le passage des migrateurs nocturnes dans les projets éoliens
- préserver les espaces des rapaces diurnes plus impactés car moins nombreux
- L’étude révèle aussi que les parcs éoliens  situés très près d’une ZPS, = zone refuge pour les oiseaux,  sont ceux qui sont affectés du plus haut taux de mortalité.
La LPO souligne l’intérêt de l’existence de  ces zones et le positionnement des éoliennes par rapport à ces zones. Les futurs parcs  devront être éloignés à plus de 1000 mètres minimum des ZPS.



 

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