L’arbre des conditions extrêmes : Le Polylepis tarapacana

Publié le 14 Août 2017

paru sur Telabotanica le 3 août 2017 par Arthur SANGUE


Le Polylepis tarapacana est l’espèce principale qui compose la forêt la plus haute de la planète. Parfaitement adapté à l’altitude, il croît à plus de 4500 mètres, bien au dessus de la limite des arbres, dans les hauts sommets des Andes boliviennes, en Amérique du sud.
Forêt de Polylepis autours du volcan Sajama

Forêt de Polylepis autours du volcan Sajama

Polylepis tarapacana

Polylepis tarapacana

Dans quel milieu le retrouve-t-on ?

Le Polylepis tarapacana, de la famille des Rosaceae, est un des arbres emblématiques des écosystèmes alpins boliviens. Il forme la forêt la plus haute de la planète, perchée entre 4000 et 5000 mètres d’altitude dans le parc national du Sajama, encerclant ainsi le volcan du même nom qui culmine à 6540 mètres (rien que ça), constituant le plus haut sommet de Bolivie.

A ces altitudes, la plante subit beaucoup de contraintes, ce qui explique pourquoi peu d’espèces arrivent à croître correctement dans cet écosystème. Les radiations solaires sont particulièrement puissantes à cette altitude, il peut faire 50°C en plein soleil la journée, il gèle toutes les nuits (parfois les températures peuvent tomber à -15°C en saison sèche), il ne pleut que très rarement et uniquement en saison des pluies, enfin le sol est presque complètement minéral, contenant peu de matière matière organique pour nourrir les végétaux.

Néanmoins, plusieurs espèces sont parfaitement adaptées à ces conditions et notamment la fameuse Azorella compacta, une plante pour le moins originale en forme de coussin, dure comme la pierre et qui possède une longévité incroyable de plusieurs milliers d’années.

Azorella compacta et Polylepis tarapacana
Azorella compacta et Polylepis tarapacana

Azorella compacta et Polylepis tarapacana

Comment peut-il pousser dans ces conditions ?

On peut imaginer que de petites plantes vivaces arrivent à pousser en hautes altitudes, c’est ce qu’il se passe en Europe : globalement, les végétaux deviennent de plus en plus petits au fur et à mesure que l’on monte en altitude. C’est une adaptation efficace pour luter contre le froid l’hiver.

A l’inverse, le Polylepis tarapacana peut atteindre 6 mètres de hauteur et pousse plusieurs centaines de mètres au-dessus de la limite des arbres, qui est aux alentours de 3700 mètres en Bolivie, formant une forêt très ouverte ressemblant à la Garrigue. En effet, chaque individu étant en compétition avec les autres pour l’accès à l’eau, la densité d’arbres reste relativement faible.

Son écorce de couleur rouge translucide filtre la lumière et est disposée en plusieurs couches friables, si bien qu’il a été surnommé « l’arbre de papier ». Sa sève contient des sucres pour ne pas geler et empêcher l’éclatement des vaisseaux conducteurs, ses feuilles sont petites et duveteuses pour se protéger du soleil et du froid et enfin, il produit beaucoup de rejets au niveau de ses racines afin de se protéger du vent à la manière d’un coussin géant.

Détail fleurs, feuille, tige de Polylepis tarapacana

Détail fleurs, feuille, tige de Polylepis tarapacana

Un peu d’histoire...

Il semblerait qu’autrefois, cet arbre peuplait tout l’altiplano bolivien, un plateau d’environ 1000 km perché à 4000 mètres d’altitude allant du Lac Titicaca au Sud du Salar d’Uyuni. Néanmoins, les populations locales l’auraient beaucoup utilisé pour se chauffer ou pour effectuer des constructions diverses et variées car il représentait l’unique ressource en bois.

Aujourd’hui, on le retrouve très en altitude (5000 mètres) et dans des zones protégées faisant office de refuge face à l’homme. Moins perturbé par les hommes, il semble recoloniser doucement les écosystèmes plus bas en suivant les petits cours d’eau formés durant les rares averses de la saison des pluies. Néanmoins, son développement étant très lent et son écologie peu connu, il est difficile de connaître l’état des populations avec exactitude.

Parc national du Sajama, Bolivie

Parc national du Sajama, Bolivie

Rédigé par ANAB

Publié dans #Biodiversité hors région

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