Russule fétide et autodéfense des champigons

Publié le 19 Août 2017

Russule fétide  (Russula foetens)     photos : Gilles Weiskircher

Russule fétide (Russula foetens) photos : Gilles Weiskircher

Nom scientifique : Russula foetens(Pers.: Fr.) Fr. 1796

 
Une russule qui se reconnaît facilement avec son odeur peu agréable mais aussi sa saveur brûlante (qui rendent cette russule immangeable),
son chapeau visqueux, sa couleur assez typique qui est un mélange de brun jaune, roussâtre, sa marge du chapeau très nettement cannelée et son pied robuste mais très vite tout caverneux et maculé de taches rousses aussi bien en intérieur qu'en extérieur.


Date de l’observation:  5 juillet à Herbitzheim


Division des Basidiomycota, Famille des russulacées

 

Chair : ferme, compacte, cassante, blanchâtre, plus jaune dans le chapeau

Sporée : crème

Habitat:
mycorhiziens sous couverts aussi bien de feuillus que de résineux, en plaine comme en montagne, du mois de juin au mois d'octobre


Consommation:  toxique

 

Russule fétide  (Russula foetens)     photos : Gilles Weiskircher
Russule fétide  (Russula foetens)     photos : Gilles Weiskircher
Russule fétide  (Russula foetens)     photos : Gilles Weiskircher

Russule fétide (Russula foetens) photos : Gilles Weiskircher

On a vu dans de précédents articles comment les champignons se nourrissent et se reproduisent. Mais comment se défendent-ils face aux agresseurs ?

Ces agresseurs peuvent être d’autres champignons, des bactéries, des vers microscopiques, des insectes, etc.

Dans le sol, le bois, la lutte pour conserver son territoire, sa source de nourriture, est féroce. Il en va de la survie du mycélium.

 

Comme les plantes, les champignons ne manquent pas d’imagination pour synthétiser des molécules issues de leur métabolisme et possédant des actions antibiotiques. D’ailleurs c’est chez un champignon de type Penicillium que Fleming (1881-1955) a mis en évidence l’activité bactéricide de la pénicilline. La découverte de la pénicilline a permis de sauver des millions de vie et en sauve encore.

Les champignons saprophytes sont capables de synthétiser des substances actives inhibant la croissance de leurs compétiteurs. Ces deux stratégies permettent au mycélium d’éliminer la concurrence sur son territoire, plutôt dans son garde-manger.

 

Certains sont même capables d’enrouler leur mycélium autour de leur agresseur, des vers microscopiques, s’introduire en lui et injecter des enzymes qui le digèrent.

Il existe également des champignons nématophages dont le mycélium excrète une « glu » pour piéger des vers microscopiques et les digérer ensuite.

Il existe en effet des champignons prédateurs carnivores. Un champignon bien connu des gastronomes pour son goût fruité, le pleurote en forme d'huître (Pleurotus ostreatus) est un consommateur de nématodes. Il fait partie des quelque 150 champignons considérés comme carnivores.

 

Les relations avec les insectes sont plus complexes. En effet certains insectes sont friands de champignons et cette manne nutritive permet également au champignon de disséminer ses spores. L’occasion de rappeler encore une fois qu’un champignon appétissant pour un insecte ou n’importe quel animal ne signifie pas qu’un être humain peut le consommer.


 

L’homme a su tirer à son profit ces stratégies de défense puisque certains champignons sont utilisés pour protéger les cultures ornementales ou maraîchères des méfaits des nématodes. Mais pas que l’homme. Le règne végétal, que ce soit par l’intermédiaire des mycorhizes ou des champignons endophytes, tire profit de l’arsenal défensif des champignons pour sa protection. Un échange de bons procédés dans cette coopération.

 

Je ne pouvais conclure cet article sans évoquer aussi un autre danger pour les champignons, certainement le plus dangereux, l’homme lui même, de part ses activités. Il a été démontré que ce n’est pas la cueillette qui met en danger le mycélium mais surtout le piétinement et le travail irraisonnée du sol. L’Alsace dispose déjà d’une liste rouge des champignons menacés et une liste à l’échelle nationale est en cours de rédaction. Des outils existent et d’autres sont encore en chantier pour disposer d’indicateurs dits bio fonctionnels et permettre au gestionnaire de tirer des conclusions sur le milieu en fonction de la biodiversité fongique présente.

Le grand public est – malheureusement -  habitué aux notions de « menaces » et par suite de « protections nécessaires » pour les plantes et d’animaux menacés. C’est valable bien sûr pour les champignons.

Vu les services rendus par les champignons aux écosystèmes, si la diversité fongique du sol est altérée ce sont  aussi les espèces animales et végétales qui sont menacées.

 


Source : http://champyves.pagesperso-orange.fr/champignons/fichier_htm/lactaire_russule/russula_foetens.htm



Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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