Les étudiants des grandes écoles appellent au "réveil écologique

Publié le 19 Octobre 2018

Les étudiants des grandes écoles appellent au "réveil écologique
Les étudiants des grandes écoles appellent au "réveil écologique

article paru le 9/10/2018 sur Les échos

6500  et au 17 octobre, 16000   étudiants ont déjà signé le manifeste pour un réveil écologique. La communauté étudiante veut montrer qu’elle est plus que jamais prête à agir.

Le mouvement a été lancé par les plus grandes écoles d'ingénieurs Polytechnique (575 élèves de cette école l'ont déjà signé), ENS Ulm, Agrotech, HEC, Centrale, Supelec, 

Bayer, Sanofi ou Total peuvent me faire une très bonne proposition d’embauche, ça ne sera pas possible”. Etudiant en 3ème année à AgroParisTech, Thomas a signé et même contribué au manifeste pour un réveil écologique, mis en ligne le 26 septembre dernier. Pour lui, c’est un impératif : sa future entreprise doit être en phase avec ses valeurs de progrès et de protection de l’environnement.

A l’origine du projet, des étudiants de Polytechnique, l’ENS, HEC et AgroParisTech ont voulu mobiliser les étudiants face à l’urgence climatique. Ces derniers ont répondu présents et le manifeste rencontre un certain succès. Plus de 6.500 étudiants ont apporté leur signature au moment de la rédaction de cet article.

 

 

 

L’objectif est de créer un sursaut général, tels qu’ont pu le faire hier les experts du Giec (le groupe d'experts mandaté par les Nations unies pour évaluer l'ampleur du réchauffement et son impact) ou Nicolas Hulot le mois dernier au moment de sa démission du gouvernement. La nouveauté de cette initiative réside dans le fait que ce sont des étudiants des plus grandes écoles françaises, figures du pouvoir politique, économique et culturel de demain, qui portent le projet.

“Les offres d’emplois ne sont pas adaptées”

A 20 ans, Louise est signataire du manifeste. Pour cette étudiante en Master 1 à Sciences Po Bordeaux en coopération internationale et développement, le choix de son employeur sera tout aussi primordial et elle le sélectionnera en fonction des engagements et des actes. Même son de cloche pour Romain étudiant en deuxième année à l’école Centrale Nantes qui a été séduit par la dimension “engagement professionnel” du manifeste.

Au début du document, les auteurs du manifeste égrènent les chiffres montrant la catastrophe écologique à venir et finissent par interpeller : “A quoi cela rime-t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ?” et puis d’ajouter : “Nous, futurs travailleurs, sommes prêts à questionner notre zone de confort pour que la société change profondément.”

Une nouvelle génération encline à agir, mais que lui manque-t-il pour s’engager ? “Le problème est qu’il n’y a pas assez d’offres d’emploi dans l’environnement !”, martèle Romain. Pour lui, les entreprises ne savent pas que les jeunes sont prêts à sauter le pas. “Ce manifeste vise à leur dire que oui, nous sommes prêts !”

Responsabilité plutôt que greenwashing

A l’heure où Romain se penche sur le marché de l’emploi et prépare sa future vie professionnelle, il ne voit aucune grande entreprise réellement exemplaire dans le domaine. “Il y a beaucoup de greenwashing. On ne peut pas vraiment savoir si elles font ce qu’elles promettent”. Cet étudiant spécialisé en recyclage des déchets a préféré faire ses stages dans des startups, là où il est plus à même de juger l’authenticité de l’engagement.

Malgré l’urgence, ce jeune ingénieur sait que toutes les entreprises ne peuvent pas devenir des acteurs dans le secteur de l’environnement. Selon lui, l’important est que la préoccupation environnementale soit au coeur de la stratégie d’entreprise. Une approche qui est partagée par Ibrahim, vice président du bureau national des élèves ingénieurs, qui a relayé le manifeste auprès de son association.

“Ce qui m’importe, c’est la valeur de responsabilité”, affirme Ibrahim. Cet étudiant en double diplôme à Polytechnique et à l’Essec, insiste sur le fait que sa future entreprise doit avoir clairement conscience de son impact environnemental, au-delà “de sa politique RSE qui correspond souvent au minimum syndical, et presque toujours utilisé en outil marketing”.

Les écoles à la ramasse

Engagement sincère ou greenwashing ? En tous cas, les entreprises sont en train de passer à côté d’une partie des étudiants les plus brillants. Hélas, elles ne sont pas les seules dans ce cas. Les grandes écoles peinent elles aussi à opérer ce changement de mentalité. Il existe bien un label DDRS, développement durable des établissements d’enseignement supérieur, délivré par la Conférence des grands écoles (CGE) mais il ne permet pas de montrer le retard dans la prise de conscience.

Romain témoigne qu’à Central Nantes, malgré les cours de RSE et une commission du développement durable, le compte n’y est pas. “Ça ne répond pas aux enjeux actuels”, s’agace-t-il. “Par exemple, nous avons eu aucune présentation d’entreprises qui proposent des jobs en lien avec l’environnement”.

Tous les étudiants interrogés comptent sur ce manifeste pour faire bouger les lignes, y compris à la tête de leur école. Romain en attend beaucoup. “Avec plus de 300 signataires à Polytechnique, 400 à AgroParisTech, les étudiants pourront aller taper à la porte des directions d’école et exiger de réfléchir à une nouvelle place à donner à l’environnement dans les cursus”.

Par Florent Vair

Rédigé par ANAB

Publié dans #Changement climatique

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J
Super initiative, ce n’est que comme cela que l’on pourra contraindre les décideurs de tous bords à devenir sérieux sur ce problème majeur.<br /> Nous vivons dans un monde en équilibre fragile et pour lequel les règles établies par l’homme, l’argent en particulier, reposent sur du virtuel, favorisant une petite fraction de l’humanité seulement.<br /> Il faudra bien un jour ou l’autre prendre en compte ce problème des revenus car faire travailler des robots en excluant l’humain de la société n’est pas tenable longtemps.…et les robots tiennent une place de plus en plus grande! <br /> <br /> Boycotter les entreprises « sales » sera le seul moyen de les faire évoluer.
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R
Merci Jpl de cette philosophie généreuse et humaine. Oui, faisons comme ces jeunes, boycottons les entreprises qui ne respectent pas l'environnement et d'autres valeurs élémentaires, comme le trafic avec les paradis fiscaux, le respect des employés et des clients...la liste est loin d'être complète.<br /> Souvent une amende salée leur fait retrouver un peu d'éthique mais la législation est souvent en retard avec les fraudeurs comme avec l'affaire de cette semaine des Cum ex files.
P
C'est beau toutes ces prises de conscience. Est ce qu'elles résisteront à la nécessité de gagner sa croûte, s'installer dans la vie, joindre les deux bouts? Espérons le !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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R
Philos, tu arrives à être content de ces prises de conscience pour tout de suite en douter! <br /> Justement , ce qui change, c'est que tous ces jeunes ne pensent pas qu'à leur portefeuille. Bravo à eux.
K
Intéressant,<br /> Merci Roland de nous faire partager cet article.
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R
Ce qui me réjouit, Karin, c'est qu'il s'agit de l'élite de notre jeunesse