Le roi des pics : le Pic noir (Dryocopus martius)

Publié le 27 Février 2019

Pic noir (Dryocopus martius)  Photos Claudie Stenger
Pic noir (Dryocopus martius)  Photos Claudie Stenger

Pic noir (Dryocopus martius) Photos Claudie Stenger

Nom scientifique : Dryocopus martius (Linné, 1758)

Origine du  nom : Dryocopus
vient du grec « druos",  qui signifie   « arbre » et de  « kopos », qui signifier « marteler, taper »
et « 
martius», qui signifie peut-être  « mars» « ou « martial » pour indiquer le début de la  période de tambourinage  ou le fait que ce soit un grand pic


Nom allemand : Schwartzspecht

Nom anglais : Black woodpecker

Observation: le 2 mars   à Sarre-Union


Classification et famille: celle des Picidés qui sont des oiseaux de taille modeste, 8 à 60 cm de long. Elle comprend   234 espèces qui habitent surtout les forêts et dont les plus connus sont chez nous sont le Pic vert, Pic épeiche autres pics et les torcols.
Particularité : ils tambourinent les troncs  pour marquer leur territoire et attirer les femelles pendant la période prénuptiale.
Leur langue est longue et visqueuse et leur bec droit et apte au creusement du bois pour y creuser une cavité et  capturer des insectes.


Dimensions et poids : c’est le plus grand des pics européens, c’est l’ingénieur de la forêt : il « construit » pour les autres en creusant des cavités de 40 à 50 cm de profondeur.
Le pic lui mesure 45 à 55 cm pour 65 à 85 cm d’envergure. Poids de  200 à 400 g environ.


Longévité : 10  ans

Description : c’est un oiseau très noir avec une tache rouge vif sur le front e t la nuque pour le mâle et sur la nuque seulement pour la femelle.
Le bec est droit et blanc et très long , de 5 à 7cm, et les pattes grises.
Certains individus peuvent être brunâtres.


Chant :  

Schémas expliquant adaptations de la langue et des pattes du Pic noir
Schémas expliquant adaptations de la langue et des pattes du Pic noir

Schémas expliquant adaptations de la langue et des pattes du Pic noir

C’est un oiseau qui émet des cris comme « iui iuu iuuu» plaintif et sonore ou kroukrou  en vol. Les coups de bec résonnent fortement dans la forêt quand il tambourine les arbres. Il est possible qu’il choisisse les arbres ont fonction de leur sonorité. Ce son de 1.5 à 2.5  secondes se poursuit 35 à 44 fois et est audible à plus d’un kilomètre !
Un système particulièrement sophistiqué de muscles puissants qui retiennent les yeux  pendant le choc sur le bois. Ils ont aussi  une langue exceptionnellement  longue qui s’insère sur tout le pourtour du crâne pour une meilleur amorti.
Il évite ainsi que poussés par la force centrifuge ses yeux sortent des orbites !
Comme les autres pics tambourineurs il a des pattes  courtes qui le rapproche du tronc munies de  griffes acérées pour mieux s’y agripper et d’un orteil pivotant.
 Ajoutez à cela que les pics dont celui-ci possèdent une queue rigide grâce à de solides plumes de queue . Elles lui permettent d’avoir un bon point d’appui quand ils frappent avec le bec ou s’ils veulent  s’accrocher aux branches.



Vol puissant et régulier au contraire des corneilles qui lui ressemblent et rectiligne alors que  d’autres pics ont un vol ondulé.


Habitat: présent  dans les forêts matures de  plus de 120 ans comportant charmes, hêtres et autres feuillus mais aussi de résineux. Il a besoin d’arbres morts ou vieillissants pour y trouver les insectes de son régime alimentaire.
Ceci explique que les forestiers respectent ce besoin de mieux en mieux,  en laissant en forêt un ou deux arbres morts par hectare en forêt. A noter que les forestiers les nomment « arbres bio » pour la petite histoire, les autres arbres ne sortent bien sûr pas d’une usine à arbres…




Nourriture :   régime insectivore. Grâce à sa langue gluante et visqueuse, recouverte de poils à l’extrémité il peut extraire les larves au fond de cavités profondes ou sur une fourmilière.
Ces ressources de nourriture au fond de cavités ou dans le bois ne sont pas accessibles aux autres oiseaux.
C’est le seul oiseau capable de détacher des gros copeaux d’une souche de pin ou de soulever l’écorce d’un chêne dépérissant.
Il se nourrit de fourmis recherchées dans les arbres abîmés  ou parasités par des champignons et de petits coléoptères, ces insectes de type coccinelles ou scarabées et cérambycidés vivants dans le bois mort comme les capricornes et longicornes.
A noter que s’il fait de gros trous dans les arbres c’est qu’en général ils sont déjà attaqués par un champignon lui-même recherché par les fourmis. Il ne fait donc que signaler un arbre malade en forant les troncs.
Il complète ce régime avec de petits escargots mais aussi des fruits comme les myrtilles ou des bourgeons.
Il a été dénombré 115 espèces d’insectes dans son alimentation en particulier


Comportement :

Le Pic noir est un oiseau de jour  solitaire ou en couple, monogame dont le domaine vital est d’environ 200 à 500 hectares mais qui peut aller jusqu’à 3000 hectares selon la richesse ou plutôt pauvreté en insectes..
Pour s’accoupler le mâle attire la femelle par des cris et tambourinages sur les arbres. Après un vol en couple et une parade le  mâle conduit la femelle vers un arbre choisi pour le creusement de la cavité.



 


Nidification : Le couple cherche après l’accouplement, à creuser un nid dans un arbre sain plutôt un hêtre, en hauteur (5 à 12 mètres). Il peut aussi choisir un arbre fragilisé par une maladie au  cœur de l’arbre. La cavité d’une ouverture rectangulaire de 5 cm  par 10  15cm en hauteur,  mesure plus de 50 cm de profondeur en fin de creusement.
Michel Cuisin qui a longuement étudié cet oiseau dit qu’il peut creuser  en 6 semaines un trou de 20cm de diamètre et 30 cm de profondeur dans un arbre sain.


Le processus de creusement du nid est souvent le suivant :
-attaque d’un arbre sain sur une petite surface et profondeur. Le bois à  nu de l’’arbre soumis aux intempéries va être humidifié et permettre l’intrusion de champignons xylophages.
Le pic va revenir détacher le bois ramolli par cette attaque plusieurs fois de suite pour économiser son énergie.
Quand il aura la taille suffisante il va pouvoir l’occuper pour nidifier, se reposer ou pour changer de site de nourrissage. A chaque fois il devra rafraîchir la cavité et la débarrasser du bois et copeaux humides qui la tapissent et
la rendent impropre à la nidification
Quand la cavité est trop profonde les petits pics ne peuvent plus s’extraire du trou. Le Pic noir doit  en creuser une autre avant que cela n’arrive. Il  l’abandonner ainsi à d’autres locataires..

Ces cavités sont hautement recherchées par d’autres oiseaux incapables de forer le bois : le pigeon colombin, de petites chouettes, des mésanges, les sittèles, mais aussi des rongeurs et insectes vivants en essaims comme les abeilles et les guêpes.
 
Un arbre attaqué peut survivre plusieurs dizaines d’années voir 100 ans.


La femelle Pic noir pond, d’avril à juin,  3 à 4 œufs de 2cm, de couleur blanc brillant, qu’elle couve pendant 12  jours.
 Les jeunes peuvent voler après 2  semaines et sont autonomes après un mois. Ils sont nourris d’abord d’insectes, chenilles puis graines broyées et régurgités.

Protection et prédateurs :  oiseau protégé par la loi. Il l’un des rares en expansion en raison sans doute du changement de gestion  des forestiers vis-à-vis des bois  morts en forêt qui sont mieux préservés qu’autrefois et laissés debout. Jusqu’en 1955 il ne nichait  qu’en montagne.
Un des dangers qui perdurent est la prédation des jeunes et des œufs par des carnivores acrobates comme la martre des pins. et aussi le grand corbeau.

 
Article illustré (sauf mentions)  par notre talentueux collègue photographe naturaliste, Claudie Stenger. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)



Texte  Roland Gissinger (Anab) synthèse de sites internet et livres


Bibliographie :  

http://www.oiseaux.net/oiseaux/pic.noir.html
https://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Pic-noir.pdf

Der Schwarzspecht
https://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i84cuisin.pdf

 Ecologie et biologie du Pic de Levaillant mémoire de magister.

Nourrissage de jeunes Pics noirs- (Dryocopus martius) Photos Claudie Stenger
Nourrissage de jeunes Pics noirs- (Dryocopus martius) Photos Claudie Stenger
Nourrissage de jeunes Pics noirs- (Dryocopus martius) Photos Claudie Stenger

Nourrissage de jeunes Pics noirs- (Dryocopus martius) Photos Claudie Stenger

Cavités et copeaux typiques du Pic noir (Dryocopus martius)  dans les Vosges du Nord
Cavités et copeaux typiques du Pic noir (Dryocopus martius)  dans les Vosges du Nord
Cavités et copeaux typiques du Pic noir (Dryocopus martius)  dans les Vosges du Nord
Cavités et copeaux typiques du Pic noir (Dryocopus martius)  dans les Vosges du Nord

Cavités et copeaux typiques du Pic noir (Dryocopus martius) dans les Vosges du Nord

Cri du Pic noir

Rédigé par ANAB

Publié dans #Oiseaux

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S
Merci, commentaire très enrichissant et superbes clichés, bravo...
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R
Merci Stef de ce commentaire et à bientôt