Lichens et champignons en interactions épisode 17/17 Repenser le vivant( et Caldonia fimbriata)
Publié le 9 Mars 2019
Nom scientifique : Cladonia fimbriata (L.) Fr.
Date de l’observation: 10 août 2018 à Zetting
Classification : Division des Ascomycota, famille des Cladoniaceae
Description : Un lichen très commun sur les sols ± acides parmi les mousses, parfois sur bois en décomposition. Ses podétions (petites tiges qui portent les coupes) sont entièrement couverts de soralies farineuses, gris verdâtre, en forme de fine trompette brusquement dilatées au sommet en une coupe aplatie.
Soralies : les soralies sont des "trous" dans le cortex. Au niveau de chaque soralie, le cortex est interrompu et laisse échapper des sorédies (petits amas d'algues et de champignons). Les sorédies se détachent très facilement sous l'effet du vent, de la pluie ou par frottement, contribuant ainsi à la dissémination du lichen (reproduction végétative ou asexuée). De manière générale, les soralies ressemblent à de taches farineuses ou à des amas poussiéreux. (tiré de http://notesdeterrain.over-blog.com/2017/02/lexique-special-lichen.html#soralie)
Nous sommes arrivés au bout de notre voyage qui a nous permis d’entrevoir de nombreuses interactions réalisées par les champignons avec leur environnement. De l’intimité des racines aux oiseaux, insectes, bactéries, virus, les champignons sont partout et depuis fort longtemps, avant que le vivant ne colonise la surface terrestre.
Il y a encore 130 ans, la science pensait que le mode relationnel privilégié dans le vivant était la compétition.
Depuis 50 ans à peine, elle observe et reconnaît que la coopération entre les espèces est également un mécanisme essentiel de l’évolution.
Modéliser cette coopération, la comprendre, sera parmi les défis de la biologie de demain. La biologie des systèmes est une des disciplines qui concourent à cette compréhension. La biologie des systèmes (ou biologie systémique, ou biologie intégrative) est un domaine récent de la biologie qui étudie les organismes vivants comme des systèmes complexes qu'ils sont en réalité, par opposition aux approches historiques qui tendent à décomposer l'étude à tous les niveaux, en biologie, physiologie, biochimie…
La biologie systémique cherche à intégrer différents niveaux d'informations pour comprendre comment fonctionne réellement un système biologique. En étudiant les relations et les interactions entre différentes parties du système biologique (organites, cellules, systèmes physiologiques, réseaux de gènes et de protéines permettant la communication des cellules), le chercheur tente de former un modèle de fonctionnement de la totalité du système.
Ainsi cette intégration se réalise à toutes les échelles du vivant, de la cellule à l’écosystème en passant par l’individu, jusqu’à des échelles en dessous comme le niveau moléculaire.
À ce titre, je vous recommande la lecture de l’excellent ouvrage d’ Eric Bapteste « tous entrelaçés » Nous autres, les eucaryotes – faits de cellules dotées de noyaux –, sommes des chimères, rappelle Eric Bapteste : nos cellules sont elles-mêmes le résultat d’un emboîtement de cellules, dont les patrimoines génétiques se sont mêlés. De plus, nous sommes ensemencés avant même la naissance par des microbes qui sont autant de partenaires vitaux : ce collectif porte le nom d’holobionte. On voyait ces microbes comme des ennemis, parfois mortels, on les découvre bâtisseurs de notre immunité, de nos comportements. Les responsables sont ainsi collectifs et tout n’est que réseaux et interactions. Nous sommes donc composites et le résultat d’entrelacements de différents types d’organismes travaillant en interdépendance. C’est ce que ces deux séries consacrées aux lichens et champignons nous ont montrés.
C’est toute l’odyssée du vivant qu’on peut re-penser, tissée de réseaux ou tout s’entre-mêle sans cesse, où le mutualisme et la coopération semblent des moteurs essentiels du vivant.
L’importance de la coopération dans l’histoire du vivant est une leçon à assimiler pour le fonctionnement de nos sociétés mais aussi à respecter davantage cet environnement dont on fait partie et sans lequel on n’est plus rien.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)
Sources:
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/04/04/les-entrelacs-du-vivant_5280623_1650684.html
https://www.afl-lichenologie.fr/Photos_AFL/Photos_AFL_C/Cladonia_fimbriata.htmhttps://www.afl-lichenologie.fr/Photos_AFL/Photos_AFL_C/Cladonia_fimbriata.htm
Si vous avez aimé cet article retrouvez la suite ou un précédent article de cette "saga" de Gilles sur Lichens et champignons en interaction en cliquant sur le titre.