Mélampyre des champs, Blé noir (Melampyrum arvense)
Publié le 1 Juillet 2020
Ce Mélampyre est flamboyant à côté des discrets mélampyres des champs et des forêts
Roland
Nom scientifique : Melampyrum arvense L., 1753
Origine du nom : du grec « melas », noir et « pyrum » ; le blé, allusion à la couleur des graines noires ou au changement de couleur de la plante en déssèchant et du latin « arvense», le pré.
Le nom commun "blé noir", n'a rien à voir avec le sarrasin mais avec la pratique de coloration du pain que l'on faisait avec les graines de ce mélampyre. A noter que le sarrasin lui-même n'est pas une céréale ni une variété de blé mais une polygonacée!!
Nom commun dialecte / allemand : Acker Wachtelweisen
Noms anglais : Field Cow-Wheat,
Date de l’observation: le 25 juin à Hohengoeft
Famille de plantes : elle appartient à celle des Orobanchacées. ou Orobanchaceae )
C’est une famille recomposée suite aux études des ADN. La génétique est passée par là pour refaire le classement.
Des plantes plus connues comme les rhinanthes, les euphraises, les pédiculaires, les odontites, sont venues rejoindre les orobanches dans cette famille.
Elle compte à présent 2000 espèces réparties en 90 genres (le genre c’est le premier nom latin)
Caractéristiques communes des orobanchacées :
Leur particularité est d’être des plantes parasites de plantes herbacées ou arbres par leurs racines. Pour quelques espèces les cultures alimentaires peuvent être menacées. C’est le cas en centre Europe avec Orobanche ramosa qui parasite les solanacées (pomme de terre, aubergine, tomate) mais aussi les choux et le céleri. Souvent les orobanches sont spécifiques d’une espèce comme l’Orobanche de la sauge qui ne parasite que la sauge. Leurs feuilles sont réduites à des écailles le long de la tige, simples et alternes.
La corolle est à deux lèvres et ressemble à celle de la famille des labiées dont les orobanches sont proches génétiquement..
La plupart des Orobanchacées ne sont plus capables de réaliser la photosynthèse, les espèces dites holoparasites sont donc entièrement dépendantes de la présence des plantes hôtes qu’elles parasitent souvent par l’intermédiaire des filaments mycorhiziens d’un champignon.
Certaines comme les rhinanthes, les euphraises, les odondites sont partiellement chlorophylliennes et sont qualifiées d’«hemiparasites».
Les orobanches sont nombreuses dans notre flore. Leur couleur varie du brun au jaune étant donné l’absence de chlorophylle. Leur détermination est difficile car les critères des flores ne sont pas toujours visibles. Repérer la plante hôte, située à proximité, est un bon moyen de l’identifier ou de confirmer l’identification de ces plantes.
Catégorie: Plante annuelle, hémiparasite.
Ce Mélampyre des champs, parasite les racines des graminées des champs mais aussi les fabacées. Il y prélève des nutriments nécessaires à la floraison. Sans plante parasitée il ne peut fleurir !!
Hauteur: 15 à 50 cm
Tiges et racines: tige quadrangulaire souvent rameuse dans le haut, à inflorescence de couleur bigarrée de rouges jaunes et verts. Plante pubescente
Feuilles: sont lancéolées ou en ellipse de 5 à 20cm de long pour 1 à 3cm de large. Elles sont étroitement lancéolées à la base et sessiles, dentées et laniérées vers le haut.
Floraison: de mai à août
Couleur des fleurs: vives, rouges et jaunes pour la corole formée de pétales soudés en 2 lèvres presque fermées de 20 à 25 mm comme les lamiacées. La gorge est jaune et abrite 4 étamines et le pistil. Les fleurs sont entourées d’un calice à 4 dents et disposées en épi à 2 faces. Il y en 4 chez « son cousin » Melampyrum cristatum très rare. Certains plants sont dépourvus de coloration rouge (photo). Les fleurs sont entourées de feuilles spéciales dénommées bractées très découpées de couleur pourpre ponctuées de noir au sommet, vertes vers la base.
La plante est pollinisée par les bourdons attirés par les glandes à nectar sous les bractées et qui attirent aussi les fourmis.
Confusion : il existe deux autres mélampyres colorés. Celui –ci est beaucoup moins rare, difficile à confondre sauf avec son nom. Quel est le botaniste espiègle qui a donné deux noms aussi proches à deux plantes voisines?
Il existe un Mélampyre des champs et un Mélampyre des prés. Cet autre Mélampyre des prés se trouve dans différents endroits, forêt, lisières, marais, mais pas dans les prés ! Pas étonnant que tout le monde se mélange les pinceaux moi y compris.
Fruits : les fruits sont des capsules de 8 à 10 mm contenant deux graines. La propagation des graines se fait par les fourmis (myrmécochorie)- grâce à la présence d’un petit appendice –récompense attaché à chaque graine ou élaïosome.
Habitat: aime les endroits calcaires, chauds et ensoleillés comme les prés secs, bas côtés des chemins, buissons
Protection : cette plante encore présente chez nous est tout de même menacée un peu partout par la disparition rapide des friches et le fauchage trop précoce et fréquent des accotements de routes.
Pour cette raison elle est classée en danger (EN) en Aquitaine, Limousin, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, et classée Znieff en Bretagne, Haute Normandie, Poitou Charentes. Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation.
Utilisation ornementale: avec ses couleurs criardes, cette plante est spectaculaire mais grâce à sa fonction de parasite elle limite le développement des graminées-poacées. Elle est utilisée dans certaines prairies ou jardin de conservation pour restaurer la biodiversité, diversifier la flore ce qui est plus facile quand les graminées sont restreintes. Elle améliore aussi l’entomofaune par sa richesse en pollen et nectar.
Utilisation alimentaire : les graines, toxiques, étaient utilisées autre fois pour colorer le pain. Drôle d’idée vraiment.
Utilisation médicinale et toxicité :
Les graines sont toxiques car elles contiennent de l’aucubine et du mélampyroside. L’aucubine est toxique pour les herbivores mais aussi pour les souris et les rats. Il est présent chez les plantains. Il possède des propriétés antibiotiques contre les bactéries et les parasites protozoaires tels que les redoutés Trypanosome et Leishmania responsables de maladies tropicales sévères. L’activité est modérée en comparaison à d’autres produits chimiques mais leur toxicité vis-à-vis des cellules de mammifères est très faible.
L’extrait de graines (toxique) était utilisé pour désinfecter les peaux infectées, les pieds infectés de bovins, les hépatites.
Comme toujours l’usage des plantes est peu documenté et il faudra consulter un médecin avant toute utilisation et éviter ainsi des effets indésirables simples ou croisés avec l’usage de médicaments.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Antiprotozoal activity of Melampyruma rvense and its metabolites juin 2011
Antimicrobial activity of Melampyrym arvense and others sep 2012