Couleur coquelicot
Publié le 5 Janvier 2020
Commençons l’année en couleur avec le coquelicot connu de tous, petits et grands. Il doit sa notoriété à sa couleur pétaradante unique, le rouge écarlate. Il a aussi un côté bio puisque l’on ne le retrouve que dans les champs et espaces sans pesticides.
Ainsi est né aussi le mouvement « nous voulons des coquelicots » lequel a pris beaucoup d’ampleur ces derniers temps. Vous pouvez ajoutez votre nom à la pétition origine du mouvement. Elle a déjà recueilli presqu’un million de signatures !
Roland
Nom scientifique : Papaver rhoeas L., 1753
Allemand/ dialecte: Klapperrose ou Klatsch Mohn (=Pavot éclatant)
Anglais : poppy
Origine du nom : dérive du latin «papaver », qui désignait certains pavots, ou bien d’une racine indoeuropéenne « papa » signifiant « bouillie car cette plante pouvait être consommée en bouillie, et du grec latin « rhoias » , qui désignait la grenade dont le jus est très rouge comme les pétales du coquelicot.
Date et lieu de l’observation : le 25 mai à Hambach (Moselle)
Famille de plantes : celle de la Chélidoine, du Pavot, (Papavéracées) qui comprend 760 espèces dans l’hémisphère Nord. A noter que celles de l’Amérique sont assez différentes de celles de l’ancien continent car l’évolution s’est poursuivie de manière indépendante pendant des millions d’années après la séparation des Amériques du supercontinent initial ; la Pangée.
Suite aux études génétiques, cette famille comprend à présent les anciennes espèces de fumariacées comme les corydales et les fumeterres ;
Caractères communs des Papavéracées :
Ils apparaissent de manière plus évidente si’l’on sait que ces plantes dérivent de plantes plus primitives , les renonculacées.
Ces plantes sont de type herbes et possèdent un appareil sécréteur de latex peu fréquent. Le latex est contenu dans des cellules spéciales, les laticifères est composé d’une émulsion de polyterpènes riche en alcaloïdes généralement toxiques.
Les feuilles sont très découpées et souvent glauques car recouvertes d’une cire.
l’appareil reproducteur est de type dimère (symétrie 2) et non axial. Cet aspect est visible si on remarque la présence des deux sépales chez les coquelicots et non 4. C’est encore plus visible chez les corydales et les fumeterres ;
Les pétales apparaissent souvent chiffonnés avant leur déploiement. Les étamines sont nombreuses de même que les carpelles. Ces derniers sont en nombre réduits chez les espèces les plus évoluées.
Catégorie : Plante annuelle, velue à latex typique de la famille des Papaveracées. Ici le latex est blanc
Port : plante dressée et rameuse
Hauteur : : 20 à 70 cm
Tige: tige cylindrique, rameuse ou non, dressée, à poils mous assez denses
Feuilles: feuilles très divisées, en petits segments, pointus, lancéolés. Les feuilles sont découpées deux fois jusqu’à la nervure centrale (bi pennatipartites).
Feuilles vertes sur le dessus, glauques sur le dessous
- Floraison : mai à juillet
Couleur des fleurs: rouge vif de 4 à 9 cm de diamètre souvent tachés de noir à la base. Les 4 pétales sont recouvrants et protégés par deux sépales en coupe avant leur éclosion. Ils tombent rapidement, ils sont caducs. Les styles et stigmates, parties femelles de la fleur sont soudés en un « plateau stigmatique » de 8 à 18 rayons et une partie basse à cloisons incomplètes pourvues de très nombreux ovules.
Les organes mâles, les étamines, sont nombreuses et leurs extrémités, les anthères apparaissent comme noires ou bleu très foncé. Les pédoncules floraux sont longs, à poils étalés.
Fruits : les fruits sont des capsules glabres, ovoïdes ou oblongues de 1 à 2 cm, divisées par des cloisons rayonnantes. A maturité de petits trous ou pores s’ouvrent sous le chapeau de la capsule par où vont s’échapper les petites graines noires du coquelicot.
Les graines de moins d’un demi-millimètre de diamètre sont ridées en surface. Chaque plant peut produire 30 à 50 000 graines qui peuvent survivre plus de 60 ans dans le sol. Ceci explique son essaimage rapide après retournement des terres car en plus du nombre les graines sont légères et emportées par le vent et les petits animaux.
Habitat : aime les terres nues et fraichement retournées, les champs sans pesticides, les moissons (c’est pourquoi le coquelicot est dite messicole) , les chemins et lieux de décombres des vallées et plaines
Confusions possibles:
avec d’autres coquelicots qui se distinguent par des pétales différents, séparés les uns des autres, une pilosité différente de la capsule et tiges.
par exemple, le Coquelicot douteux , Papaver dubium possède des pétales non recouvrants, des étamines jaunes et les poils de ses pédoncules floraux sont appliqués.
Le Pavot possède des pétales nettement plus grands et la taille générale de la plante est grande.
Usage alimentaire: toute la plante sauf les tiges avec latex est utilisée ;
Les feuilles sont consommées jeunes en salades ou pour aromatiser les soupes et légumes Les boutons floraux sont conservés dans du vinaigre et consommés comme les câpres et crus rappellent la noisette. Les pétales servent de décor aux plats et sont consommés.
Dans la pays de Nemours, il existe toute une gamme de produits surtout sucrés ou non à base de coquelicots :
sirop de coquelicot, liqueur, vinaigre, limonade, sucettes nougats ou confits le tout au coquelicot de Nemours.
Les graines de coquelicots sont utilisées en pâtisserie et boulangerie pour donner de succulents produits aromatisés comme le sont, plus souvent, les pains et viennoiseries au pavot.
Présence dans les cultures :
les coquelicots ne sont pas les bienvenus dans les cultures de céréales traditionnelles. Il est considéré comme une mauvaise herbe à éliminer.
Pourtant il a été prouvé qu’il affecte peu les rendements des céréales plantés au printemps. Ce n’est pas le cas pour celles plantées en hiver. Il est aussi accusé d’être un réservoir sain de différents virus nuisibles à certaines cultures betteraves en particulier.
Légendes et symboles :
Le coquelicot contient dans son latex des alcaloïdes toxiques qui lui donnent un petit effet apaisant. En effet il appartient à la famille du fameux pavot, Papaver somniferum, dont on extrait l’opium, et son composant principal la morphine. Le coquelicot était connu et vénéré comme emblème de paix et sérénité dès l’antiquité. Les égyptiens en répandaient des pétales autour des tombes pour assurer à leurs morts un repos éternel apaisé.
Cette plante est aussi symbole du souvenir pour les anciens combattants dans plusieurs pays du Commonwealth comme le bleuet chez nous en France. Ceci provient du fait que de nombreux observateurs avaient remarqué l’intensité des floraisons des coquelicots sur les champs de bataille. Il était lié au retournement de la terre par les combats et qui est favorable à la germination des graines de coquelicot.
Cette plante fait partie de la mythologie grecque où elle est associée à la déesse Démether, déesse de la fécondité et mère nourricière. Elle gouverne les cycles de la nature. Sa fille Perséphone, souvent représentée avec des coquelicots, fut enlevée et épousée par Hadès, le dieu des Enfers quand elle était en train d e cueillir ces fleurs. Sa mère contraint Zeus à demander à Hadès de libérer son épouse 6 mois de l’année, au printemps et en automne. Les autres six mois elle continua à les passer auprès de son époux dans les Enfers !
Usage médicinal : texte ci dessous issu de phytowiki
Glycosides anthocyaniques (anthocyanosides), avec la cyanidine comme aglycone (pigments)
Alcaloïdes isoquinoléiques (jusqu’à 0,12 %) dont la moitié est constituée par la rhoeadine, l’isorhoeadine et la rhoeagénine, avec des alcaloïdes mineurs : - Mucilages
- Flavonoïdes et acides phénoliques :
Propriétés :
Sédatif- Des dérivés voisins de la rhoeadine sont dopaminergiques et neuroleptiques
- Fait partie des espèces pectorales
- La couleur de son infusion devient rouge foncé avec quelques gouttes de jus de citron
- La rhoeadine isolée peut être spasmogène et stimuler la respiration chez le lapin
- Sirops antitussifs pédiatriques et contre l’enrouement
- Troubles du sommeil de l’enfant
- Anxiété, nervosité, émotivité
- Insomnies
- Palpitations cardiaques
- Toux irritatives
Photos : Jean Claude Weissend (Anab) sauf mention
Texte, bibliographie Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Les familles de plantes de F.Dupont et J.L. Guignard-éditeur Elsevier Masson