Voici la plus ancienne plante à fleurs du monde
Publié le 3 Septembre 2015
Les hommes ont leur Lucy, les plantes ont désormais la Montsechia. Des recherches menées par une équipe lyonnaise ont permis d’établir qu’il s’agit de la plus ancienne plante à fleurs apparue sur Terre.
La Montsechia vivait dans l’eau douce. La découverte de fossiles a permis d’établir qu’elle est la mère des plantes.
La mère des plantes à fleurs n’est pas le nénuphar, ce qui était jusqu’à présent communément admis. Grâce à des fossiles découverts dans deux régions montagneuses d’Espagne et à de patientes recherches, on sait désormais que la Montsechia est plus ancienne. Vivant dans l’eau douce il y a 130 millions d’années, ses tiges ont précédé celles du nénuphar de 15 millions d’années.
Il a fallu 17 ans pour l’établir en tant que nouvelle ancêtre des angiospermes. Ce terme savant désigne les plantes à fleurs, et donc les végétaux qui portent des fruits. Qu’ils soient charnus comme la cerise, ou secs telle la graine de tournesol. Pour faire simple, il s’agit de l’essentiel des plantes qui nous entourent et aussi de la matière première pour notre alimentation. Sans elles, difficile de vivre !
Des fouilles en Espagne
C’est Bernard Gomez, chercheur au laboratoire de géologie de Lyon (Université Lyon 1-CNRS), qui a déterminé de manière irréfutable le caractère angiosperme de la Montsechia. Au fil de ses recherches, ce botaniste de formation a reçu de l’aide. Son épouse Véronique, paléobotaniste, Clément Coiffard pour la classification, Carles Martin Closas pour la datation et David L. Dilcher, professeur émérite au département des sciences géologiques de l’Université d’Indiana, cosignent l’article tout juste paru dans la prestigieuse revue scientifique PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).
Des fragments fossiles que Bernard Gomez a lui-même recueillis sur les lieux de fouilles en Espagne ont constitué le matériel de départ. Sous le microscope du chercheur lyonnais ou dans des solutions d’acide chlorhydrique, les caractères essentiels de l’angiosperme se sont révélés : notamment un carpelle contenant les ovules de la plante et la trace du tube pollinique qui permet de les féconder. « La finesse de la cuticule, de rares appareils stomatiques qui permettent à la plante de trouver le dioxyde de carbone prouvent, entre autres caractéristiques, qu’elle vivait en milieu aquatique », précise Bernard Gomez.
Cette nouvelle ancêtre, à petites feuilles et à fruit unique, ajoute une information sur les premiers maillons de la chaîne. Celle qui a abouti au développement d’une immense variété. De la rose du fleuriste au pissenlit commun, toutes doivent sans doute quelque chose à cette lointaine plante contemporaine des dinosaures.
Extrait des DNA - Muriel Florin (23/08/2015)