Le texte ci-dessous ainsi que les illustrations nous ont été envoyé par un fidèle lecteur -abonné du blog de l'ANAB- qui souhaite partager avec vous cette rencontre insolite et, somme toute, assez touchante ! Outre son talent de conteur, Jean-Paul est incontestablement aussi un artiste accompli… Mais, jugez-en par vous-même !
Il faut préciser en préambule que cette "aventure", bien qu’ayant pour cadre la proximité de zones boisées, se déroule en milieu urbain. Depuis que nous habitons ce secteur –il y a plus de 25 ans- nous sommes habitués à observer des renards au hasard d'une croisée de route ou d’un chemin mais toujours incidemment et, bien évidemment, de manière furtive ! Ces « brèves rencontres », en grande majorité nocturnes, n’excédant généralement pas plus de quelques secondes avant que le rusé bien connu ne disparaisse dans les bois ou fourrés protecteurs.
Cet été et pour la première fois, la rencontre a été plus nette et beaucoup plus proche : c’est en effet dans notre jardin, qu'un soir, nous avons surpris un jeune renard, en train de partager quelques croquettes avec le hérisson habitué régulier des lieux.
Au fil des soirées et en faisant preuve d’une discrétion digne des approches légendaires des peaux-rouges, nous avons finalement dénombré cinq renards fréquentant notre jardin : probablement la mère et ses quatre jeunes, profitant en famille, d’une source de nourriture aisée.
C'est là que nous avons peut être "dérapé" en augmentant quelque peu la quantité de croquettes déposées chaque soir avec pour conséquence, comme on peut s’en douter, une fidélisation de nos visiteurs, naturellement toujours très prudents et s'enfuyant prestement au moindre bruit… Tous, hormis un petit, peut-être le plus courageux ou, tout simplement, le plus gourmand et dominant manifestement les trois autres pour s'accaparer le maximum de victuailles !
Le temps s’est écoulé depuis ces premières apparitions ! Nous sommes désormais en décembre : les petits qui ont grandi et ont désormais la taille adulte, ne rodent plus guère en famille… Il nous arrive encore d'en apercevoir l’un ou l’autre fureter au fond du jardin, rusé et non moins superbement discret.
En revanche, « notre » petit (ou petite car nous ne saurions dire pour l’instant s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle) décidément plus courageux ou téméraire que les autres membres de la fratrie, semble avoir fait sien les lieux : ce jeune renard ne manifeste en effet pas la moindre crainte que devrait logiquement susciter notre présence !
Ainsi, nous pouvons sortir et, s’il se montre heureusement malgré tout méfiant, il ne s’enfuit pas pour autant ! Au contraire, il vient chaque soir ou presque et s’allonge dans la pelouse en attendant que la gamelle soit remplie ! S’il garde une prudente distance de sécurité de deux ou trois mètres, il ne manifeste pour autant pas la moindre peur lors du déclenchement du flash de l'appareil photo…
A force d’observation, nous avons noté que le jeune renard n’est vraiment pas délicat ou fine-bouche : il mange presque tout, qu’il s’agisse de fruits, de fromage, de pain et même de pâtes... et, bon prince, il ne manque pas de faire une petite place au chat du voisin, autre habitué des lieux et des croquettes et autres restes mis à disposition. Bref, un recycleur parfait de tous nos reliefs de repas !
Tout ceci n'est bien sûr pas très naturel et certains puristes vont probablement s’en offusquer ! Pour notre part, il nous plaît de croire que Goupil a simplement choisi de faire un bout de chemin en notre compagnie ou, tout au moins, en notre voisinage dont il a peut-être inconsciemment deviné la bienveillance !
Probablement que cette aventure cessera lors des premiers émois amoureux de janvier où « Jules le Renard » -ainsi baptisé par la maisonnée- devra conquérir non seulement un territoire mais également obtenir les faveurs d’un (ou une) congénère afin que se pérennise l’espèce…
En attendant, nous ne nous lassons pas de le voir faire étape dans notre jardin en espérant simplement qu’il ne croise pas la route d’un individu moins bien intentionné que nous qui, ignorant ou simplement malveillant, n’aspire à une quelconque gloriole en se chargeant de faire la peau de celui que, hélas, on continue de nommer communément et bien injustement « nuisible »…