Battue botanique au Grand Ballon
Publié le 30 Septembre 2016
Article édité par les DNA dans ses reportages, Flore menacée d’Alsace par
Veneranda Paladino le 28/07/2016
Rare et fragilisée par un milieu qui se referme, l’androsace de Haller est l’unique exemple en Alsace de réintroduction, au Grand Ballon. Lors du comptage à la fin juin, l’équipe du Conservatoire botanique d’Alsace et du PNRBV a dénombré 202 individus. Reportage.
De g. à d. : Autour de l’androsace, une dynamique rassemblant Fabien Dupont, du réseau Nature 2000 du Parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV), Benoît Lamard, jardinier-botaniste au Conservatoire botanique d’Alsace (CBA), Mathieu Hildenbrand, du CBA de Mulhouse, qui cultive en serre l’espère menacée et Julie Nguefack, chargée de mission au CBA. PHOTO DNA
Des cris d’alouette bercent la battue botanique à l’androsace de Haller – découverte dans les Vosges, en 1732.
Sur les chaumes sommitales du Grand Ballon à 1 400 m, Mathieu Hildenbrand, jardinier responsable des cultures au Conservatoire botanique d’Alsace (CBA), antenne mulhousienne, et Fabien Dupont, du réseau Natura 2000 du Parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV), sont à quatre pattes, fouillant le sol entre les pierres. Julie Nguefack, phytosociologue au CBA venue de Strasbourg, formulaire en mains, commence par noter les coordonnées GPS.
Plus concurrentiel, le milieu s’est refermé
Le dernier comptage remonte à 2012. L’inventaire est délicat et essentiel car l’androsace de Haller est l’unique exemple en Alsace de réintroduction en milieu naturel réalisé à l’orée des années 90. En l’occurrence au Grand Ballon dont on ne précisera pas l’endroit pour des questions évidentes de préservation.
« La plante était là entre les rochers, précise Mathieu, il faut fouiller ! » Le point de vue est exceptionnel, les nuages dansent avec le soleil en cette après-midi de la fin juin.
Petite primevère, l’androsace de Haller pousse en coussinets dans les pierriers d’altitude. « Celle qui se trouvait dans les champs cultivés a complètement disparu » relève Julie. D’autres types d’androsaces (velue, carnée) enrichissent la flore du Massif Central, des Pyrénées et des Alpes.
« Qu’est-ce que l’on compte ? », interroge Fabien qui, au passage, ramasse une petite bouteille en verre. « Les rosettes (spécimens) fleuries et juvéniles », répond Mathieu qui a détalé en contrebas.
Passionné, le jardinier fouille sous la bruyère, guette la moindre tige. Mathieu a l’œil et pour cause, l’employé depuis 1992 dans l’unité du service des espaces verts de la ville de Mulhouse, la cultive dans les serres du CBA. De la sauvegarde de l’androsace à celle de la saxifrage œil de bouc, ce sont les espèces les plus menacées des Vosges et du Jura que met en culture l’équipe mulhousienne. Aussi l’androsace de Haller, Mathieu la connaît à tous les stades, de la graine à la fleur.
L’antenne mulhousienne du CBA cultive également des espèces végétales menacées venues du monde entier.