La Pie bavarde, voleuse ?
Publié le 12 Janvier 2016
Inutile de vous présenter la Pie : elle est commune et même les non-initiés savent la reconnaître au premier coup d’œil ! C’est que l’agasse -autre nom en vieux français donné à la pie dès le XIème siècle-, intelligente et roublarde, a non seulement survécu à toutes les persécutions dont elle a été victime de tout temps mais, malgré cette inimitié qui lui est régulièrement manifestée, elle continue à habiter et se reproduire au voisinage immédiat de l’homme !
Inconscience ou provocation ? Toujours est-il que la Pie surprend par son aplomb… tout en restant farouche à la moindre approche trop invasive !
Nom scientifique : Pica pica (Linnaeus, 1758)
La Pie bavarde (Pica pica), tout le monde la connait et pourtant : que de fausses légendes et croyances circulent à son sujet ! C’est peut-être paradoxalement ce qui me la rend, personnellement, si sympathique…
La Pie bavarde (Pica pica), tout le monde la connait et pourtant : que de fausses légendes et croyances circulent à son sujet ! C’est peut-être paradoxalement ce qui me la rend, personnellement, si sympathique…
chant de Pie bavarde (Pica pica )
Contrairement à ce qu'assurent le bon sens populaire, un opéra de Rossini et un fameux album de Tintin, la pie n'est pas une voleuse. Elle ferait même preuve d'une méfiance instinctive à l'égard des objets qui lui paraissent insolites, suggère une étude britannique publiée dans la revue Animal Cognition.
Une mauvaise réputation qui dure depuis des siècles
Simplement "pie bavarde" pour les ornithologues, l'oiseau noir et blanc (Pica pica) est pourtant considéré depuis des siècles comme un affreux kleptomane qui ne peut s'empêcher de dérober bijoux et autres menus objets clinquants pour les entasser dans son nid.
Une mauvaise réputation totalement injustifiée, même s'il arrive bien à la pie de subtiliser des proies à d'autres oiseaux plus petits qu'elle (un comportement largement répandu chez de nombreuses espèces), estiment des chercheurs de l'Université britannique d'Exeter spécialisés dans l'étude du comportement animal.
Ces scientifiques ont mené sur le campus de leur université une série d'expériences avec des pies provenant d'un refuge et avec des pies sauvages. Les oiseaux ont été mis en présence d'objets brillants et mats, et leurs réactions enregistrées et analysées. "Nous n'avons trouvé aucune preuve montrant que les objets brillants attirent irrésistiblement les pies. Au contraire, tous ces objets ont suscité une réaction de néophobie - la peur des objets nouveaux - chez les oiseaux", résume Toni Shepard, auteur principal de l'étude.
Nous pensons que ce sont les humains qui remarquent quand une pie ramasse des objets brillants, parce qu'ils pensent qu'elle les trouve attirants.
Les chercheurs ont d'abord habitué les pies à la présence humaine sur huit sites différents du campus d'Exeter. Puis, après des tests de contrôle, ils ont placé sur le sol deux tas de noix, ainsi que deux tas d'objets (vis métalliques, anneaux et un petit rectangle d'aluminium) à 30 cm de distance.
La moitié des vis et des anneaux était peinte en bleu mat, l'autre moitié, ainsi que la feuille d'aluminium, gardant sa teinte argentée et brillante.
En 64 tests au total, les pies ne se sont intéressées aux objets brillants qu'à deux reprises seulement, saisissant un anneau argenté pour le rejeter immédiatement. Les oiseaux ignoraient, voire évitaient autant les objets brillants que bleus, et ils adoptaient souvent un comportement méfiant à proximité de ces tas d'objets inconnus.
"Nous pensons que ce sont les humains qui remarquent quand une pie ramasse des objets brillants, parce qu'ils pensent qu'elle les trouve attirants. Mais lorsque les pies interagissent avec des choses plus anodines, cela passe inaperçu. Il est probable que le folklore qui entoure les pies ne s'appuie pas sur des preuves mais soit le résultat d'une généralisation culturelle à partir de faits anecdotiques", explique Toni Shepard.
Source : Science et Avenir
Source : Science et Avenir
Voir (ou revoir) La Hulotte n°16 (novembre 1973)