Curiosités chez les Coucous ! : l'hétérostylie

Publié le 23 Avril 2016

Tout le monde connait le "Coucou" autrement dit la Primevère des prés, au nom scientifique de Primula veris, pour les initiés...
Coucou, Primevère officinale, Brérelle  (Primula veris)

Coucou, Primevère officinale, Brérelle (Primula veris)

Mais... avez-vous déjà regardé vraiment les coucous de près ? Si oui, vous avez remarqué qu’il existe deux sortes de fleurs : certaines laissent apparaître le stigmate (le haut du pistil partie femelle de la plante), d’autres les étamines, la partie mâle de la fleur.
Vraiment bizarre, non ?
Styles et étamines de Coucou, Primevère officinale, Brérelle  (Primula veris)  Photo Roland Anab

Styles et étamines de Coucou, Primevère officinale, Brérelle (Primula veris) Photo Roland Anab

Ce phénomène est-il normal ?
Oui, il ne s’agit pas d’une maladie…
Certaines plantes et familles de plantes, une vingtaine, présentent des fleurs de formes différentes. La famille du Coucou, les Primulacées, est dans ce cas.
Un bon nombre d’espèces, comme les primevères -la Primevère des prés ici en photos mais aussi celle des bois (Primula eliator)- peuvent être séparés en deux classes:

- les fleurs à pistil court, étamines longues, les brévistyles et

- celles à pistil long, étamines courtes, les longistyles. (voir photos)
C’est quoi alors ?
Il s'agit d’hétérostylie, de plantes à styles différents.
Les fleurs sont compatibles entre elles mais la pollinisation d’une fleur d'un type, par le pollen d’une fleur de même type, c'est à dire ayant le même caractère, est impossible. Le croisement est obligatoire.
Cette incompatibilité de pollen parait être une forme de gaspillage.
Pourtant Dame Nature de produit pas de bizarreries ou de gaspillage sans raison. Il existe une pression de sélection pour améliorer le développement et la multiplication des espèces. Cela favorise le brassage génétique des fleurs et diminue le risque de perte de fertilité.
A noter que l’espèce à étamines courtes,  produit plus de pollen que l’autre classe. Elle favorise ainsi avec des graines sa dissémination à l’égale de l’autre type.

Répartition des classes et la génétique
On pourrait imaginer que l’un des deux types va dominer l’autre. Cela pourrait arriver si une espèce présentait un avantage certain par rapport au milieu ou aux insectes pollinisateurs.
En fait, ce n’est pas près d’arriver. Les multiples commandes génétiques ou sous gènes, de ces phénomènes d’hétérostylie sont situés sur le même gène à très courte distance. Ils sont donc presque liés l’un à l’autre.
Lors du mélange des gènes qui a lieu chez toutes les espèces à la fécondation ils ne sont pas séparés et restent sous la dépendance d’un unique supergène.
Ceci explique aussi une répartition parfaite : 50% / 50% des deux types de fleurs...incroyable, non ?
J’espère avoir été clair sinon vous pouvez approfondir sur Wikipédia où vous trouverez de la bibliographie intéressante sur l’hétérostylie.

 

Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité

 

Deux plantes différentes réunies sur une même photo, l'une  brévistyle à pistil court, étamines longues, l'autre longistyle  étamines courtes de Coucou, Primevère officinale, Brérelle  (Primula veris)

Deux plantes différentes réunies sur une même photo, l'une brévistyle à pistil court, étamines longues, l'autre longistyle étamines courtes de Coucou, Primevère officinale, Brérelle (Primula veris)

Rédigé par ANAB

Publié dans #Biodiversité de notre région, #Fleurs jaunes

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R
Bonjour Hélène,<br /> <br /> oui très étonnant cette floraison aussi précoce. <br /> Mais dans quel département et à quelle altitude ?.<br /> <br /> <br /> Pour donner un avis il faudrait avoir quelques photos que vous pouvez nous envoyer sur notre adresse de contact, <br /> asso.anabxxxoutlook.fr, où vous remplacez les xxx par le signe de messagerie.<br /> <br /> Ce qui me pose questionne c'est justement votre remarque sur les tiges plus courtes.<br /> <br /> La Primevère acaule (Primula acaulis), à petite tige, est très précoce, janvier ou début février alors que la Primevère forestière (Primula eliator), longue tige, est plus tardive , avril ou mai , rarement avant le 15 mars dans nos régions de l'est..<br /> <br /> D'après votre description ce serait plutôt Primula vulgaris ou un hybride avec Primula eliator.<br /> <br /> A vous lire et encore merci de cette observation intéressante.
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R
Merci Hélène de ces précisions géographiques et botaniques. Etant donné la faible longueur de la tige, je reste sur l'idée que c'est un hybride. Cet état hybride explique sa précocité. <br /> <br /> Je suis touché que notre blog vous rappelle vos bons souvenirs d'enfance et de classe verte. Oui l'idée de ce blog est de vous rendre accessible la nature proche de chez nous ou de vous faire découvrir des aspects peu connus et souvent sidérants de la nature.<br /> <br /> L'autre versant est d'aller plus loin dans la réflexion en publiant des articles d'analyse, de reportage et d'investigation piochés sur d'autres médias. Ils concernent toutes les problématiques actuelles de la nature et de l'environnement. J'espère que vous lisez aussi quelques uns de ces articles.<br /> <br /> <br /> N’hésitez pas à nous interpeller ou à nous proposer vos lectures sur ces thèmes.
C
Nous sommes dans la vallée de la Marne, non loin d’Épernay, région qui a été très arrosée et inondée cet hiver. Il s'agit bien d'un pied de primevère venant des bois et replanté à l'ombre sous des arbres eux mêmes disposés le long du mur du bâtiment d'un voisin d'une dizaine de mètres de hauteur. Les tiges ne ce pied de coucou ne mesurent que 5 à 6 cm et comme elles sont souffert de la gelée elles ont perdu leur rigidité. Les corolles ont souffert aussi et sont recroquevillées. Je pense à une variété hybride mais je n'y connais pas grand-chose. Par contre les primevères de la pelouse dont la tige est particulièrement courte et qui poussent un peu partout et envahissent le massif des framboisiers semblent plus résistantes.<br /> N'étant ni scientifique, ni jardinière, les explications de votre blog me rappellent les leçons d'observations de mon école primaire rurale quand le maître nous faisait observer les fleurs, les arbres, les fruits, les pierres, les animaux sauvages et les insectes de la nature toute proche. Je me souviens des noms de familles de fleurs qui me faisaient rêver : crucifères, solanées, cucurbitacées, papilionacées...<br /> Nous avions la classe verte à portée de main sur le chemin de l'école où nous nous rendions à pied chaque jour, le matin et l'après-midi.
C
.Surprise hier en début d'après-midi. En ouvrant la fenêtre du salon pour taper au grand air les coussins du canapé, j'ai découvert que le pied de primevères des bois que nous avions replanté à l'ombre et à l'abri d'un mur dans le jardin était fleuri. J'ai appelé mon mari pour lui exprimer mon étonnement et bien sûr il ne me croyait pas car les primevères des bois fleurissent fin mars début avril.( En effet, j'en avais cueilli un bouquet en allant à la maternité voir mon second petit fils né le 5 avril 2005 et les photos en témoignent.)<br /> Mon mari était persuadé que j'avais confondu avec les primevères du jardin dont la corolle est au moins deux fois plus large. Il a dû se rendre à l'évidence. Le pied de primevères des bois était bel et bien en pleine fleur. Les tiges sont juste un peu plus courtes. Comment expliquer cette floraison un 20 février ?
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B
très intéressant<br /> merci Roland
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L
bravo Roland: quel style...!
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M
Très intéressant, je ne le savais pas !
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