La forêt et son action sur la qualité de l’eau
Publié le 6 Avril 2016
Le 23 mars à La Petite-Pierre pour le grand public, et le 24 mars pour les scolaires à Drulingen, Claude Hoh et Stéphane Asael, conseillers forestiers ont proposé des animations dans le cadre de la « journée internationale des forêts 2016 ».
Le public n’était pas au rendez-vous ce 23 mars pour l’animation autour de la source de l’Eichel sur le thème « de la source à la mer depuis les Vosges du Nord ». La promenade prévue devait emmener les promeneurs sur le bassin-versant de l’Eichelschied (200 ha) qui conduit à l’étang du Donnenbach. Il faut connaître les sources pour ne pas les effacer et les protéger. L’Eichel (ou Donnenbach) n’y est qu’un mince filet d’eau claire qui sort de terre, mais il devient ensuite un affluent assez important de la Sarre à Herbitzheim en rive droite et donc un sous-affluent de la Moselle puis du Rhin qui se jette en mer du nord.
La forêt est un plus pour la qualité de l’eau
Selon des documents du centre national de la propriété forestière et des forestiers privés de France, la forêt est favorable à la production d’une eau naturellement potable, et à moindre coût. Les couverts forestiers ont une forte capacité d’interception des pluies et de mobilisation des réserves hydriques du sol par transpiration. La pérennité du couvert forestier est favorable à une eau de qualité. Grâce à une porosité et une rugosité du sol supérieures, l’infiltration de l’eau est favorisée en forêt, aux dépens du ruissellement de surface.
La forêt limite le ruissellement et l’érosion des sols, par l’interception d’une partie des précipitations et par une infiltration favorisée. Les strates végétales et le sol forestier retiennent, ralentissent et filtrent l’eau. Les formes d’humus ou types de litières jouent un rôle clé dans la capacité de filtration des sols forestiers, où « tout se joue dans les premiers centimètres ». Avec « les pieds dans l’eau », certaines forêts sont stratégiques pour la qualité de la ressource en eau.
Au contact d’eaux polluées, la zone racinaire des arbres assure un rôle épuratoire. Leur longueur est augmentée grâce à l’association symbiotique des champignons avec les racines de l’arbre, grâce au mycélium partie souterraine des champignons : c’est ce qu’on appelle la mycorhize. « Elle est importante pour le cycle de l’eau, augmente la porosité du sol et fait des microdrains », explique Claude Hoh.
Trois processus clés sont en jeu : filtration efficace des nutriments (nitrates, potassium, phosphates…) et même de certains éléments toxiques ; absorption très active, par les végétaux et les micro-organismes du sol ; conditions favorables à la dénitrification microbienne.
La pérennité du couvert forestier est un atout par rapport aux autres couverts végétaux, en lien avec une activité biologique plus constante et un recyclage des éléments minéraux plus efficace… Les eaux infiltrées sous forêt ont d’ailleurs une faible teneur en nitrates.
Les forestiers acteurs de la qualité de l’eau
L’existence de la forêt, à elle seule, ne suffit pas à garantir une qualité constante des eaux forestières : les forestiers ont un rôle à jouer notamment dans le choix des essences qu’ils vont implanter dans leurs parcelles.
Plusieurs sites en France mettent déjà en œuvre des actions en forêt pour protéger les captages et ont investi dans des boisements pour les protéger. La solution choisie du boisement est pérenne, avec un impact direct sur la diminution des quantités de nitrates. Les surcoûts de gestion forestière seraient inférieurs à 10 centimes d’euro par m3 d’eau, alors que les traitements complexes de l’eau pour éliminer ces nitrates pourraient atteindre 30 centimes d’euro par m3.
Le principe d’une gestion forestière durable est inscrit dans la loi. Celle-ci doit concilier à la fois les fonctions écologiques, économiques et sociales. Les peuplements forestiers se conduisent sur 40 à 150 ans, avec des coupes intermédiaires, un atout pour la qualité de l’eau au niveau de la stabilité du couvert et des sols.
Les captages de sources en forêt permettent de distribuer une eau naturelle à un coût très compétitif : il paraît donc essentiel de pérenniser ces ressources. Cela montre l’intérêt de capter des eaux brutes de qualité, et par là même d’optimiser le rôle de protection de la ressource en forêt.
Il existe des synergies entre les actions pour la quantité d’eau et les recommandations sur le changement climatique, la santé des forêts, la défense contre les incendies… et bien sûr, la qualité de l’eau.
DNA-M.-C. B. 30/03/2016