Alsace Nature fait appel au « bon sens paysan »

Publié le 9 Juin 2016

Environnement - Prévention des coulées de boue

Chacun a malheureusement pu se rendre compte du développement des dégâts liés aux inondations ces dernières années. Les causes principales sont connues : changement et réchauffement climatique, artificialisation des sols, destruction de 50 % des zones humides...
De l'autre côté de la frontière, en Allemagne, à quelques km seulement de chez nous, l'Etat taxe les surfaces rendues imperméables et protège les zones humides.
Et nous, que faisons-nous? Notre région en Alsace Bossue est une région de collines et de haies, à l'abri des inondations de grande envergure. Elle  montre aussi des signes de ces changements.

Alsace Nature résume bien ci dessous la situation et les mesures à prendre.
Roland Gissinger
inondations Alsace Bossue Harskirchen

inondations Alsace Bossue Harskirchen

Les orages diluviens de ces derniers jours ont amené leur lot de coulées de boue sur les routes et les villages en contrebas des champs. Alsace Nature rappelle qu’elles ne sont pas une fatalité.
Souvent, les coulées de boue interviennent lorsque de violentes pluies s’abattent sur des terres tellement asséchées et dures qu’elles ne peuvent absorber immédiatement ce brusque afflux d’eau. Ou à l’inverse, comme ces derniers jours, quand les gouttes se déversent sur des terres à ce point gorgées d’eau qu’elles ne peuvent plus rien éponger. Mais dans la quasi-totalité des cas, ces coulées de boue viennent de terrains au couvert végétal très faible voire inexistant (champs de maïs ou de betteraves au printemps). Ces terres ne retiennent pas l’eau et ajoutent la boue aux inondations.
Personne n’est directement responsable des déluges qui peuvent s’abattre sur un territoire, « mais certaines pratiques contribuent à en aggraver considérablement les conséquences », explique Alsace Nature qui, depuis plusieurs années, invite les pouvoirs publics et les agriculteurs à plus de responsabilité.
Car si l’urbanisation mal pensée ou une mauvaise gestion des eaux pluviales amplifient le phénomène, les pratiques agricoles sont régulièrement pointées du doigt. L’appauvrissement du sol en matières organiques favorise l’érosion, de même que la multiplication des parcelles monoculturales ou la suppression des haies.
Éviter et réduire
Alsace Nature préconise des mesures simples et de bon sens comme le développement de culture sans labour, la reconstitution de prairies, le maintien de zones humides, le développement de l’agroforesterie ou l’assolement concerté « dans les zones à risque en panachant cultures d’hiver et cultures de printemps ».
À défaut de pouvoir du jour au lendemain éviter les coulées de boue, on peut en réduire les risques en contrebas en reconstituant des réseaux de haies « beaucoup plus efficaces que les fascines », rouvrir les ruisseaux là où ils ont été canalisés sous terre, maintenir et entretenir les fossés enherbés et mener « les remembrements à l’aune de ces événements » en ne créant plus par exemple de grandes zones de culture en forte pente.
« Il s’agit là de mesures réclamées par certaines communes mais souvent repoussées par les organisations agricoles, insiste Alsace Nature. Il est temps que l’intérêt général l’emporte. » D’autant qu’avec le changement climatique, les épisodes de pluies violentes iront vraisemblablement en s’intensifiant.

DNA-03/06/2016

inondations Alsace Bossue -Que d'eau ! Photos : Roland Gissinger (ANAB)
inondations Alsace Bossue -Que d'eau ! Photos : Roland Gissinger (ANAB)inondations Alsace Bossue -Que d'eau ! Photos : Roland Gissinger (ANAB)
inondations Alsace Bossue -Que d'eau ! Photos : Roland Gissinger (ANAB)

inondations Alsace Bossue -Que d'eau ! Photos : Roland Gissinger (ANAB)

Rédigé par ANAB

Publié dans #préserver les ressources, #Changement climatique

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R
Merci ICI de ce lien. Dans cette conférence, la FDSEA 67 se défend de la moindre responsabilité dans ces coulées de boue et autres inondations. Ce n'est pas glorieux. Bien sûr l'urbanisation a un grand rôle dans les surfaces rendues imperméables..<br /> Les agriculteurs ont, ces dernières années, massivement drainé les terres agricoles, retourné les prairies humides et cultives de plus en plus des céréales à nu.<br /> Si les agriculteurs n'avaient aucune responsabilité comment explique-t-il que des communes touchées par ces phénomènes à répétition investissent dans la plantation de fascines, de haies et de bassins déversoirs pour remplacer les haies naturelles et zones humides supprimées souvent trop sauvagement. Ces ouvrages ne sont pas aussi efficaces que les protections naturelles.<br /> <br /> Point de vue neutre de Brice Martin scientifique du sujet risque d'inondation DNA d'aujourd'hui :<br /> Le maître de conférences de géographie à l’université de Haute-Alsace participe à un travail de recherche franco-allemand, avec l’université de Fribourg, sur l’histoire des inondations dans le fossé rhénan et note au fil du temps un changement de nature du risque d’inondation en Alsace. « Jusqu’au XXe siècle et les rectifications du Rhin et des rivières, il fallait surtout craindre les débordements des cours d’eau ». Les coulées de boue ne sont réellement apparues dans les chroniques historiques qu’au XIXe siècle. <br /> « En 1896, Soultzmatt a connu une coulée impressionnante, déjà liée à l’occupation des sols, en l’occurrence le vignoble ». <br /> Le Kochersberg et le Sundgau n’en ont vécu que plus tard et sont emblématiques de la conjonction de causes agricoles et urbanistiques à l’origine du phénomène. Pour l’historien des inondations, l’homme est très clairement « à la fois victime et responsable » des coulées. D’où l’importance « d’entretenir la culture du risque. Il faut responsabiliser les gens dans tout ce qu’ils entreprennent, qu’ils soient aménageurs, agriculteurs, industriels ou habitants. On ne peut se cacher derrière des ouvrages de protection comme les barrages de rétention qui ne sont pas forcément suffisants et qui ne font que déplacer le problème ».
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V
Que pensez vous de la conférence de presse données dernièrement par la FDSEA 67 ? > http://www.vuparici.fr/inondations-agriculteurs-defendent-accusions-portees/
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P
Les haies abritent nombre d'animaux certains se nourrissent d'insectes, de vers.... d'autres pollinisent les récoltes, en fait c'est bon pour les cultures à quelques exceptions près. De plus les haies créent des barrières donc fixent les sols et freinent l'érosion par la pluie donc les coulées de boue. Quant aux ruisseaux s'ils ne sont pas daignés ils ne favorisent pas l'écoulement des eaux et donc facilitent les débordement et les inondations plus encore si l'homme a dévié son lit et a gommé les courbes pour le faire aller plus droit ce qui accroit le débit. Les prairies qui peuvent être transformées en réserves inondables devraient être la norme le long des cours d'eaux. Quand les hommes arrêterons de maltraiter la nature peut être qu'elle arrêtera elle aussi de maltraiter l'homme.
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R
Tu es bien négatif. Certains agriculteurs font des efforts et sont très conscients de la situation.
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D
Le "bon sens paysan" ?<br /> Comme dit l'autre : l'espoir fait vivre, et en plus ça ne mange pas de foin...<br /> Autant demander à un pickpocket de "surveiller le sac des vieilles dames" !!!
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K
A force de répéter ce type de message l'intérêt général sera peut-être quand pris en considération, un jour ....<br /> Triste " pays démocratique " si seules de telles catastrophes peuvent nous donner l'espoir d'être éventuellement entendu.<br /> Bonne journée à chacun de vous, sous un soleil radieux ?
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