Pointillés de nature

Publié le 21 Août 2016

Depuis 1976, le conservatoire des sites alsaciens préserve en quelque 400 lieux différents la biodiversité et les paysages. Par la maîtrise foncière, il en assure la gestion écologique dans un souci de sauvegarde des espèces et milieux d’intérêt régional.

Daniel Daske, ancien président du CSA, vient souvent observer les oiseaux dans la roselière des octrois à Ensisheim. Au milieu du maïs, la nature y a repris ses droits à la faveur d’un débordement du canal de saumure des MDPA. PHOTO DNA - Simone WEHRUNG

Daniel Daske, ancien président du CSA, vient souvent observer les oiseaux dans la roselière des octrois à Ensisheim. Au milieu du maïs, la nature y a repris ses droits à la faveur d’un débordement du canal de saumure des MDPA. PHOTO DNA - Simone WEHRUNG

« Dès lors qu’on a la maîtrise foncière, tout est plus simple. » Daniel Daske se souvient bien des motifs de création il y a quarante ans du conservatoire des sites alsaciens. À l’époque, l’AFRPN (association fédérative régionale de protection de la nature), que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’Alsace Nature, cherchait à protéger le ried et la forêt rhénane contre la maïsiculture galopante et les projets industriels ou portuaires sur la bande rhénane.
Aucune réglementation, ni même aucune volonté politique, ne pouvaient empêcher ça, « alors, lorsque l’occasion s’est présentée, l’AFRPN a acheté le terrain de la Belle Source à Herbsheim pour le soustraire à l’océan de maïs »
S’inspirant du National Trust anglais qui préserve outre-Manche des monuments et sites d’intérêt collectif, ainsi que du Conservatoire du littoral créé l’année précédente par l’État français, l’AFRPN a confié en 1976 la gestion de ce petit lopin de terre et de quelques autres (marais d’Orschwihr, Sauerbrunnen d’Erstein…) acquis dans le même esprit à une toute nouvelle structure, le CSA. Sa première présidente était Solange Fernex, son trésorier Antoine Waechter, son vice-président Daniel Daske (il prendra la présidence peu de temps après pour laisser à Solange Fernex le temps de se consacrer à la lutte antinucléaire).
Un outil au service de la nature et des communes
Les acquisitions de sites à protéger se font au gré des opportunités, des discussions avec les collectivités qui ont très tôt compris la pertinence de la démarche et des souscriptions. « Notre idée première, confirme Daniel Daske, était de faire appel au public, comme les Anglo-Saxons. Mais l’un de nos gros problèmes était la stratégie de préférence agricole de la SAFER à cause de la très forte pression foncière qui existe en Alsace. »
Au Goeftberg par exemple, près de Wasselonne, la société d’aménagement foncier et d’établissement rural proposait trois hectares à la vente. « Il fallait trouver 50 000 francs en trois mois seulement, sinon le terrain nous échappait. Ce qu’on a réussi à faire, par le biais d’une souscription publique. » Le succès a été tel que dans le département voisin, Henry Goetschy, président du conseil général, en a été impressionné et a contribué à la concrétisation de nouveaux acquêts, notamment une belle lande à orchidées à Illfurth.
« Assez vite, grâce notamment au travail pédagogique des militants, les communes ont commencé à donner des terres en location au CSA. À chaque fois des petites parcelles, des confettis certes, « mais donnez de l’espace à la nature, elle s’y engouffre ».
Aujourd’hui, après avoir servi de modèle pour des associations similaires dans toutes les régions de France, le conservatoire des sites alsaciens gère un réseau de 400 sites répartis sur 3 495 ha, sous divers statuts fonciers (propriété, copropriété, baux emphytéotiques, baux civils…). Par convention avec l’État ou la Région, il gère également quatre réserves naturelles nationales (delta de la Sauer, forêt d’Offendorf, forêt d’Erstein et l’île de Rhinau) ainsi que huit réserves naturelles régionales (collines de Rouffach, du Bastberg à Bouxwiller, Im’berg à Tagoslheim, le Rothmoos à Wittelsheim, forêts des Volcans à Wegscheid, du Hardtwald à Heiteren, les Hautes Chaumes du Rothenbach à Wildenstein, réserve de l’Eiblen et l’Illfeld à Réguisheim).
On ne peut pas protéger les espèces sans protéger les espaces
Sur un total de 0,4 % seulement du territoire alsacien tout en pointillé, le CSA préserve, faune et flore confondus, plus de 400 espèces considérées en danger au niveau national, plus de 600 inscrites sur la liste rouge régionale et 120 d’intérêt communautaire, dont sept relevant de la directive habitats. « On peut dire sans se tromper que sans le CSA, il n’y aurait plus de busards des roseaux en Alsace », dit Daniel Daske pour ne citer que cet exemple.
Sur la base d’un plan de gestion défini pour chaque site par le conseil d’administration du CSA et ses partenaires avec l’appui d’un conseil scientifique, les 19 salariés du conservatoire basé à l’écomusée d’Ungersheim (avec un pôle « réserves naturelles nationales » à Offendorf) et les 120 conservateurs bénévoles s’occupent de restaurer l’écologie des sites dégradés et donnent corps aux trames vertes et bleues. Des conventions avec des agriculteurs ainsi que des chantiers nature, soit avec des participants bénévoles, soit avec des structures d’économie sociale et solidaire, plus rarement des entreprises spécialisées, permettent aux milieux de garder leur fonctionnalité.
Dans ce contexte, la participation écocitoyenne est l’un des points forts du CSA, avec quelque 8 000 heures de bénévolat effectuées lors des 70 chantiers nature menés chaque année. Au-delà du temps de travail ainsi fourni, c’est l’engagement citoyen pour la nature qui conforte le CSA dans son action.
DNA-Simone Wehrung 27/07/2016

Rédigé par ANAB

Publié dans #Biodiversité de notre région, #Quiz

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