Climat : températures et CO2 grimpent
Publié le 16 Septembre 2016
Article paru sous http://huet.blog.lemonde.fr/2016/06/16/climat-temperatures-et-co2-grimpent La vague de chaleur de ces dernières semaines qui a succédé à celle du mois d'août est inhabituelle. Des changements climatiques sont en cours.
Climat : températures et CO2 grimpent
En mai 2016, l’indicateur de température planétaire dépasse de 0,93°C la moyenne 1951/1980. C’est ce qui ressort de l’analyse publiée par l’équipe Nasa/Université Columbia de New York. La température calculée sur la période de janvier à mai 2016 dépasse cette moyenne de 1,15°C, un niveau très élevé, montrant que l’objectif fixé à la COP-21 de viser une hausse maximale de 1,5°C relativement à la période pré-industrielle (1750) est hors de portée.
Impossible de ne pas rapprocher cette analyse de la publication, par une équipe du CNRS du chiffre de la teneur de l’atmosphère en CO2 avec un résultat à caractère symbolique.
La station de mesure de l’île d’Amsterdam, au sud de l’Océan Indien a en effet affiché pour la première fois en mai la valeur de 400 ppm (partie par million) pour le dioxyde de carbone.
Un chiffre symbolique, tout rond, qu’il faut comparer à celui de l’ère pré-industrielle, avant que les hommes ne brûlent massivement charbon, pétrole et gaz, de 280 ppm environ.
L’île d’Amsterdam, très éloignée des sources anthropiques de CO2, mais également des variations saisonnières provoquées par le cycle végétal dans l’hémisphère nord où les continents dominent, fournit aux scientifiques une mesure très proche de la moyenne planétaire. Cette station de mesure (photo à gauche) fonctionne en continu depuis 35 ans. En 1981, à son début, elle enregistrait une valeur de339ppm.
Sur 35 ans, l’augmentation est de 18% ( de 339 à 400 ppm). Toutefois, le taux de croissance a varié. Il n’était que de 1,30 ppm par an dans les années 1980, il dépasse les 2 ppm par an depuis 2012.
Pourtant, les «puits» de carbone océaniques (physiques et biologiques) et continentaux (stockage dans les sols et les arbres) fonctionnent à plein captant près de la moitié des émissions anthropiques et atténuant ainsi la transformation de la composition chimique de l’atmosphère. Qu’ils se mettent à faiblir – par exemple avec la stratification des océans sous l’effet de leur réchauffement – et le rythme de l’intensification de l’effet de serre pourrait accélérer encore.
Le lien CO2 températures bien établi
Le lien CO2 températures bien établi
Le lien est désormais bien établi entre la concentration de l’atmosphère en gaz à effet de serre et les évolutions climatiques générales, dont la température moyenne planétaire (calculée à un mètre des sol et à la surface des océans).
Aussi, la courbe de cet indicateur depuis 50 ans (graphique ci dessus) est indubitablement la conséquence de l’intensification de l’effet de serre sur cette période.
Toutefois, des variations interannuelles dues à la variabilité interne du climat terrestre sesuperposent à cette tendance et peuvent la masquer durant 15 ans, soit en l’amplifiant soit en l’atténuant, voire en provoquant des diminutions de l’indicateur d’une année sur l’autre. Ainsi, depuis deux ans, l’indicateur bat records mensuels sur records mensuels et a placé l’année 2015 au top du palmarès en raison d’un fort El Niño, ce phénomène océano-atmosphérique qui concerne l’Océan Pacifique tropical. Principale cause de variation interne du climat planétaire, il pousse l’indicateur à la hausse en phase Niño, puis à la baisse en phase Niña, son inverse. Ce phénomène, dont le nom scientifique est El Niño southern oscillation, est actuellement en phase neutre et devrait basculer en phase Niña, ce qui devrait faire baisser l’indicateur de température moyenne d’ici la fin de l’année. Baissera t-il suffisamment pour que 2016 ne chipe pas à 2015 le record annuel ? Réponse dans quelques mois.