Gentille alouette, je te compterai
Publié le 30 Octobre 2016
Artcile Sophie Wehrung DNA du 4/10/2016
Pour évaluer les mesures agroenvironnementales en faveur du grand hamster, on compte les alouettes. Logique.
Alexandre Gonçalves et notre collègue Julie Roux du GEPMA ont entamé la campagne de comptage. Photo : DNA - Marc Rollmann
« Trli… Trli ». Dans un champ à proximité de Breuschwickersheim, Alexandre Gonçalves, de la ligue pour la protection des oiseaux, désigne cinq points ondulant et virevoltant dans le ciel. « En voilà. On entend leur chant migratoire. Il est plus bref que leur chant habituel, complexe et territorial ». Passereau migrateur qui au début de l’automne file de nuit vers la péninsule ibérique et l’Afrique du Nord, l’alouette se pose de jour dans des champs où elle trouve à la fois le gîte et le couvert : elle niche au sol (son plumage brun strié de sombre lui permet de se fondre sur un sol de chaume) et se nourrit d’insectes, de graines, de petites plantules. L’occasion de les compter et d’en tirer des leçons au profit de la sauvegarde du hamster d’Alsace.
De l’utilité des espèces
Le grand hamster est une espèce parapluie dont la protection du domaine vital profite à toutes les autres qui vivent dans le même habitat. Sa protection va donc bien au-delà de sa seule survie.
L’alouette des champs est une espèce indicatrice c’est-à-dire que sa présence (son abondance ou son absence) atteste de l’évolution du milieu, de la faune ou de la flore. Les populations sont d’autant plus nombreuses que l’agriculture est extensive et variée.
En l’occurrence, l’alouette a été choisie par le groupement d’étude et de protection des mammifères d’Alsace (GEPMA) comme bio-indicateur de la qualité des cultures favorables au grand hamster.
Le GEPMA, partenaire du projet Life Alister, est en effet chargé de suivre l’impact environnemental des mesures prises dans le cadre du programme européen en faveur du rongeur. « L’avantage avec l’alouette c’est qu’elle réagit très vite à la modification de l’environnement », explique Julie Roux, du groupement.
Depuis 2013, le GEPMA, avec l’appui technique de la LPO, suit ainsi les populations d’alouettes sur les parcelles cultivées de manière à être favorables au hamster ainsi que sur des champs exploités de manière plus conventionnelle pour valider ou non les expérimentations.
Pour l’instant, l’étude n’a pas encore permis de dégager des certitudes, à cause surtout de la faible densité en couples nicheurs par rapport à la période de référence. De 1989 à 2009, les populations d’alouettes des champs avaient déjà diminué de 20 % et il semblerait que le phénomène s’accentue encore.
Les comptages se font deux fois par an : au printemps lors de la période de reproduction à l’arrivée des alouettes sur leur lieu de nidification et à l’automne lors de la migration vers le sud-ouest. La migration vers les lieux d’hivernage n’en est qu’à ses débuts ; le pic est attendu dans quinze jours.