Sur les traces de la maladie de Lyme - Interactions et déséquilibres
Publié le 16 Décembre 2016
Article paru dans les DNA -S.W. (16/11/2016)
Quel rapport entre la tique, le sapin et le loup ? Le gibier, dont la profusion par manque de prédateurs menace les jeunes pousses et favorise la prolifération de l’acarien honni.
Parce qu’il estime que le public n’a pas suffisamment conscience de la menace que représente la surpopulation d’ongulés pour la forêt, l’ancien garde forestier du Piémont des Vosges convoque dans un livre la peur des tiques et plus particulièrement la maladie de Lyme pour susciter une réaction.
« Ça fait quarante ans que je vois la forêt vosgienne et plus particulièrement les sapins décliner sans que rien ne soit fait », explique Patrick Haberer. Sans être contre le principe de la chasse, il incrimine les « mauvais » chasseurs qui en ne régulant pas suffisamment les populations de cervidés pour se ménager un cheptel seraient responsables de l’abroutissement des jeunes pousses.
L’équilibre sylvo-cinégétique est rompu avec des conséquences écologiques et économiques dramatiques : « Le revenu de la chasse est maintenant bien inférieur au coût des dégâts du gibier sur la forêt ».
La borréliose, véritable ennemi
À l’appui de son propos, le forestier s’est adjoint l’expertise de Nathalie Boulanger, entomologiste médicale à l’université de Strasbourg. Après avoir détaillé les connaissances actuelles sur les tiques et la borréliose de Lyme, la spécialiste confirme la corrélation entre l’augmentation des populations de cervidés et de sangliers et la prolifération des tiques. Elle rappelle toutefois que le sang des cervidés tue la bactérie Borrelia et que si plusieurs études lient la surpopulation à l’incidence de la maladie de Lyme, une, plus récente, menée par des scientifiques allemands, conclut à l’inverse que les cervidés réduiraient le risque de borréliose.
En attendant que de nouvelles recherches tranchent cette question et trouvent un remède à la borréliose de Lyme, le loup pourrait « régler le problème », insiste Patrick Haberer.
L’historien et spécialiste du loup Thomas Pfeiffer abonde en son sens. Même si le retour du loup oblige à sécuriser les élevages de moutons, par ses prélèvements sur le gibier, le grand prédateur permet un rééquilibrage naturel de la faune en forêt. Le véritable enjeu réside dans le rapport de l’homme au sauvage et dans l’acceptation du loup dans une nature malheureusement de plus en plus artificielle. Thomas Pfeiffer en profite pour rappeler son projet de Maison du loup où, à force de pédagogie, il espère réussir à « enraciner durablement le loup dans le cœur des hommes ».
Sur les traces de la maladie de Lyme, de Nathalie Boulanger, Patrick Haberer et Thomas Pfeiffer, ID Edition, 7 euros.