Deux eurodéputés demandent une commission d'enquête sur Monsanto
Publié le 25 Avril 2017
Lalibre.be - Publié le vendredi 21 avril 2017 à 13h08 -
Deux eurodéputés socialistes, membres de la commission de l’Agriculture, le Français Eric Andrieu et le Belge Marc Tarabella, annoncent vendredi qu'ils demandent l'ouverture d'une commission d'enquête sur Monsanto. Le géant américain de l'agrochimie, qui fabrique des produits phytosanitaires hautement controversés comme le glyphosate (Roundup), était dans le collimateur de 29 parlementaires européens depuis quelques semaines, après la sortie des "Monsanto papers". La justice fédérale américaine avait rendu publiques, le 16 mars, des centaines de pages de correspondance interne de Monsanto, qui prouvaient que l'entreprise s’inquiétait dès 1999 de la dangerosité du Roundup. Les eurodéputés avaient alors envoyé une lettre à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, lui demandant de ne pas renouveler l’autorisation du glyphosate dans l'Union européenne.
Ce courrier étant resté sans réponse, les deux eurodéputés veulent donc la mise en place d'une commission d'enquête sur les agissements de Monsanto. "Il faut mettre au pas ces multinationales, peu scrupuleuses, qui se moquent de la santé des consommateurs. Après la parution des "Monsanto papers", il ne fait plus aucun doute que de nombreux produits Monsanto sont particulièrement dangereux pour les citoyens. Avec mon collègue français Eric Andrieu, nous nous battrons pour obtenir gain de cause. La réaction européenne a souvent été dans la posture. Il faut du concret et des sanctions", déclare Marc Tarabella. "L’Europe doit taper du poing sur la table. Elle doit arrêter de dérouler le tapis rouge à ces grandes firmes et montrer qu’elle protège ses concitoyens de la mondialisation. A défaut, elle cessera d’exister" , dit, pour sa part, Eric Andrieu.
Les deux parlementaires interpelleront leurs collègues au sujet de la création d'une commission d'enquête lors de la prochaine réunion de la commission de l'Agriculture qui se tiendra les 2 et 3 mai. Pour qu'elle puisse être constituée, il faut l'approbation d'un quart des eurodéputés. "L'intérêt d'une telle commission serait de partir des "Monsanto papers" et d'élargir le périmètre d'investigation à d'autres produits dangereux, de faire la lumière sur la manière dont ils finissent dans les assiettes de 500 millions d'Européens", précise Marc Tarabella.
Eric Andrieu demande, par ailleurs, à la direction générale de la Concurrence de la Commission européenne d’intégrer le principe de sécurité alimentaire dans ses critères de "qualité", lors de l’examen du rachat de Monsanto par le groupe allemand Bayer. "La Commission européenne se doit de protéger les citoyens de cette fusion, qui serait un désastre pour la sécurité alimentaire de centaines de millions d’Européens", souligne-t-il.
Monsanto, accusé d'"écocide" par un tribunal international informel
Publié le mardi 18 avril 2017 à 20h25 - Mis à jour le mardi 18 avril 2017 à 20h26
Un tribunal citoyen informel de cinq juges professionnels a accusé mardi le géant américain Monsanto de violation des droits de l'Homme, d'impact négatif sur l'environnement ainsi que du crime d'"écocide".
Monsanto, qui produit des semences génétiquement modifiées ainsi que des pesticides controversés, a déjà rejeté les conclusions de cette assemblée, "organisée avec un résultat prédéterminé".
Ce tribunal citoyen a rendu un avis consultatif destiné à alimenter les lois existantes, notamment via la création d'une jurisprudence au sein du droit international, après un événement de trois jours organisé en octobre à La Haye par des centaines de groupes citoyens.
Chargés de répondre à six questions sur l'environnement, l'alimentation et la santé notamment, cinq juges professionnels internationaux avaient alors entendu une trentaine de témoins, dont des scientifiques, agriculteurs et apiculteurs.
Le tribunal informel a estimé mardi que "les activités de Monsanto causent des dommages aux sols, à l'eau et de manière générale à l'environnement".
Pour ces juges citoyens, "le droit international doit désormais affirmer, de manière précise et claire, la protection de l'environnement et le crime d'écocide", à savoir l'atteinte grave à l'environnement ou sa destruction.
"Le Tribunal relève que si le crime d'écocide devait être érigé, à l'avenir, au rang de droit international, les faits rapportés pourraient relever de la compétence de la Cour pénale internationale" (CPI), a-t-il indiqué , s'interrogeant sur sa complicité de crime de guerre en produisant le défoliant Agent Orange utilisé par les forces armées américaines (1962-1973) durant la guerre du Vietnam.
Basée à La Haye, la CPI est compétente pour poursuivre des auteurs présumés de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis depuis le 1er juillet 2002. Récemment, la procureure Fatou Bensouda a émis l'intention de se concentrer davantage sur les crimes environnementaux, tels que l'accaparement des terres.
Mais le géant de l'agrochimie et des OGM a accusé le tribunal citoyen informel d'être "mis en scène par un groupe sélectionné de critiques anti-technologie agricole et anti-Monsanto qui ont joué les organisateurs, le juge et le jury" et de nier "les preuves scientifiques existantes et les résultats judiciaires sur plusieurs thématiques".
"Nous restons engagés à un véritable dialogue avec ceux qui sont sincèrement intéressés par l'agriculture durable", a ajouté le groupe dans un communiqué.
Aux Etats-Unis, la fusion à 66 milliards de dollars entre l'allemand Bayer et Monsanto est actuellement en examen approfondi par le département américain de la Justice.