Hamster des villes, hamster des champs
Publié le 1 Mai 2017
Projet Alister Article paru dans les DNA Simone Wehrung le 16/09/2016
article plus ancien sur le financement de ce projet , en complément de l'article paru cette semaine , 27 avril 2017: Gîte et couvert pour le grand hamster
Dans une salle de l’animalerie de l’institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (CNRS-Unistra) sur le campus de Strasbourg-Cronenbourg, 15 cages aménagées de terriers artificiels, abritent 10 femelles et 5 mâles de l’espèce Cricetus cricetus. Depuis le mois de mars et jusqu’à l’automne 2017, ce groupe témoin de grands hamsters est scruté dans le moindre détail. Des lumières reproduisent fidèlement la lumière du jour en respectant l’obscurité à la base du rythme de vie de l’animal naturellement nocturne.
Dans la salle à côté, 15 autres hamsters sont eux soumis en plus la nuit à un éclairage tel qu’il existe dans les zones industrielles pour étudier l’impact de la pollution lumineuse sur leur comportement et leur physiologie.
Fréquence de sortie du terrier, de fourragement, poids, période de gestation pour les femelles, sécrétions hormonales, hibernation, tout est noté, étudié, comparé. L’idée étant « de vérifier si l’environnement des zones d’activité telles qu’elles existent en périphérie des centres urbains peut leur être favorable », explique Odile Petit directrice de recherche au département d’écologie, physiologie et éthologie de l’IPHC dont l’équipe conduit l’étude dans le cadre du projet Alister (lire encadré).
Pour insolite que pourrait paraître l’idée d’introduire des hamsters en milieu périurbain, l’idée est loin d’être absurde. À Vienne en Autriche, des hamsters sauvages vivent dans un parc arboré en plein centre-ville.
De nouveaux arrêtés en préparation
En Alsace, dans les secteurs où le sol s’y prête, la réduction des surfaces artificielles autour des entreprises et le remplacement des gazons par des prairies suffiraient à offrir le gîte et le couvert aux hamsters, sous réserve de l’impact de la pollution lumineuse.
Mais si l’expérience était concluante cela ne saurait évidemment pas dédouaner les autorités et les aménageurs de leurs obligations de protéger l’habitat naturel du grand hamster d’autant que la menace de sanction pécuniaire de l’Union européenne pour manquement en la matière pèse toujours sur la France. Et après l’annulation par le Conseil d’État avec effet au 15 octobre des arrêtés interministériels qui fixaient les périmètres de protection autour des terriers, les concertations se multiplient pour fixer les nouvelles règles. Mais cette fois-ci, les représentants des SCOT et les élus sont étroitement associés à la définition des périmètres. L’assouplissement des contraintes sur certains espaces périurbains devrait emporter leur adhésion.
Un projet LIFE
Le projet Alister vient en complément des plans nationaux d’actions pour sauver le grand hamster d’Alsace d’une totale disparition. Il vise à consolider les résultats obtenus par les lâchers de Cricetus cricetus, à soutenir les agriculteurs qui maintiennent des cultures favorables à l’animal, voire à imaginer des opportunités de développement des populations. Le projet est coordonné par la Région et réunit la Chambre d’agriculture, le CNRS, l’ONCFS, le GEPMA et le cabinet ACTéon. Pour un coût de 3 millions sur cinq ans, il est financé à 50 % par l’Union européenne dans le cadre de l’instrument financier Life +.
Deux représentants de la commission européenne sont d’ailleurs jusqu’à ce soir en Alsace pour contrôler la bonne utilisation des fonds et évaluer la pertinence des actions menées. En visite hier à l’IPHC, ils se sont dits « beaucoup plus optimistes qu’au début du projet. Il était risqué mais ce que nous avons vu jusqu’ici atteste d’une dynamique positive ».