La pie bavarde n’est plus « nuisible » dans le Haut-Rhin

Publié le 4 Juillet 2017

Le Conseil d’État vient d’annuler un arrêté qui classait certaines espèces dans la catégorie des « nuisibles ». L’annulation s’est faite au cas par cas. En Alsace, seule est concernée la pie bavarde dans le Haut-Rhin. Il est désormais interdit de la piéger.

La pie bavarde n’est plus considérée comme « nuisible » dans le Haut-Rhin. Illustration originale de JPL

La pie bavarde n’est plus considérée comme « nuisible » dans le Haut-Rhin. Illustration originale de JPL

France Nature Environnement et Humanité et Biodiversité viennent de remporter une petite bataille pour la protection des espèces que l’on disait « nuisibles », que l’on dit aujourd’hui « susceptibles de causer des dégâts ». Les deux associations avaient attaqué un arrêté de classement de certaines espèces datant de 2015. La juridiction a annulé l’arrêté pour plusieurs espèces dans différentes régions.

Moins de mille spécimens

En Alsace, cela ne concerne que la pie bavarde dans le Haut-Rhin. Rien ne change, donc, pour le lapin de garenne, le sanglier, le rat musqué, le ragondin, la fouine, le renard, etc. La décision s’applique immédiatement, dès lors les pies ne peuvent plus être piégées ni détruites dans le département.

Pour motiver sa décision, le Conseil d’État indique qu’il ne ressort pas des pièces fournies que la pie bavarde, avec moins de 1 000 spécimens prélevés entre 2011 et 2014, serait répandue de façon significative dans le Haut-Rhin. Il ajoute qu’il n’est pas prouvé non plus que ce volatile porte atteinte de façon significative aux exploitations, élevages ou habitats protégés par le code de l’environnement.

« Le Conseil d’État a fait une appréciation département par département : il n’y a plus d’espèces considérées a priori comme nuisibles, commente Sandrine Bélier, directrice d’Humanité et Biodiversité. Si ce n’est pas une annulation globale, c’est l’abandon d’un dogme pour une appréciation ponctuelle avec l’exigence de démontrer par des données scientifiques une prolifération exceptionnelle, par exemple, suite à des déséquilibres naturels. Dans ce cas, on autorise une régulation sur un temps donné. » Pour l’ancienne députée européenne, il s’agit d’« une demi-victoire ».

« Le piégeage, un loisir acceptable ? »

Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, est moins enthousiaste… Concernant l’annulation partielle de l’arrêt, il commente avec fatalisme : « Des arrêts de nuisibles cassés, il y en a eu tout au long de l’histoire de l’association ! » Des avancées peu signifiantes pour lui, d’autant plus, souligne-t-il, que « le délai de la justice ne correspond pas à la réalité du terrain ». Quant à l’abandon du mot « nuisible », ce n’est, pour lui, qu’un changement de façade : « Ça revient au même… On continue à classer les espèces en bonnes ou pas bonnes ! » S’il veut bien entendre qu’une espèce peut poser problème, il estime que la réponse apportée est « plus problématique » encore. Et conclut : « En fait, c’est simple : il y a un loisir qui existe, le piégeage. À chacun de dire si c’est acceptable ou pas, éthiquement parlant ! »

Rédigé par ANAB

Publié dans #Oiseaux

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R
Philippe, cela ne m'étonne guère et c'est scandaleux. <br /> Dans les départements du Sud des associations de chasse font des formations de "protection de la Nature". Je voudrais en connaitre le contenu car certains chasseurs sont respectueux mais je ne pense pas que ce soit la majorité vu les demandes extravagantes qu'ils font. Pourquoi chasser de jour et de nuit le renard (Ardennes) ou déterrer le blaireau (département de l'ouest et du centre) quand rien ne prouve que ces espèces sont en surpopulation.<br /> Ces prédateurs se régulent d'ailleurs eux mêmes quand il n'y a plus rien à manger. .<br /> <br /> <br /> Voir les nombreux articles de notre blog sur le renard. Une demande de chasse du renard de jour et de nuit a été déposée car espèce nuisible sur un constat de dégâts de 52 euros sur un village!! Le ridicule ne tue pas les chasseurs.
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P
Savez vous que les fédérations départementales des chasseurs sillonnent les lycées agricoles pour former les jeunes au piégeage. Moi, je me demande pourquoi les directeurs de ces établissements laissent perdurer ces pratiques!
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