Obsolescence programmée : réparer plutôt que jeter
Publié le 1 Août 2017
- Carton rouge pour les géants de la High-Tech, accusés par Greenpeace d'être coupables d'obsolescence programmée, rapporte Le Monde. Parmi les 17 marques testées, en partenariat avec le site spécialisé dans la réparation fait maison iFixit, Apple, Samsung et Microsoft font figure de mauvais élèves, même s'ils ne sont pas les seuls.
Le rapport précise avoir réalisé ce classement sur 44 des produits les plus vendus des deux dernières années. iFixit a ensuite noté, sur 10, chaque objet. Les critères? La facilité d'ouverture de l'appareil et de remplacement des pièces (batterie, écran, mémoire, processeur, etc), notamment. Mais aussi l'universalité de la visserie et des attaches ou encore la facilité à trouver des pièces détachées et des modes d'emploi en ligne.
Bref, plus l'objet a une note élevée, plus il sera simple et peu coûteux de remplacer vous même une pièce défectueuse ou d'améliorer sa puissance. À l'inverse, une note faible veut dire qu'il sera difficile voire impossible de réaliser ces opérations vous-même et à un prix abordable.
Des mauvais élèves qui excellent dans d'autres catégories
Des résultats simplifiés sont disponibles en ligne sur le site "Rethink", qui propose également de signer une pétition destinée aux constructeurs. Dans la catégorie smartphones, Samsung ferme la marche avec ses trois téléphones: galaxy S7, S7 edge et S8, qui obtiennent une note inférieure à la moyenne (3 et 4)
Côté tablettes, c'est Microsoft avec la Surface Pro 5 qui ferme la marche avec une note de 1/10, tout simplement, suivi de près par les iPad (2/10). Alors même que l'iPhone 7 d'Apple obtient un honorable 7/10.
De même, Samsung, à la traîne sur les smartphones, décroche un 9/10 pour son ordinateur portable Notebook Series 9. Dans cette catégorie, c'est encore une fois Apple (avec ses Retina Macbook et Macbook Pro) et Microsoft (Surface book) qui ferment la marche avec une note de 1/10.
Le problème principal qui touche la majorité des produits? Le remplacement de l'écran. 30 des 44 écrans testés sont difficiles ou coûteux à remplacer du fait même des choix de fabrication, selon le rapport.
"C'est de l'obsolescence programmée. La tendance est de concevoir des produits de moins en moins réparables, de plus en plus jetables pour 'booster' les ventes", affirme Robin Perkins de Greenpeace au Monde. Du côté de Microsoft, la société interrogée par le quotidien répond que la gamme Surface est destinée aux professionnels. Apple, lui, rappelle les "performances environnementales" et l'usage de "matériaux plus sûrs" permettant de " fabriquer des produits qui sont non seulement beaux, fins et puissants, mais aussi durables". L'entreprise précise également au HuffPost "investir dans des moyens de récupérer les matériaux composants nos produits"
Article paru dans les DNA/Anne-Camille Beckelynck (05/07/201)
Strasbourg - Parlement européen
C’est un téléphone portable qui, deux ans après sa mise en service, cesse brusquement de fonctionner – mort subite de la batterie. Problème : elle est soudée à l’appareil, tout est à jeter. C’est une télévision encore en excellent état qui tombe en panne subitement au bout de 24 mois. C’est une machine à laver qu’on soupçonne d’avoir un programme en plus que ceux à 60° ou « linge délicat » : un qui veut qu’elle rende l’âme au bout d’un nombre défini d’utilisations, toujours après la fin de la garantie.
Un problème hélas pas nouveau
Le problème de l’obsolescence programmée n’est pas nouveau, rappelle l’écologiste français Pascal Durand, auteur du rapport approuvé hier par le Parlement : des ampoules à filament increvable ont été transformées, au siècle dernier, en « filament mille heures », histoire qu’on soit obligé de les remplacer. Quant aux ruineux bas nylon, ils pourraient en fait tout-à-fait ne pas filer au bout d’une seule journée…
Mais ce problème ancien s’est généralisé. Combien de chaînes hi-fi des années 1970 sont encore en parfait état de marche alors que celles achetées il y a 3 ans donnent déjà des signes de faiblesse ? Seulement, « il est extrêmement difficile de prouver la programmation de l’obsolescence », constate Pascal Durand. Son rapport s’intéresse donc plus aux conséquences qu’aux causes : le texte négocié par l’écologiste français souhaite qu’on puisse réparer les objets si vite périmés. L’alimentation de la télé placée trop près du radiateur ou la batterie du téléphone devraient pouvoir être changées sans avoir à tout mettre à la poubelle. D’autant que ces objets, particulièrement ceux avec des circuits imprimés, sont démantelés en Asie dans des conditions qui font honte à l’humanité.
Une demande de légifération envoyée
Le rapport largement adopté hier n’a rien de législatif : c’est une demande envoyée à la Commission européenne de légiférer sur la question. En gros, les élus se saisissent d’un problème réel du quotidien pour demander une directive. Celle-ci, estiment-ils, devra adopter « des critères de résistance minimum » pour les appareils vendus dans l’UE, et favoriser les filières de réparation, pourquoi pas par une TVA réduite. « On constate que les consommateurs en sont très demandeurs », insiste Pascal Durand. Ce dernier ne sera pas affecté par une éventuelle obsolescence des ascenseurs parlementaires : en écolo pur et dur, il monte à son bureau au sixième étage par les escaliers.