Crit’air, mode d’emploi

Publié le 14 Août 2017

Paru dans DNA MSK + DNA/Simone Wehrung (11/08/2017)

Le 1er novembre, l’Eurométropole de Strasbourg instaurera une circulation différenciée sur son territoire. En clair, à compter du troisième jour d’alerte d’un pic de pollution, il faudra avoir la bonne vignette sur son pare-brise pour pouvoir circuler.

Le transport routier est source d’émission majoritaire pour les oxydes d’azote et source importante d’émission de particules. Photo : DNA - Michel FRISON

Le transport routier est source d’émission majoritaire pour les oxydes d’azote et source importante d’émission de particules. Photo : DNA - Michel FRISON

On a expliqué déjà le levier d’amélioration de la qualité de l’air que la vignette Crit’air doit apporter dans l’agglomération strasbourgeoise. On a rendu compte aussi de la polémique sur le sentiment d’une « punition » des automobilistes aux revenus les plus modestes, dont les véhicules sont souvent les plus âgés et, partant, les plus polluants. Voici quelques conseils strictement pratiques pour tous les usagers de la route.

Rappel : la vignette Crit’air est un autocollant à apposer sur le pare-brise de sa voiture ou sur son deux-roues à moteur (également concerné). Elle indique un classement de 0 à 5 pour lesdits véhicules, selon leur date d’immatriculation et le carburant qu’ils utilisent (voir le détail sur l’infographie ci-contre). Selon le classement de son véhicule, on pourra circuler ou non sur le territoire de l’Eurométropole en cas de pic de pollution prolongé.

Pas d’obligation

Précision : prendre sa vignette n’est pas obligatoire. Sur le site d’inscription officiel, un simulateur permet d’anticiper le classement de son véhicule. S’il est dans les catégories 4 et 5 qui seront interdites de circulation lors de l’enclenchement du dispositif, on peut décider, par exemple, de ne pas prendre sa vignette, puisqu’on ne circulera pas de toute manière…

Les véhicules sans vignette pourront circuler normalement en dehors des épisodes de circulation différenciée, sans être verbalisés. Ne seront verbalisés que les véhicules sans vignette, ou avec une vignette de catégorie 4 ou 5, contrôlés sur une des 33 communes de l’Eurométropole en période de circulation différenciée.

Précisons encore que la vignette doit être acquise aussi par les automobilistes venant de l’extérieur. Et que la circulation différenciée s’appliquera au troisième jour d’alerte d’un pic de pollution.

Attention : il est vivement recommandé de n’acquérir sa vignette que par le site officiel www.certificat-air.gouv.fr. D’autres sites proposent le service en se posant comme intermédiaire et en prenant une petite commission au passage. Cet euro supplémentaire n’est pas le plus problématique. Les payements en ligne sur ces sites n’étant pas sécurisés, il y a de gros risques de se faire pirater sa carte bleue.

Et si on n’est pas connecté ? Pour la démarche en ligne, la vignette coûte 4,18 €. Mais les personnes qui ne sont pas à l’aise avec internet ou qui ne disposent pas d’un ordinateur pourront commander leur vignette par courrier postal. Il faudra pour cela se procurer le formulaire d’inscription auprès de la préfecture du Bas-Rhin, place de la République à Strasbourg, ou demander l’envoi dudit formulaire en appelant le numéro vert (gratuit) dédié : 0800 97 00 33. Puis renvoyer le formulaire dûment rempli par la Poste avec un chèque à l’adresse suivante : Service de délivrance des Certificats Qualité de l’Air, BP 50 637, 59 506 Douai Cedex. Vient donc s’ajouter le coût d’un timbre-poste.

Quoi qu’il en soit, s’y prendre avant fin septembre paraît raisonnable pour être sûr d’avoir son autocollant en temps et en heure.

Crit’air, mode d’emploi

Le diesel, poison atmosphérique

Cinq médecins et chercheurs de Strasbourg, Harvard, Dijon et Bruxelles rappellent que la pollution de l’air est un facteur de risque indiscutable de maladies cardiovasculaires. En tête des polluants les plus toxiques, le diesel.

L’année dernière, l’agence Santé publique France avait chiffré à 48 000 le nombre de décès imputables dans l’Hexagone aux particules fines dans l’air

L’année dernière, l’agence Santé publique France avait chiffré à 48 000 le nombre de décès imputables dans l’Hexagone aux particules fines dans l’air

On le savait déjà mais face à la lenteur des réactions, il est toujours bon de le répéter et de le repréciser : la pollution de l’air a (entre autres) des effets cardiovasculaires même à des concentrations inférieures aux normes européennes. Soit la majeure partie du temps en zone urbaine et périurbaine… « Il n’y a d’ailleurs pas d’effet de seuil », rappelle le Dr Thomas Bourdrel, radiologue strasbourgeois, signataire avec notamment le Pr Olivier Morel, cardiologue au Nouvel hôpital civil de Strasbourg, de cette nouvelle étude sur l’impact sanitaire de la pollution de l’air. Quelles que soient les concentrations de polluants dans l’atmosphère, il y a une incidence sur notre santé.

Tous exposés

L’article paru dans la revue Archives of Cardiovascular Diseases (*) de la société française de cardiologie insiste sur l’évidence des liens de cause à effet. En analysant les principales études internationales de ces vingt dernières années et en les combinant avec les études épidémiologiques et toxicologiques menées chez l’homme et l’animal, les auteurs concluent que les principaux effets cardiovasculaires de la pollution de l’air s’observent après plusieurs années d’exposition. À long terme, chaque augmentation annuelle de 10 µg/m³ de particules fines s’accompagne en moyenne d’une croissance de la mortalité cardiovasculaire de 11 %, du risque d’infarctus de 12 % et d’accidents vasculaires cérébraux de 19 %. « Ces effets sont principalement dus à une augmentation de l’artériosclérose, de la pression artérielle ainsi que des marqueurs de stress oxydatifs et inflammatoires ».

Mais des effets sont constatés également à court terme, lors des pics de pollution : ils se traduisent par une augmentation des risques cardiovasculaires de 3 à 5 %, estimation basse.

Des effets même chez des sujets sains

« L’originalité de notre travail vient aussi de l’analyse croisée avec les études interventionnelles », explique le Dr Bourdrel, par ailleurs membre du collectif Strasbourg Respire et à l’origine en 2015 de l’appel des médecins strasbourgeois pour une meilleure qualité de l’air. Les constats épidémiologiques sont renforcés par les résultats des expériences de pédalage modéré en chambre d’exposition dans lesquelles les patients sont exposés qui à du diesel, qui à de l’air pur.

L’exercice dans une atmosphère équivalente à un épisode aigu de pollution durant 3-4 heures en France démontre « qu’une courte exposition au diesel entraîne un stress oxydatif majeur » conduisant à des effets délétères « y compris chez des sujets en bonne santé ». La plus grande prudence est donc de mise « concernant la pratique du sport lors de pics de pollution, y compris pour des patients jeunes et sans antécédents » alors que jusqu’ici les recommandations des autorités ne s’adressent en général qu’aux personnes sensibles.

Cela vaut pour tous les polluants mais les particules fines et ultrafines issues des processus de combustion sont parmi les plus nocives. La toxicité la plus évidente est celle imputable au diesel en raison du cocktail de particules additionnées de dioxyde d’azote et de HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) tout aussi malsains.

Les auteurs de l’étude alertent sur les particules ultra-fines (PM 0,1 ) qui représentent « plus de 90 % des particules émises par le trafic routier mais ne sont toujours pas prises en compte dans les mesures et normes en vigueur dans l’air ambiant ».

* À lire (en anglais avec un résumé en français) sur http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1875213617301304

Rédigé par ANAB

Publié dans #Pollution-pesticides

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R
Oui, J P c'est le moment de sortir vos Rolls
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J
ce ne serait même pas la plus polluante avec un petit V8 de 53 cv/essence,il y'a actuellement un Hummer à saisir sur le Bon Coin avec pastille verte car utilisant du GPL<br /> mais rien ne vaut l'odeur suave et douceureuse d'un bon vieux Perkins ou d'un vieux 6 cyl Indenor au démarrage à froid dans une brume bleue de gas oil enveloppant le vaisseau ..!
J
Vivent les voitures de plus de 30 ans et de collection : là on peut y aller à coeur-joie et sans limite !
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