Cortinaire à squames rouges et généralités sur les cortinaires
Publié le 25 Novembre 2017
Nom scientifique : Cortinarius bolaris(Pers.) Fr. 1838
Date de l’observation: 24 juillet 2017 à Keskastel
Division des basidiomycota, : Famille des cortinariaceae
De petite taille , ce cortinaire sait pourtant se faire remarquer par les couleurs vives de ses squames rouges sur fond jaunâtre. Ces squames fines et denses au disque sont plus clairsemées et larges vers le bord du chapeau tout en dessinant de pseudo cercles concentriques
Lamelles : adnées à légèrement décurrentes, moyennement espacées, larges, à lamelles et lamellules intercalées, de couleur crème devenant rousses en vieillissant
Pied : chiné de fines méchules (petites mèches) roussâtres à rougeâtres, jaunissant au touche
Sporée : brune rouille
Habitat: dans la mousse sous les bouleaux, hêtres et chênes en bois de feuillus mais aussi en bois mêlés, appréciant les terrains acides
Consommation: toxique
Avec ce champignon, nous allons parler d’un genre très difficile, les cortinaires. Ces champignons ont pour caractéristiques générales d’avoir des lames non libres, d’être mycorhiziens, d’avoir une sporée brune rouille. Une autre de leurs caractéristiques est la présence fréquente sur le sporophore d'une « cortine », sorte de voile fin qui relie le chapeau au pied sur les sujets jeunes ou matérialisé des vestiges sur le pied. La cortine correspond à ce qu’on appelle le voile partiel, élément de protection des lames du champignon dans sa jeunesse. Chez d’autres champignons, les vestiges du voile partiel se matérialisent sous forme d’un anneau sur le pied.
Protection : classé intérêt Znieff en Lorraine
Il n’ y a pas que dans le genre Cortinarius qu’on peut trouver de la cortine. Par exemple, certains membres du genre Hebeloma possèdent également de la cortine sur le pied.
Les cortinaires sont une vaste famille de plus de 400 espèces, qui ne contient aucun champignon digne d’intérêt du point de vue culinaire, si ce n’est le cortinaire remarquable (Cortinarius praestans), comestible moyen mais intéressant par ses dimensions. Mais comme le cortinaire remarquable devient rare, le cueilleur responsable le laissera sur place.
D’autres sont des comestibles médiocres, d’autres inconsommables de par leur odeur ou saveur et la comestibilité d’un grand nombre d’entre eux est encore incertaine. Parmi les Cortinaires on trouve également des membres mortels par ingestion comme le cortinaire couleur de rocou (Cortinarius orellanus) et le cortinaire très joli (Cortinarius speciosissimus), qui se caractérisent par de belles couleurs vives. Les symptômes que ces champignons occasionnent sont nommés syndrome orellanien. Ils débutent environ 24 heures après l'ingestion, et évoluent après une à trois semaines en une insuffisance rénale aiguë, qui peut devenir chronique en cas de survie du patient. Il suffit de 35 grammes de ces champignons pour provoquer la mort d'un adulte. Pour cette raison, il faut rejeter impérativement tous les cortinaires à chair jaune, orange ou rouge. Mais considérant ce qu’on a vu précédemment, on ne ramassera aucun cortinaire pour la consommation.
L’identification d’un cortinaire, sauf quelques membres caractéristiques, n’est pas chose aisée. Bien souvent il faut disposer d’échantillons en excellent état et à tous les âges. Mais globalement on peut distinguer les cortinaires à pied et chapeau visqueux (les myxacium), les cortinaires avec seulement le chapeau visqueux (les phlegmacium) et ceux qui n’ont aucune viscosité. Il faudra prêter attention à de nombreux critères comme la couleur de la cortine, l’odeur, etc. Comme quelquefois certains critères de détermination ne se rencontrent que sur de jeunes spécimens, on conçoit aisément que c’est très difficile d’identifier un cortinaire avec un seul spécimen.
De façon générale je déconseille l’identification d’un champignon à partir d’un seul spécimen. D’une part, on peut avoir une telle variabilité entre individus d’une même espèce qu’un seul échantillon ne sera jamais représentatif. D’autre part, on l’a vu chez les cortinaires mais c’est applicable à d’autres champignons, certains caractères d’identification ne peuvent être visibles que sur des sujets jeunes ou disparaître chez les sujets âgés, voire aussi disparaître à cause des conditions climatiques (la pluie par exemple peut lessiver les flocons du chapeau des amanites, la pluie peut diluer les pigments d’un champignon, un temps sec peut faire s’affaisser le chapeau d’un champignon, faisant ainsi apparaître des stries sur le bord du chapeau, etc.)
En bref, quand on veut connaître le nom d’un champignon, outre déjà de ne pas le déposer dans le panier avec ceux qu’on consommera, il est essentiel d’avoir plusieurs échantillons pour l’identifier, de tous les âges et en excellent état. Le cueilleur responsable gardera en tête cette notion de variabilité chez les champignons et ne se fiera jamais à l’expérience ou a de simples comparatifs sur photos. Une photo ne peut pas exprimer tous les caractères utiles et la variabilité. Le fait de connaître parfaitement un champignon ne dispense pas de la vérification.
Enfin, on mesure l’importance de savoir décrire un champignon. Connaître un champignon, c’est savoir expliquer tous les critères d’identification qui permettent de ne pas se tromper. Et il est indispensable d’en connaître plusieurs pour éviter de dangereuses confusions. Un cueilleur responsable sait expliquer tous ces critères, connaît les sosies toxiques et ne se réfugiera pas derrière des arguments dangereux comme « ça fait quarante ans que je le cueille, etc. » Le cueilleur responsable sait qu’en mycologie, l’humilité, le questionnement et l’absence de certitudes sont gages de longévité.
Source : http://www.mycodb.fr/fiche.php?genre=Cortinarius&espece=bolaris
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab )