Pollinisation des plantes par les insectes : 2/ les hyménoptères
Publié le 10 Décembre 2017
La pollinisation des plantes par les insectes : les coléoptères épisode 1 |
Pollinisation des plantes par les insectes : les hyménoptères épisode2 |
Pollinisation des plantes par les insectes : les diptères épisode 3 |
La pollinisation des plantes par les insectes : les papillons épisode 4 |
La pollinisation des plantes par les animaux vertébrés ou zoogamie- épisode 5 |
Pollinisation par soi même= autopollinisation- épisode 6 |
La pollinisation des plantes à fleurs, est le transport des grains de pollen des anthères, organes mâles qui les élaborent jusqu’aux stigmates, parties réceptrices femelles de la fleur.
Ce transport permet la réunion des patrimoines génétiques femelle et mâle d’une plante et par suite la dissémination de la plante via les graines ou/et les fruits qui contiennent les graines. Nous nous intéressons pour le moment à la pollinisation par les insectes.
Nous avons déjà vu dans un article précédent que les coléoptères pollinisent les fleurs.
En fait d’autres groupes d’insectes pollinisent les fleurs comme celui des hyménoptères Cet ordre des insectes regroupe 250 000 espèces de par le monde.
Leurs caractères communs sont pour résumer :
- des insectes à métamorphose complète en 4 stades (œuf, larve, nymphe, imago)
- 4 ailes membraneuses assemblées pour un vol efficace
- des pièces buccales de type broyeur-lécheur
- La majorité sont des parasitoïdes, d’autres sont prédateurs, phytophages et pollinisateurs.
- Certains sont des insectes sociaux et vivent en colonies.
Ce sont, pour mieux illustrer :
les abeilles domestiques, les bourdons, les guêpes, les mégachiles, les xylocopes, les osmies, les fourmis.. Ils sont les plus importants pollinisateurs.
Il existe plus de 2.500 espèces d’abeilles autres que l’abeille domestique en Europe !!
1/ Bourdons et abeilles (Apidés): les spécialistes du pollen :
De nombreux coléoptères sont sans poils. Ici pour nombre d’ Hyménoptères, c’est le contraire..
La morphologie des abeilles et bourdons est très bien adaptée au transfert de pollen depuis la fleur jusque sur leur corps. Leur corps est recouvert de très nombreux poils branchus et leur régime alimentaire est constitué uniquement de pollen et de nectar.
Les poils sont une vraie brosse à récolter le pollen.
Certaines espèces comme notre abeille domestique sont pourvues d’organes de récolte de pollen très spécialisés et sophistiqués.
L’abeille domestique possède des poils raides sur les faces internes des tibias de ses pattes pour ratisser le pollen et en plus une vraie brosse constituée de poils raides sur l’extérieur des tarses des pattes arrières.
Le transfert de pollen depuis la fleur est complexe mais efficace :
« L’Abeille domestique, elle, commence par frotter avec ses pattes avant les anthères des fleurs. Le pollen se décroche et son corps poilu s’en retrouve couvert. Après avoir prélevé le pollen éparpillé sur ses poils, elle doit le stocker pour effectuer un passage sur d’autres fleurs avant de ramener le tout à la ruche.
Avec sa première et sa deuxième paires de pattes, elle regroupe l’ensemble du pollen, qu’elle compacte avec un peu de nectar régurgité, puis le fait passer aux pattes postérieures. Celles-ci sont équipées, sur leur face interne, d’une véritable brosse à pollen nommée scopa et constituée de poils qui réceptionnent l’arrivage.
Un autre « instrument » entre alors en jeu pour la troisième étape de cette récolte : entre le tibia et le métatarse, se trouve un peigne à pollen auquel fait face un poussoir. L’Abeille détache le pollen de la brosse d’une patte avec le peigne de l’autre patte pour le placer sur la face extérieure de ces mêmes pattes arrières, au niveau du tibia, où se trouve une corbeille à pollen. C’est là que se forme la pelote aux jaunes variables que l’on peut remarquer sur les Abeilles en récolte.
Tassé sur les poils et retenu par une bordure de soies raides que l’on nomme râteau, le pollen s’accumule ainsi petit-à-petit jusqu’à ce que l’Abeille aille le décrocher avec ses deux paires de pattes arrières et le dépose dans les alvéoles de la ruche. » Extrait de lanaturedespres.
Le dessin des pattes provient également de ce site.
2/ Efficacité des bourdons : ( Prof. Mohammed Sarehane,)
Si on compare les bourdons avec d’autres pollinisateurs par exemple les abeilles, on trouve que les bourdons sont des bons pollinisateurs, ils ont un rythme de travail très fort. Chaque minute ils visitent les fleurs deux fois plus que d’autre insecte. Les bourdons supportent des charges lourdes des étamines et des pistils .
Les bourdons sont en outre actifs dans les circonstances les plus diverses. Ils se sentent plus à l’aise dans les serres/tunnels que les abeilles, notamment dans les espaces de petites dimensions, et butinent encore à des températures relativement basses (environ 10 °C) et à faible intensité lumineuse. Un vent fort et une pluie fine ne les gênent pas non plus. L’absence d’un système de communication est un avantage important des bourdons par rapport aux abeilles.Il peut donc arriver qu’elles quittent en masse le lieu de culture. Les bourdons ne disposent pas d’un tel système de communication.
3/ Familles principales des abeilles :
Ces familles se distinguent par la forme et la longueur de leur langue et leur mode de vie.
Ceci implique une exploitation du nectar et du pollen différentes et donc souvent des fleurs différentes. Ainsi tous les insectes ne butinent pas tous les mêmes espèces de fleurs et à l’extrême certains sont liés à une seule espèce.
Les abeilles sont incapables de butiner certaines fleurs dont les étamines et nectaires sont enfouis ou protégés par une corolle fermée et tubuleuse.
Les bourdons avec leur langue longue et puissante arrivent eux à perforer latéralement les pétales ou l’éperon de fleurs qui protègent la source de nectar et de pollen. Voir un exemple en photo avec la consoude. Les coroles des corydales sont également presque toutes perforées à la base si vous observez bien au moment de leur floraison.
Il est difficile pour un non spécialiste d’identifier les abeilles. Les principales familles sont:
- les Apidés dont nous avons parlé
- les Andrénidés , abeilles solitaires des sables à langue courte. Certaines sont spécialisées sur un type de plantes comme l’Andrène de la bryone.
- les Collétidés à courte langue bifide. Ce sont aussi des abeilles solitaires vivant dans le sol et qui ferment par un film translucide les cellules où elles ont pondu leurs larves.
- les Mégachilidés ont une longue langue et des mandibules puissantes. Leur système de récolte du pollen est sous le ventre, très velu et non pas sur les pattes. Elles découpent des feuilles pour construire leur nid.
- les Mélitidés, rares en France, ont une langue courte et sont, elles aussi, spécialisées dans des fleurs bien précises.
4/ Exemples d’efficacité de pollinisation selon des études faites au Maroc
Beaucoup de cultures maraîchères au Maroc dépendent fortement ou totalement d’une pollinisation entomophile : les cucurbitacées
(courgette, melon, pastèque), les solanées (tomate, poivron), les protéagineuses (fève et féverole) et de nombreux légumes et condiments (artichaut, chou, fenouil, oignon, persil, poireau, carotte, navet, ...) pour leur semence.
La part de la pollinisation serait de 30% pour le melon et la tomate mais le gain de productivité serait de 80% pour le melon pour des cultures souvent pratiquées sous serres !
Pour le melon il faut 4 ruches à l’hectare au printemps, 2 en hiver. Les insectes pollinisateurs sont l(abeille 80%, les bourdons 15%, les fourmis 5% et les papillons %.
Les besoin sont de 8 à 12 ruches pour les fraises qui demandent donc une densité élevée d’abeilles.
A noter que pour la courgette ce sont, au Maroc, les fourmis sauvages qui assurent la pollinisation à près de 75%.
5/ Hyménoptères pas ou peu concernés par la pollinisation
Il s’agit d’abord des espèces carnivores comme les guêpes et fourmis. Ils nourrissent leurs larves avec des proies, riches en protéines pas avec du pollen.
Exceptions: certains types de fourmis sont des pollinisatrices.
Il existe des hyménoptères ressemblant à s’y méprendre à des guêpes qui ,comme tout le monde le sait, sont armées d'un redoutable aiguillon. Elles utilisent leurs couleurs et aspect pour effrayer et faire fuir un prédateur éventuel.
Les espèces qui en parasitent d’autres n’ont pas besoin de faire des réserves de pollen et sont donc nettement moins recouvertes de poils.