Prairies humides : un patrimoine à préserver
Publié le 11 Décembre 2017
Cette année, le Conservatoire des sites alsaciens (CSA) a particulièrement investi dans la conservation des prairies humides du site des Boehlmatten, à Herbsheim. Photos dna
paru dans les DNA Valérie Wackenheim 09/12/2017
Cette année, les prairies humides de la Zembs, sises entre Herbsheim et Obenheim au lieu-dit Boehlmatten ont été particulièrement choyées par le Conservatoire des sites alsaciens (CSA). D’importants travaux de renaturation et d’entretiens écologiques ont été menés sur cet espace naturel riedien de 35,5 hectares, l’un des plus remarquables d’Alsace.
Sur le site des Boehlmatten, à Herbsheim, mardi matin. Membres du Conservatoire des sites Alsaciens (CSA), représentants du Département et de la commune, de l’Union nationale des industriels de carrières et matériaux (UNICEM) et de la Section aménagement végétal d’Alsace (SAVA) ont revêtu bottes et bonnets pour arpenter les prairies humides de cette partie du Ried noir de la Zembs.
La particularité de cet espace de 35,5 hectares répartis entre Herbsheim et Obenheim ? « Il se caractérise par des remontées de la nappe phréatique », confie Hubert Hurstel, conservateur bénévole, référent du CSA dans la Comcom du canton d’Erstein (CCCE). Un site exceptionnel de par la faune et la flore qu’il abrite. « On y trouve des raretés comme le glaïeul palustre, l’iris de Sibérie, la gentiane, les orchidées. » Et si le courlis n’y a pas fait son nid cette année, « on l’a entendu chanter au printemps », confie Gilles Grunenwald, technicien référent du CSA pour le secteur Herbsheim-Rossfeld. Mardi, les chevreuils, qui occupent également le lieu, ont même arrêté leur course pour regarder passer les promeneurs du jour.
Cette année, le CSA a consenti un effort important pour la préservation de ce joyau naturel. « De gros travaux d’entretiens écologiques et de renaturation ont eu lieu. Certains sont encore en cours », explique Michel Durousseau, directeur du CSA. Deux chantiers nature ont eu lieu. Ils ont mobilisé une quarantaine de salariés des entreprises adhérentes à l’Unicem, et ce, à l’occasion de la journée de solidarité-entreprises. Les membres de l’association Bulle du Ried, ainsi qu’une vingtaine de bénévoles du CSA ont aussi mis la main à la pâte.
Quelques arbres ont ainsi été débités après avoir été préalablement coupés, tout comme une partie des haies. L’objectif ? Rouvrir le milieu afin que les prairies regagnent du terrain. Cette opération a été répétée mardi par les hommes de la Sava, un peu plus loin, derrière les tumuli - anciens tombeaux datant du VIIe ou VIe siècle avant JC. « La Sava est une structure d’insertion avec qui nous travaillons depuis longtemps, déclare le président du CSA. 50 % de notre budget travaux est d’ailleurs confié à des structures d’économies sociales et solidaires. »
À côté des chantiers-nature exécutés par les bénévoles, le CSA confie également des travaux d’entretien et de renaturation à la SAVA.
À côté des chantiers-nature exécutés par les bénévoles, le CSA confie également des travaux d’entretien et de renaturation à la SAVA. 1530 kaiser
« Les prairies jouent un rôle capital dans l’épuration naturelle de l’eau »
Autres partenaires de choix ? « Les agriculteurs - 150 au total, une dizaine sur les Boehlmatten. Ils ont le savoir-faire et les outils. Ils fauchent plus tardivement et réalisent pour nous des travaux d’entretien, à l’instar de Jean-Paul Fehlmann », aujourd’hui retraité. Sa mission depuis trois semaines : l’entretien de plusieurs kilomètres de lisière. « Là, je broie avec une épareuse ce que j’ai coupé la semaine dernière, explique l’ex-agriculteur. Un patrimoine comme ça, ça s’entretient, sinon la forêt grignote tout. »
La plupart des prairies riediennes, hauts lieux de la biodiversité locale ont aujourd’hui disparu. Elles n’existent plus que de manière résiduelle. En cause ? « Le développement économique, celui des voies de communication, l’urbanisation, certaines techniques agricoles », énumère Michel Durousseau. Ces dernières tendent à faire diminuer la hauteur de la nappe et donc à assécher les prairies. « Or, elles jouent un rôle capital dans l’épuration naturelle de l’eau et dans la régénération de la nappe phréatique. Elles jouent un rôle d’autant plus important dans le contexte de réchauffement climatique. Ce sont aussi des zones d’expansion naturelle des crues, permettant ainsi au cycle de l’eau de fonctionner. Ces travaux sont un investissement pour la biodiversité et pour l’avenir ! »