Donner une chance au grand tétras

Publié le 5 Février 2018

Il ne reste plus qu’une centaine d’individus adultes dans le massif vosgien. Photo Groupe tétras Vosges

Il ne reste plus qu’une centaine d’individus adultes dans le massif vosgien. Photo Groupe tétras Vosges

DNA/Paru dans les DNA Françoise Marissal 28/01/2018

 



L’ONF et le Groupe tétras Vosges ont renouvelé leur partenariat pour maintenir voire faire progresser la population de grands tétras dans les Vosges. Avec une centaine d’individus, l’oiseau est toujours en danger.

Bien faite - durée 3min 16sec

Un massif de petite taille arpenté par une foule de visiteurs : on ne peut envisager pire pour le grand tétras, ou coq de bruyère. Car Tetrao urogallus est un oiseau farouche et a besoin de tranquillité. Françoise Preiss, chargée de mission au Groupe tétras Vosges (GTV), le confirme : « Les Vosges sont le massif de France où il est le plus menacé. » Elles comptent environ 100 individus adultes, alors qu’on estime à 500 le nombre nécessaire pour que l’espèce soit viable.

Le GTV et l’ONF (Office national des forêts) ont signé vendredi dernier à Colmar une convention pour renouveler leur partenariat en vue de sa sauvegarde.

Jusque dans les années 70, la diminution de la population de grand tétras était principalement due à la destruction de son habitat. « Depuis, la politique forestière a évolué, l’ONF a désormais une gestion multifonctionnelle, impliquant les notions économiques, mais également écologiques et sociétales », indique Jean-Pierre Renaud, directeur de l’ONF Grand Est.

Tout dérangement peut lui être fatal

Le problème aujourd’hui est celui de la quiétude – ou plutôt l’absence de quiétude. « Nous aurons beau continuer à mettre en place des habitats adaptés, si le grand tétras est dérangé, cela ne servira à rien », soulignent Françoise Preiss et Jean-Yves Boitte, directeur de l’agence Vosges Montagne à l’ONF, chargée du suivi du grand tétras.

En effet, non seulement la fréquentation du massif a augmenté, mais les habitudes des visiteurs ont changé : « Il y a vingt ans, les loisirs se pratiquaient sur des sentiers prévus ; aujourd’hui, les gens en sortent. » Le problème est particulièrement criant en hiver, quand les tétras sont fragilisés par la rareté de la nourriture. « Tout dérangement (fondeur, pratiquant de raquettes) peut lui être fatal », souligne Samuel Audinot, président du GTV.

Prolifération du gibier : destructrice également

L’idée n’est pas d’empêcher les gens d’aller en forêt, mais de zoner et canaliser. »

La prolifération du gibier a également des incidences : « Les sangliers mangent les œufs et dérangent les oiseaux ; les cerfs mangent les myrtilles et les pousses de sapins et détruisent donc la nourriture et l’abri des grands tétras. »

C’est pourquoi l’ONF compte agir pour interdire le nourrissage des sangliers là où il n’y a pas de cultures sensibles aux dégâts de gibier. « Nourrir des sangliers à 800 ou 900 mètres est une aberration », reprend Jean-Pierre Renaud.

On pourrait se demander pourquoi faire tant pour une espèce : « Pourquoi garde-t-on la cathédrale de Strasbourg ?, rétorque Françoise Preiss. Le tétras est aussi un patrimoine. » De plus, le grand tétras est ce qu’on appelle une “espèce parapluie”, un baromètre de la qualité d’un biotope.

Samuel Audinot se veut optimiste : « On espère que tout ce travail permettra de maintenir, voire augmenter leur population ; la situation n’est pas désespérée. »

Rédigé par ANAB

Publié dans #Protection animale

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