Histoire de lichens épisode 14 Et si vous vous mettiez à la Lichénologie ? (et Lecanora muralis)
Publié le 10 Mars 2018
Nom scientifique : Lecanora muralis (Schreb.) Rabenh.
Date de l’observation: 10 janvier 2018 à Zetting
Division des Ascomycota, famille des lecanoraceae
Biotope : sur des surfaces rocheuses et sur nombreux substrats artificiels (murs, béton, mortier, tuiles...)
Nous avons vu dans les épisodes précédents plusieurs caractéristiques sur ces organismes étonnants que sont les lichens. Toutes ces connaissances sont possibles grâce à des naturalistes, des scientifiques, des chercheurs qui s’y intéressent. Ce sont les lichénologues.
La lichénologie est la science qui étudie les lichens. Certains la considère comme une branche de la mycologie, d’autres comme une discipline à part.
L'Association française de Lichénologie regroupe environ 300 membres, amateurs ou professionnels, qui s’intéressent aux champignons lichénisés (ou lichens) et lichénicoles (qui poussent sur des lichens) pour les reconnaître dans la nature, se familiariser avec leurs propriétés, leur classification, leur écologie, leur rôle, leur protection et leur utilisation. C’est une mine d’information pour qui veut en savoir davantage sur les lichens.
Matériel pour étudier un lichen
Pour la détermination des espèces, une petite loupe (x10) et quelques réactifs chimiques (eau de Javel, hydroxyde de potassium) suffisent pour identifier les principaux lichens corticoles foliacés ou fruticuleux présents sur les arbres de nos villes. Mais il faut déjà ouvrir ses yeux et observer son environnement. Les lichens sont presque partout.
Pour compléter, le matériel suivant est recommandé :
- Loupe binoculaire (grossissement x20 minimum, x60 souhaitable); c’est très certainement l’instrument le plus important pour l’observation de fins détails (soralies, isidies, pseudocyphelles, etc.) et la détermination des espèces ;
- Microscope optique avec objectifs x10, x40 et x100 à immersion, et oculaire (x10) micrométrique
pour faire les mesures
- 5 réactifs pour les tests colorés :
++ C : l'eau de javel ou hypochlorite de sodium.
++ K : la potasse ou hydroxyde de potassium en solution aqueuse (10 à 35 %).
++ P : la paraphénylènediamine (para 1-4 phénylènediamine), en solution stabilisée qui se conserve une année ou solution alcoolique préparée extemporanément.
++ N : l’acide nitrique (noté N) : solution aqueuse à 50 %.
++ I : le réactif iodé (lugol)
Ces 5 réactifs peuvent être commandés à l’association française de lichénologie, à condition d’en être membre. L’usage de ces réactifs n’est pas sans danger ; la prudence dans leur manipulation s’impose.
Comment étudier un lichen ?
Les questions à se poser sont les suivantes :
- quel est le support (substrat) : terricole, saxicole, lignicole, etc. et le biotope ?
- quelle est la forme du thalle : gélatineux, crustacé, foliacé, fruticuleux, etc. ?
- quelles sont les structures présentes sur la face supérieure : soralies, apothécies, isidies, cyphelles, lirelles etc. ?
- quelles sont les structures présentes sur la face inférieure : rhizines etc. ?
- quelles couleurs obtient-on avec les réactifs ?
Pour certaines espèces comme Lecanora etc, l’usage du microscope est indispensable pour observer la répartition des cristaux dans l’apothécie, spécifique à chaque espèce.
Dans d’autres cas, un relevé précis des acides lichéniques est requis pour déterminer l’espèce. Ce relevé, qui nécessite des appareils de pointe comme des chromatographes, est réservé aux laboratoires de recherche.
Quelle méthodologie adopter ?
Il existe différentes méthodologies pour effectuer ses relevés. On ne va pas les détailler ici mais ce qu’il faut retenir est que l’usage d’un relevé pour obtenir des informations de bioindications obéit à un protocole scientifique rigoureux. La méthode la plus simple pour débuter est la méthode FOMOFA (fort moyen faible) qui s’intéresse à la proportion des lichens selon leur morphologie.
Devenir sentinelle de la nature
Plusieurs projets de science participative sont régulièrement proposés au grand public pour recenser les lichens dans leur environnement. Nul besoin d’être un lichénologue émérite pour y participer. Ces informations collectées sont précieuses pour évaluer les niveaux de pollution en milieu urbain. C’est une activité très enrichissante, l’occasion de faire des sciences naturelles pratiques en famille.
Des ouvrages pour travailler
Je recommande aux débutants les 3 ouvrages de Chantal van Haluwyn : guide des lichens de France : lichens des arbres, lichens des sols et lichens des roches aux éditions Belin. Les clés de détermination sont très abordables et ne se présentent pas comme une flore classique. (19 à 22 euros chaque livre)
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab )
Un site Internet
Le site de l’association française de lichénologie est une mine d’information sur les lichens avec de riches illustrations sur de nombreuses espèces. L’association propose également des stages d’initiation à l’étude des lichens.
Source:
http://www.afl-lichenologie.fr/Photos_AFL/Photos_AFL_L/Lecanora_muralis_muralis.htm
Pour en savoir davantage sur les lichens :
http://www.afl-lichenologie.fr/
http://www.amfb.eu/Myco/Lichens/Pdf/Lichens.pdf