Horloge interne chez les animaux, l’homme victime du SAD (épisode 5)

Publié le 28 Avril 2018

L'horloge interne des oiseaux et des reptiles est sensible à la lumière
L'horloge interne des oiseaux et des reptiles est sensible à la lumière

L'horloge interne des oiseaux et des reptiles est sensible à la lumière

Les biologistes et botanistes connaissent l'influence que le photopériodisme (P )exerce sur les plantes, les zoologistes le connaissent sur de nombreux animaux.
Toutefois cette influence diffère beaucoup, selon les groupes d'animaux considérés.

- chez les reptiles
Chez les reptiles ( groupe très ancien ) le photopériodisme ne semble pas avoir beaucoup d'influence. Parmi l'ensemble des informations qu'un reptile reçoit de son environnement les plus importantes sont celles qui concernent la température : le synchroniseur est dit thermique.


-chez les oiseaux :
Par contre,  chez de nombreuses espèces d'oiseaux le photopériodisme et ses variations sont responsables du déclenchement des comportements directement liés à la sexualité.
Il régit aussi ceux d'établissement et de défense du territoire ou encore du synchronisme des migrations
A l’inverse, à l 'Equateur, la plupart des oiseaux sont susceptibles de pondre à tout moment, sans qu' existe pour  cela une saison privilégiée. A mesure que l'on s'élève en latitude vers le Sud ou vers le Nord

- chez les mammifères
Chez les mammifères le photopériodisme exerce également une influence prépondérante sur des domaines très variés du comportement.
Prenons l’exemple des microcèbes - des primates, des petits lémuriens endémiques de Madagascar. On constate chez ces  microcèbes, quand ils vivent en régime constant , soit 12 h de jour et 12 h de nuit , chaque individu adopte  un rythme propre.
Ce rythme est appelé " un rythme en libre cours ".

Si nous diminuons la durée du jour au profit de celle de la nuit  :
 il apparait une synchronisation générale des comportements. Tous les microcèbes arrêtent
leur activité sexuelle et se mettent à prendre du poids.
Quels mécanismes et quels récepteurs interviennent ?
Le cerveau des vertébrés contient une sorte de bourgeon médian appelé épiphyse ou glande pinéale.
Chez les vertébrés appartenant à" des groupes anciens" la glande pinéale se trouve à la surface du cerveau , juste sous la calotte crânienne, dont la transparence lui permet d être directement sensible aux variations de la lumière.

Cela ne vous rappelle-t-il pas les cytochromes des plantes dont nous avons parlé voici 15 jours (épisode3)  ?


 

Lepilemur dorsalis     Photo  Jean-Pierre Dalbéra

Lepilemur dorsalis Photo Jean-Pierre Dalbéra

-et l’Homme, cet animal un peu spécial ?
Chez l'homme, l'augmentation de la masse du cerveau a  enfoui profondément l' épiphyse. Elle n'est plus soumise directement au rythme jour-nuit . Dans l'obscurité les cellules de
l'épiphyse entrent en activité et sécrètent la mélatonine et cette sécrétion dure aussi longtemps que la nuit. Elle est  déversée dans le sang où elle contrôle les activités à caractère rythmique.

Et pourquoi  les animaux devraient-ils connaître le calendrier exact de l'année ? Ils ont besoin de pouvoir anticiper leurs comportements par rapport aux contrastes saisonniers, faute de quoi ils ne pourraient pas survivre dans les régions tempérées.
Des scientifiques l’ont prouvé par une  expérience de pinéaloctomie, ou ablation de cette glande par chirurgie. Chez le mouton elle conduit à une désynchronisation de l' activité reproductrice. Dans ces conditions la nécessité de la reproduction n'est plus assurée puisque la naissance du jeune n'a pas lieu à l'époque  de l' année la plus favorable à leur survie !!

La question « l'être humain est-il sensible au photopériodisme »?..
une hypothèse plausible ..... croissance et taille des enfants, prise de poids, besoin de sommeil, mortalité , anxiété et même le goût pour l' étude ( mesuré par la circulation des ouvrages dans les bibliothèques )
culminent à des moments précis .

-l’Homme victime de SAD ou plutôt du SAD
Depuis une dizaine d'années des médecins s' intéressent " au trouble saisonnier de l' humeur" que les anglophones nomment le SAD : Seasonal Affective Disorder. Petit  jeu de mots puisqu’en  anglais, « sad » signifie « triste », ce qui est tout à fait à propos. Aux Etats Unis on a constaté que le nombre de SAD augmente du Sud vers le Nord. Dans de nombreux cas l'affection peut être guérie par une simple exposition
à une forte lumière artificielle. Cette dernière interrompt la sécrétion de mélatonine.
Il est nécessaire que la lumière utilisée soit puissante de l'ordre de 2500 lux pour guérir le patient de son SAD ... jusqu'à l' hiver suivant.
L'éclairage intérieur d'une maison est bien inférieur à ces 2500 lux.

Les pays du Nord pratiquent depuis longtemps la prévention de risques comme la dépression par luminothérapie avec ces lampes puissantes d’un spectre de couleurs équivalent au soleil.


Un facteur discret comme le photopériodisme continuera d'agir tant que nous n'aurons pas réalisé qu'il peut nous conditionner, comme il le fait pour les plantes et les animaux.



 

Texte Francis Didiot (Anab)

Photos Roland Gissinger (Anab)




 

L' "Horloge des plantes"  commande la floraison (épisode 4) 
L'horloge des plantes régulée par un pigment sensible à  la lumière (épisode3)
L’effet de la durée du jour sur l’Horloge interne des plantes (épisode2) 
L'"horloge interne des plantes "et les cycles des végétaux (épisode 1)



 

Rédigé par ANAB

Publié dans #découverte nature

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