Le Drap mortuaire (Oxythyrea funesta)
Publié le 2 Mai 2018
Pas très joyeux ce coléoptère entre son nom et sa couleur. Il a toute sa place dans la biodiversité
qui s’est maintenue dans un parfait équilibre
tant que les produits chimiques et le changement climatique étaient peu perceptibles.
Roland
Nom scientifique : Oxythyrea funesta (Poda, 1761)
Etymologie : Le nom de genre « Oxythyrea » dérive du grec « oxy, « pointu et de « thyrea », « écusson », soit « écusson pointu » et du latin « funesta » , « funèbre », allusion à sa couleur.
Nom anglais : “white spotted rose beetle”
Nom allemand : Trauer-Rosenkäfer
Classification et famille :
Le Drap mortuaire fait partie de l’ordre des Coléoptères, l’un des plus riches sur Terre : 400 000 espèces décrites sur 1 500 000 d’espèces probables ( !! ) et de la famille des Scarabaeidae, sous-famille des Cetoniidae (Cétoines)
Les coléoptères sont, rappelez-vous, des insectes à métamorphose complète qui possèdent deux paires d’ailes dont l’une est coriace et l’autre membraneuse.
Ils sont partout et ont colonisé tous les milieux sauf le milieu marin.
La famille des Scarabaeidae est riche au niveau mondial de 30 000 espèces.
Ils se caractérisent essentiellement par la forme très spéciale de leurs antennes :
soit les articles terminaux portent des prolongements latéraux écartés et immobiles comme les dents d’un peigne , c’est le cas des Lucanes ( Lucanus cervus, Lucane cerf-volant ),
soit ces articles sont rapprochés les uns des autres et peuvent s’écarter en éventail , c’est le cas, entre autres des Geotrupes ( Geotrupe stercorarius, Geotrupe du fumier), des Melolontha ( Melolontha melolontha, Hanneton commun ) ou des Phyllopertha ( Phyllopertha horticola , Hanneton des jardins ).
Fort reconnaissables donc à la forme de leurs antennes, bien connus en raison de leur taille relativement grande et de l’élégance de beaucoup d’entre eux, les Scarabéidés, tout en étant assez variés de forme, peuvent se rassembler en deux groupes principaux correspondant à leur mode de vie très différents, tant des larves que des adultes. Les uns vivent sous forme larvaire dans les bouses, les déjections animales et conservent ce régime à l’état adulte, c’est le cas des Géotrupes, les larves d’autres vivent dans les substances végétales mortes ou vivantes aux dépens des racines, du bois, des feuilles accumulées, c’est la cas des Phyllopertha ou des Melolontha dont larves et adultes peuvent s’avérer fort nuisibles.
A noter également, chez les Scarabéidés, un dimorphisme sexuel très marqué qui porte soit sur des mandibules particulièrement développées, c’est le cas du Lucane cerf-volant ou sur des massues antennaires découplées comme chez le Hanneton commun.
Ces insectes mesurent de 1,5 mm à 160 mm et comprennent les plus grands insectes existants sur terre.
La plupart des adultes sont nocturnes comme le Lucane cerf- volant ou le Hanneton commun.
Date de l’observation: le 8 avril à Vibersviller
Dimensions : 8 à 12 mm
Description et biologie :
Ce scarabée fait partie des cétoines. Son corps noir est parsemé de petits poils et de taches blancs variables mais en général, il existe deux lignes symétriques sur la partie avant de la carapace.
Cet aspect lui a valu son nom français, drap mortuaire car il rappelle les étoffes utilisées lors de périodes de deuil autrefois. Une pubescence blanche recouvre les jeunes et disparait au bout de deux mois.
Les mâles ont 4 à 6 points blancs sur une partie de la face ventrale (pronotum) alors que chez les femelles l’abdomen est gonflé et sans ces points blancs.
Reproduction : la période se situe de mai à juillet. La fécondité moyenne est de 60 œufs par femelle qu’elle pond dans des terres riches en matières organiques.
De petites larves vont sortir après 10 jours des œufs. Elles grignotent les racines des végétaux. Chacune peut atteindre 30 mm. En fin de cycle elles fabriquent avec les matériaux de l’humus et leurs propres déjections, une coque de forme ovale dont elles vont sortir en 3 à 4 semaines.
Le vol est assez bruyant, du type de celui d’une abeille.
Habitat : présent dans tout le bassin méditerranéen et au Moyen Orient. Il affectionne les vergers de fruitiers et autres rosacées. Il peut alors y occasionner des dégâts : pêchers, agrumes, Kiwis en consommant étamines et pollen et pistils mais aussi des morceaux de fruits.
A l’état de larve, terre riche en humus, compost.
Protection : pas de protection légale pour cet insecte commun
Prédateurs : cette cétoine est considérée comme nuisible puisqu’elle mange les organes reproducteurs complets des arbres fruitiers. Elle n’aurait qu’un seul prédateur, la Scolie hirsute (Scolia hirta) . Comme la scolie est en forte régression cette cétoine risque vite de devenir envahissante.
Texte, photos, et bibliographie : Roland Gissinger
En plus de la bibliographie habituelle
https://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i99robert.pdf