Vous aimez les galles végétales ? oui, alors vous êtes cécidologue ou bien le Prince de Galles
Publié le 16 Juin 2018
(petite suite de l’article de Gilles de samedi dernier sur la Galle du lierre terrestre )
Beaucoup de galles se développent sur des feuilles en réaction à la présence de larves de cynips. Les cynips sont des sortes de petites guêpes appartenant à l'ordre des hyménoptères, responsables entre autres de plusieurs galles du chêne.
Des larves de cécidomyies - petites mouches de l'ordre des diptères- comme mikiola agit sur le hêtre, ou d'acariens comme l’Eriophyes du tilleul, Eriophyes tiliae, celle du saule, de l' érable provoquent aussi des galles.
D'autres galles se développent dans les bourgeons comme la Cécidomye du hêtre. Au printemps la femelle pond ses œufs sur les bourgeons foliaires. Les larves éclosent lorsque les feuilles bourgeonnent. Avec leur sécrétion salivaire, elles stimulent le tissu végétal à former une excroissance. Cette galle terminée en pointe, forme ainsi une coupole. A partir de juin, on peut découvrir ces galles entièrement développées sur les feuilles des hêtres. Elles atteignent 10 mm et sont d' abord vertes, puis prennent une couleur d’un rouge lumineux. Le tissu végétal dur qui les compose laisse à l'intérieur une vaste cavité où la larve, d'abord blanche puis orange, effectue toute sa croissance.
Peu avant la chute automnale des feuilles, les galles se détachent et tombent au sol. La larve mue en nymphe vers la fin de l'hiver. L'imago ( insecte adulte ) qui éclot transperce la membrane de la galle et gagne l'air libre.
1/ Les cynips
Le cynips des galles-pommes du chêne, Biorhiza pallida,
Ce cynips a des ailes souvent manquantes et fait fortement penser à une fourmi. Il apparaît chaque année en 2 générations d'aspect nettement différent. La première se compose uniquement de femelles sans ailes dites aptères. Elles éclosent au milieu de l'hiver à partir des galles bulbeuses situées sur les racines des chênes .
Ces femelles se frayent un chemin jusqu' à la surface du sol et grimpent sur le chêne, où elles pondent leurs œufs, formés par parthénogenèse sur les bougeons. Du printemps à l'été, ces bourgeons produisent alors de grosses galles spongieuses atteignant 2 à 3 cm de diamètre.. De nombreuses larves s'y développent dans de petites loges. Elles donneront naissance à des imagos mâles ailés et des imagos femelles aux ailes atrophiées. Après l'accouplement, ces femelles de cette deuxième génération s'enfoncent dans le sol et pondent leurs œufs sur des racines.
Cynips des galles striées du chêne, Cynips longiventris.
Cette espèce forme aussi 2 générations par an. La première se développe sur les feuilles dans des galles jaunes rayées de rouge. La génération bisexuée se développe à partir du printemps dans des galles de bourgeons peu apparentes, de seulement 2 mm de diamètres.
2/ Les cécidomyes
Larves de cécidomyes
Au printemps, de nombreuses fleurs de brassicacées et de fabacées ,
sont envahies dès le tout jeune âge par des larves de cécidomyes.
La fleur ne s'ouvre pas, grossit , donnant un bouton floral géant, contenant des larves.
Celles-ci ont pénétré dans le jeune bouton.
Les larves n'ont pas d'effet apparent sur l'ensemble du bouton qui est déjà modelé.
Cependant, elles bloquent ce que l’on appelle les « processus d'induction »,
étapes de différenciation du bouton, qui n'ont pas encore été réalisées.
De ce fait les ébauches de certains organes comme les pétales,
étamines, pistil sont bloqués et n'évoluent plus.
En même temps, le bouton poursuit sa transformation et sa croissance.
Curieusement, son développement cellulaire va bien au-delà de la taille normale.
Il devient très gros et permet aux larves qu'il contient de subir
leur métamorphose complète et d’atteindre leur stade adulte, l’imago.
Conclusion
Les conséquences de l'attaque d'un hôte; la mort des cellules
et la formation de galle autour des zones infectées sont des systèmes de défense.
Elles limitent la propagation du parasite, en particulier si celui-ci exige la présence
et l'activité de cellules vivantes et en particulier les virus.
Les plantes produisent des stimulateurs des défenses naturelles, SDN, dénommés, éliciteurs protéiques qui peuvent aboutir à la nécrose et mort des cellules voisines.
La suite de cette stratégie de " terre brûlée fait que le parasite
ne peut pas gagner les tissus sains situés au -delà des zones nécrosées.
En réaction, l’insecte peut produire une substance annulant
les effets des éliciteurs .
Ces substances de résistance sont appelés facteurs de virulence ou « effecteurs ».
Evidemment pour que cela soit encore un peu complexe, et
comme cela ne se termine jamais,
la plante peut secréter une substance antagoniste des effecteurs.
Texte Francis Didiot (Anab)
Bibliographie : Dr Heiko Bellmann & Claude Leroy
Voir aussi
chez Belin Guide des galles de France et d'Europe
et
https://www.animateur-nature.com/guide-galles/espece-galles1.html