Cortinaire à marge brisée
Publié le 7 Octobre 2018
Nom scientifique : Cortinarius infractus(Pers.:Fr.) Fr. 1838
Date de l’observation: 27 septembre à Diemeringen
Division des basidiomycota, Famille des cortinariacée
Lames : adnées, gris noir
Pied : brun grisâtre avec des reflets bleus à olivâtres. Présence de cortine.
Chair : très amère
Sporée : brun rouille
Habitat: sous feuillus et sur sol calcaire
Consommation: toxique par ingestion
Sauf quelques exceptions, les cortinaires sont des espèces difficiles à déterminer, nécessitant souvent l’usage du microscope, de réactifs chimiques et d’avoir plusieurs exemplaires à différents stades. Et là ce n’est pas forcément gagné. À un tel point que certains mycologues sont spécialisés dans ce genre, les cortinariologues, tant ce genre est complexe. On en dénombre plus de 1500 espèces en Europe. Certaines espèces sont mortelles par ingestion, d’autres sont à préserver.
Comment reconnaître un cortinaire ?
Les cortinaires sont des espèces mycorhiziennes, donc avec un mycélium interagissant en mutualisme avec les racines des arbres. Inutile donc de chercher un cortinaire sur une souche, sur du bois. Ils ne sont pas saprophytes.
Leur sporée est brun rouille, ce qui se traduit par des lames à maturité de couleur rouille. Attention, la couleur des lames n’est pas systématiquement corrélée à la couleur des spores mais pour les cortinaires ça fonctionne relativement bien.
Les lames sont échancrées à adnées, jamais libres.
La base du pied ne présente pas de volve mais parfois un bulbe.
Sur le pied se dépose une cortine, formée d’un ensemble de fils minuscules ou d’un voile visqueux qui relie le pied au chapeau à l’état jeune et qui brunit par le dépôt des spores à maturité.
évolution de la cortine chez Cortinarius sp. Sur l’exemplaire de gauche, observez la cortine entre le bord du chapeau et le pied Photo Gilles Weiskircher (Anab)
examen au Gaïac et coloration bleue de la chair (Cortinarius infractus) Photo Gilles Weiskircher (Anab)
Qu’est ce qu’il faut observer ?
Pour commencer à s’en sortir avec les cortinaires, il faut d’abord observer si le chapeau et/ou le pied sont visqueux ou non. Ensuite il faut observer la base du pied s’il y a un bulbe ou pas. La coloration jaune de la chair à la potasse ou non donne également de précieuses informations.
Enfin, il faut apprécier le caractère hygrophane (changement de couleur selon l'humidité) du chapeau et sa couleur. Tous ces éléments vous permettront déjà tant bien que mal à définir le sous-genre. Ensuite commence le parcours du combattant où il faut déterminer l’odeur, la saveur de la cuticule, les réactions colorées à certains réactifs, l’ornementation du pied, etc.
En bref, les cortinaires sont un genre très difficile, même pour les mycologues aguerris.
Je renvoie le lecteur curieux sur le dernier ouvrage du mycologue Guillaume Eyssartier, « Champignons, tout ce qu’il faut savoir en mycologie » (Édition Belin 2018) à la page 88 où l’auteur a réussi le tour de force à faire une synthèse abordable de ce genre.
Asque contenant 2 spores chez le lichen Pertusaria pertusa -grossissement X1000- Photo Gilles Weiskircher (Anab)
Notions de mycologie générale : basides et asques
Dans le règne des champignons (fungi), les champignons "supérieurs" appartiennent à deux (sub)divisions : les ascomycètes et basidiomycètes
On a vu dans d’autres articles que le carpophore (ce qu’on appelle communément le champignon) est la structure qui élabore et disperse les spores. Les spores sont fabriquées dans des cellules reproductrices spécialisées localisées dans l’hyménophore, ce dernier correspondant aux lames chez les cortinaires. Ces spores sont fabriquées :
- soit dans des sacs (les asques) contenant les spores chez les ascomycètes. C’est le cas par exemple chez les pézizes.
- soit à l'extrémité de protubérances d’une cellule spécialisée (la baside), appelées stérigmates. Quand la spore est mûre elle est éjectée de la baside. C’est le cas chez les cortinaires et les autres basidiomycètes.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab )
Sources :
https://www.mycocharentes.fr/pdf1/1224.pdf
Guillaume Eyssartier -Champignons, tout ce qu’il faut savoir en mycologie- (Édition Belin 2018)