Lichens, champignons en interaction . épisode 2 le mycélium (et Caloplaca cirrochroa)

Publié le 17 Novembre 2018

Nom scientifique: Caloplaca cirrochroa (Ach.) Th. Fr. ssp. cirrochroa

 

Date de l’observation: 26 mai 2018 à Zetting


Classification : division des Ascomycota, famille des Teloschistacea

 

Biotope : Saxicole, calcicole, sur parois verticales, à l’ombre, en grande partie protégé des écoulements (surplombs)

 

Origine du nom : Caloplaca (du grec calos, « beau » et placa, « plaque ») est un genre de lichen saxicole incrustant formant des plaques plus ou moins circulaires, de couleur orange vif ou parfois jaune, très adhérentes au substrat. C'est un lichen dit placodioide ou placodioforme : sa surface externe est striée radialement et sa marge présente des lobes.

Caloplaca cirrochroa (Ach.) Th. Fr. ssp. cirrochroa Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Caloplaca cirrochroa (Ach.) Th. Fr. ssp. cirrochroa Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Caloplaca cirrochroa (Ach.) Th. Fr. ssp. cirrochroa Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Caloplaca cirrochroa (Ach.) Th. Fr. ssp. cirrochroa Photos Gilles Weiskircher (Anab)

La suite de l’article est une synthèse personnelle d’une série de cours donnée par le spécialiste des mycorhizes, Marc André Selosse, botaniste et mycologue, professeur au Muséum d’Histoire Naturelle. À la fin de l’article, vous trouverez le lien vers ces cours. Par cet article, je veux rendre également hommage à cet immense naturaliste et vulgarisateur et en profiter pour rappeler son livre, « Jamais seul », dont je recommande chaudement la lecture.

 

L’essentiel est invisible à nos yeux

 

La plante, ce n’est pas seulement ce qu’on voit au-dessus du sol. Le tiers de la biomasse des plantes est endogée, c’est-à-dire dans le sol, sous nos pieds. Et cette biomasse souterraine, ce sont les racines mais pas que, comme nous allons le voir. C’est toute une communauté d’êtres vivants qui accompagne ces racines, au point que l’on parle de rhizosphère pour désigner cet écosystème particulier. 1 gramme de sol, c’est-à-dire une cuillère à café, ce sont  250 espèces fongiques et 40 milliards de bactéries.
Pour une plante, il peut exister  entre 10 à 100 espèces d’organismes différents au niveau des racines. C ces organismes ont un rôle essentiel. Pour faire un parallèle avec l’homme, vous avez certainement déjà entendu la notion de microbiote. Le microbiote est l’ensemble des bactéries qui vivent dans nos intestins, sur notre peau, etc. et dont la présence et l’équilibre dynamique sont essentiels à notre santé. Au point qu’en biologie la notion d’individu est désormais mise à mal chez les animaux.  Pour désigner qu’un individu ne peut exister seul mais qu’il est une communauté écosystémique et il est désigné sous la notion de phénotype étendu ou d’holobionte. Pour les plantes c’est pareil et on va voir que les champignons ont leur mot à dire.

 

Le champignon, apparait classiquement comme quelque chose qui dépasse du sol en automne et disparaît ensuite. Le champignon, où mycète, vit en fait sous forme de filaments microscopiques, invisibles à l’œil nu, dans le sol ou dans le bois.
Ces filaments sont appelés « hyphes ». Il peut arriver que ces hyphes s’agglomèrent et forment des filaments, cette fois visibles, et appelés  alors « mycélium ». Dans tous les cas, le champignon vit sous nos pieds, sans de faire remarquer. Il aime prendre de la place et s’étaler (dans 1 cm³ de terre s’étalent près de  1 km d’hyphes).
Ce qui émerge du sol, visible par tous, c’est tout simplement son organe de reproduction, le champignon à chapeau, celui  des bandes dessinées, le carpophore,  qui lui permet de disséminer ses spores. En effet, la dissémination des spores dans le sol est très limitée puisqu’il faut attendre les mouvements d’autres organismes, vers, insectes, mammifères pour les transporter ailleurs. Cet organe est donc bien pratique pour prendre de la hauteur et ainsi mieux éparpiller les spores grâce au vent et à la faune. S’intéresser aux champignons, c’est donc réaliser que l’organisme reste invisible à nos yeux. Pour faire une analogie, il semble inconcevable de considérer un arbre en ne s’intéressant qu’à ses fruits.

 

Faisons déjà un bilan :  1/3 de la biomasse de la plante échappe à notre vue. Seul est visible l’organisme de dissémination des spores chez les champignons, cela peut paraître frustrant. Pourtant, c’est dans le sol, avec les racines et le mycélium, que va s’opérer une surprenante association, la mycorhize.

 

Qu’est ce qu’une mycorhize ?

 

Pour simplifier, la mycorhize (du grec myco, le champignon et rhizein, la racine), est une interaction entre le mycélium d’un champignon et les racines d’une plante. Mais c’est davantage qu’une simple interaction. Cette association s’accompagne d’une modification de la morphologie racinaire. Le champignon et la racine forment désormais un organe mixte.

Nous verrons dans le prochain épisode comment cette interaction s’organise et comment elle est fondamentale pour les deux partenaires.

 

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

 

 

 

Sources:
vidéo de Marc-André SELOSSE - La Mycorhization - Les Mycorhizes (cliquer)

 

https://www.afl-lichenologie.fr/Photos_AFL/Photos_AFL_C/Caloplaca_cirrochroa.htm

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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F
A voir absolument la vidéo de Marc Selosse , un excellent moment de botanique & de discernement
Répondre
A
merci Francis de ton commentaire et de ta lecture de la vidéo de ce très bon pédagogue Marc Sélosse<br /> <br /> Roland<br /> <br />