Le goupil échappe aux tirs de nuit
Publié le 3 Décembre 2018
- Le 01/12/2018 - Le Républicain Lorrain
Photo HD Finis les tirs de nuit ! Photo Pascal BROCARD
Le tribunal administratif de Nancy a suspendu ce vendredi l’arrêté pris le 2 octobre dernier par le préfet de Meurthe-et-Moselle, décision qui autorisait, d’ici à la fin du mois de décembre, le tir de nuit, « à des fins cynégétiques », de 500 renards. Les magistrats nancéiens avaient été saisis par plusieurs associations de défense des animaux : One Voice, Flore 54, ASPAS ou encore GEML.
Ces tirs nocturnes, confiés à onze lieutenants de louveterie, étaient destinés à diminuer la population de renards, qui, selon les chasseurs, pulluleraient, et à soutenir les effectifs de petit gibier (perdrix, faisan et lièvre).
Dans un communiqué, l’association « One Voice » assure que « cette décision est un exemple à suivre. Même si une centaine de renards ont, malgré ce verdict, déjà été massacrés de nuit en Meurthe-et-Moselle cet automne, fort heureusement, pas les cinq cents voulus par la Fédération locale des chasseurs qui avait quasiment guidé la main du préfet pour ce texte ».
Lors de l’audience, Me Arielle Moreau, conseil de « One Voice » et représentant les autres associations, avait dénoncé « un aveugle permis de tuer », avait assuré que le préfet n’apportait « aucune preuve d’une raréfaction des populations de perdrix et de lièvres ».
Le représentant de la préfecture avait assuré que le nombre de renards avait été « multiplié par trois ou quatre depuis 2001 », avait aussi relevé que cet arrêté d’octobre dernier, qui autorise 500 tirs de nuit, était inférieur à celui préconisé par un arrêté de décembre 2016 (1.000 tirs).
Le collectif renard est né en 2016 suite à l’autorisation de tirs de nuit des renards pendant 6 mois sur un Groupement d’Intérêt Cynégétique en Moselle où près de 10 000 faisans ont été relâchés entre Metz et Château Salins.
L'opposition associative, citoyenne et scientifique n'ont pas suffit à faire reculer l’État et c'est seulement 2 ans après que la justice a tranchée sur cet arrêté préfectoral, le rendant illégal, mais les renards étaient morts depuis longtemps.
Le même scénario s'est répété dans plusieurs départements du Grand Est (l'Aube, les Ardennes et la Meurthe-et-Moselle) et l'Aspas, soutenue par des associations départementales ont porté l'affaire devant les tribunaux qui rendirent justice aux renards, mais bien trop tard encore une fois.
En septembre 2018, sans honte, le Préfet de Meurthe-et-Moselle a reprit un arrêté autorisant les tirs de nuit sur son département jusqu'à la fin de l'année malgré les précédentes décisions de justice, malgré les arguments scientifiques de nos associations, malgré l'intervention d'une élue en séance départementale et malgré une pétition citoyenne adressé au préfet de Meurthe-et-Moselle forte de plus de 77 000 signatures !
Cette fois, les juristes de l'Aspas et de One Voice soutenue par le GEML et Flore 54 ont porté l'affaire en référé ce qui implique un état suffisamment grave et urgent de la situation pour que le jugement soit rendu immédiatement plutôt que d'un recours sur le fond qui implique de nombreux mois d'attente avant le jugement final.
Et la nouvelle vient de tomber : Le tribunal administratif de Nancy déclare illégal et suspend immédiatement les tirs de nuit autorisés sur le département et condamne l’État a verser la somme de 1000 euros aux associations requérantes.
Cette jurisprudence offre un peu de répit à la faune sauvage et découragera sans doute certains préfets d’offrir de sanglantes autorisations de destruction nocturnes aux chasseurs.
Rappel INFO
Un remarquable prédateur de rongeurs dans bien des régions !
Opportuniste, il l’est dans ses choix alimentaires puisqu’il se nourrit de micromammifères, de lagomorphes, de fruits et de baies, d'oiseaux, parfois d'insectes ou de vers de terre, ainsi que d’animaux morts. Cependant, son régime alimentaire varie en fonction des ressources disponibles dans les milieux qu’il occupe. Bien que généraliste, les études réalisées en Europe soulignent toutes la part importante prise par les micromammifères dans son régime alimentaire (Weber et Aubry, 1993 ; Leckie, et al., 1998 ; Forman, 2005 ; Dell’Arte et al., 2007 ; Kidawa et Kowalczyk, 2011).
Par exemple en Lorraine, le renard roux consomme principalement des rongeurs (Artois et Stahl, 1991) et si l’on focalise sur ces derniers, le genre Microtus représente 74% des rongeurs consommés, suivi par le genre Arvicola avec 15% (Figure 1).
Figure 1 : Régime alimentaire du renard roux en Lorraine (d’après Artois et Stahl, 1991)
Des résultats similaires à ceux observés en Lorraine sont également rapportés dans une région voisine, à savoir la Franche-Comté (Raoul et al., 2010).
Remarquons que parmi les espèces de rongeurs consommés par le renard roux, le campagnol des champs (Microtus arvalis) et le campagnol terrestre (Arvicola terrestris) sont deux espèces pouvant causer des dégâts importants aux activités agricoles (cultures, vergers, prairies) alors que le campagnol agreste (Microtus agrestis) est plutôt impliqué dans des dégâts aux activités sylvicoles, particulièrement dans le nord-est de la France (Benoit et al., 2007 ; Caroulle et Baubet, 2006, Truchetet et al., 2014).
Son excellente ouïe, aidée par des oreilles adaptées, lui permet de localiser très précisément ses proies. Son corps est adapté au bond et sa queue lui sert à maintenir l’équilibre. L’extraordinaire aptitude du renard à capturer des micromammifères a valu à ce comportement de capture le nom de "mulotage".
Opportuniste, il l’est dans ses choix alimentaires puisqu’il se nourrit de micromammifères, de lagomorphes, de fruits et de baies, d'oiseaux, parfois d'insectes ou de vers de terre, ainsi que d’animaux morts. Cependant, son régime alimentaire varie en fonction des ressources disponibles dans les milieux qu’il occupe. Bien que généraliste, les études réalisées en Europe soulignent toutes la part importante prise par les micromammifères dans son régime alimentaire (Weber et Aubry, 1993 ; Leckie, et al., 1998 ; Forman, 2005 ; Dell’Arte et al., 2007 ; Kidawa et Kowalczyk, 2011).
Par exemple en Lorraine, le renard roux consomme principalement des rongeurs (Artois et Stahl, 1991) et si l’on focalise sur ces derniers, le genre Microtus représente 74% des rongeurs consommés, suivi par le genre Arvicola avec 15% (Figure 1).

Des résultats similaires à ceux observés en Lorraine sont également rapportés dans une région voisine, à savoir la Franche-Comté (Raoul et al., 2010).

Remarquons que parmi les espèces de rongeurs consommés par le renard roux, le campagnol des champs (Microtus arvalis) et le campagnol terrestre (Arvicola terrestris) sont deux espèces pouvant causer des dégâts importants aux activités agricoles (cultures, vergers, prairies) alors que le campagnol agreste (Microtus agrestis) est plutôt impliqué dans des dégâts aux activités sylvicoles, particulièrement dans le nord-est de la France (Benoit et al., 2007 ; Caroulle et Baubet, 2006, Truchetet et al., 2014).

Son excellente ouïe, aidée par des oreilles adaptées, lui permet de localiser très précisément ses proies. Son corps est adapté au bond et sa queue lui sert à maintenir l’équilibre. L’extraordinaire aptitude du renard à capturer des micromammifères a valu à ce comportement de capture le nom de "mulotage".