Lichens et champignons en interaction épisode 9: les champignons dans le sol et Physcia aipolia
Publié le 12 Janvier 2019
Nom scientifique : Physcia aipolia (Ehrh. ex Humb.) Fürnrohe
Date de l’observation: 26 mars 2018 à Zetting
Classification : Division des Ascomycota, famille des Physciaceae
Biotope : corticole, surtout sur arbres isolés en conditions légèrement nitrophiles
Description : Espèce assez commune sur les troncs ou les grosses branches de feuillus, elle est caractérisée par ses apothécies(*) abondantes et les nombreuses macules blanches bien visibles à la loupe sur les lobes du pourtour.
(*) Apothécie: appareil reproducteur, en forme de disque ou de coupe largement ouverte, de certains champignons ascomycètes, notamment des lichens.
Dans le sol, les champignons sont des organismes interfaces entre le monde minéral et le monde vivant.
Les champignons du sol peuvent être des champignons « supérieurs » comme les basidiomycètes et ascomycètes. Ce sont des champignons qui à un moment donné de leur cycle de reproduction sexuée élaborent une structure macroscopique, le sporophore. Ce dernier permet la dissémination des spores.
Il existe aussi des levures considérées comme « champignons inférieurs », souvent regroupées sous le vocable de moisissures (Genres Penicillium, Aspergillus, Fusarium, Trichoderma, Mucor, etc.).
Le règne fongique représente 50 à 60% de la biomasse vivante (hors racines) et s’avère plus résistant que les bactéries aux conditions difficiles. Les champignons sont des organismes qui agissent, avec d’autres, dans les premières phases de la décomposition des litières. Ensuite, les bactéries continuent la décomposition. Beaucoup d'espèces parmi les champignons décomposeurs se nourrissent de bois mort, décomposent les feuilles mortes de la litière en humus et participent ainsi au recyclage des éléments minéraux
Ainsi, sans les champignons, arbres et plantes succomberaient rapidement, étouffés par leurs propres déchets. Car, avec les bactéries et les insectes, les champignons jouent un rôle majeur dans l'équilibre forestier, en décomposant les matières organiques en humus. Ces champignons sont qualifiés de saprophytes.
Outre ce rôle de décomposeur, ou membre actif à la fertilité biologique des sols, le mycélium, et le sporophore, représentent aussi une ressource alimentaire essentielle pour les bactéries, insectes, vers, mais aussi pour les mammifères (cerfs, sangliers, écureuils et petits rongeurs), les limaces et les escargots. La dissémination des spores, non altérées par la digestion, est ainsi assurée par les déjections de ces gourmands.
Certains champignons mycorhiziens secrètent en abondance dans le sol des protéines hydrophobes aux propriétés stabilisatrices, appelées glomalines. Elles contribuent à la stabilité du sol et à la rétention d'eau, prévenant ainsi les risques d'érosion et de stress hydrique.
Plusieurs études montrent que la glomaline influence la structure du sol. Elle se décompose lentement, ce qui fait qu'elle s'accumule dans le sol. Elle stabilise les agrégats de particules fines comme celles de limon, de sable et d'argile. Les agrégats du sols, en plus de renfermer du carbone organique, contribuent à la rétention de l'eau et des minéraux, de même qu'à l'aération du sol.
Pour imager, la glomaline vous pouvez la comparer à une super-glu du sol.
Des inoculations de certaines souches fongiques pourraient aider à lutter contre la désertification en diminuant les besoins en irrigation. D’autres organismes sont également capables de fabriquer la glomaline, comme le ver de terre, dont le rôle dans la structuration du sol n’est plus à démontrer.
Toute cette vie qui se développe sous nos pieds doit nous faire prendre conscience que le sol est tout un écosystème en lui-même, discret mais actif pour permettre au vivant de se développer à sa surface. Le sol est aussi un super-organisme, car il naît, se développe, respire, digère, assimile et accumule des réserves. Enfin, il meurt et disparaît si les conditions ne lui sont plus favorables. Nos racines viennent du sol et aussi d’une formidable banque alimentaire qu’est l’humus. Apprenons à le respecter et le préserver pour notre propre survie.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher
Sources:
https://www.afl-lichenologie.fr/Photos_AFL/Photos_AFL_P/Physcia_aipolia.htm
http://www.onf.fr/activites_nature/sommaire/decouvrir/champignons/vivre/20080425-082147-323258/@@index.html
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