ouraine : les riverains de l’autoroute A10 déposent un recours contre son projet d’élargissement
Publié le 11 Janvier 2019
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Dans le sud Touraine, les travaux d'élargissement de l'autoroute A10 doivent démarrer prochainement. Avec l’aide de l’ancienne ministre de l’environnement, Corinne Lepage, les riverains s’apprêtent à déposer un recours pour contraindre le concessionnaire à en limiter les nuisances sonores.
Stress, insomnies : l’impact du bruit sur la santé est avéré. Et les témoignages des riverains des autoroutes ne manquent pas.
Stéphanie habite avec sa famille dans un quartier pavillonnaire à villeperdue (37). Depuis les travaux de déboisement, l’autoroute toute proche leur est devenue beaucoup moins supportable : « Nous avons fait construire notre maison fin 2000. Elle est située à 150 m de l'autoroute. A l'époque, nous nous apercevions très peu de sa présence aussi bien visuellement qu'acoustiquement. Mais, depuis environ 3 ans, depuis des travaux de défrichement et le changement de revêtement réalisés par la société autoroutière, nous avons une vue des plus désagréables sur l'A10 et nous entendons son bruit lancinant à l'intérieur de la maison, ce qui n'était pas le cas autrefois ».
Une étude acoustique incomplète
Une enquête d’utilité publique a bien été réalisée pour le compte du concessionnaire Vinci. Elle s’appuie sur une étude acoustique accomplie au printemps dernier. Et c’est justement les conditions de réalisation de cette étude qu’entendent contester les riverains. D’après eux, elle a été effectuée de façon très incomplète et ne permet pas de refléter la réalité de leur quotidien.Réunis en association, Agir A10, les riverains ont tout d’abord déposé un recours gracieux auprès de la préfecture d’Indre-et-Loire. Il y a un mois, ils ont appris que celui-ci avait été rejeté. Ils ont, depuis, reçu le soutien précieux de Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement et avocate spécialisée sur ces questions. Avec son aide, ils s’apprêtent à déposer un autre recours – en contentieux cette fois-ci - devant le tribunal administratif d’Orléans. Objectif : faire annuler la déclaration d’utilité publique et contraindre le groupe Vinci, concessionnaire de ce réseau autoroutier à faire refaire une nouvelle étude acoustique prenant en compte, cette fois-ci, l’ensemble des habitations longeant l’autoroute.
Chaque décibel compte
L’enjeu pour les riverains est important. Chaque décibel compte. Ce qu’ils souhaitent, c’est l’installation de murs anti-bruit et, surtout, l’utilisation sur tous les secteurs qui le nécessitent d’un enrobé atténuant les bruits de roulement des véhicules (voir encadré).35 000 véhicules empruntent chaque jour cette autoroute, dont 20 % de camions. Les projections font état d’une augmentation prévisible de 10 000 véhicules supplémentaires dans les 20 années à venir.
Les enrobés acoustiques font partie des solutions efficaces pour atténuer le bruit. Légèrement plus chers que les enrobés classiques, ils demandent cependant davantage d'entretien de la part du concessionnaire et doivent être renouvelés plus fréquemment.
Une réflexion prospective du Conseil général de l’Environnement et du développement durable publié en octobre 2017 encourage leur utilisation : « Dans un domaine où l’Union européenne donne désormais le tempo en matière de réglementation, il est important que la France sache anticiper pour faire valoir les principes auxquels elle est attachée. Comme on l’a vu, elle pourrait engager une démarche active sur deux questions au moins : la labellisation des revêtements peu bruyants et le bruit des wagons de fret. La labellisation des revêtements de chaussées peu bruyants est un sujet émergent au niveau européen alors même qu’un savoir-faire est développé en France et promu par la filière. De plus, une démarche de labellisation serait de nature à mieux valoriser ces produits, trop peu utilisés en France. »
Partout dans le monde ce procédé se développe. Aux Pays-Bas, appliquer un enrobé silencieux est devenu la norme.