La biodiversité et la vie sont riches même sur un petit bout de bois
Publié le 17 Mars 2019
Récemment, un naturaliste botaniste de la région Rhône-Alpes m’a partagé des photographies d’une expérience qu’il a réalisée dans sa salle de bain. L’expérience consistait tout simplement à prélever des morceaux de bois en forêt et les disposer dans une boîte pour voir ce qui se développe à la surface de ces morceaux.
Gilles
Date de l’observation: 27 janvier 2019, région Rhône-Alpes
Ce sont les résultats de cette expérience que je vous partage dans cet article car les éléments de biodiversité mis en évidence sont remarquables. C’est aussi l’occasion de voir la formidable biodiversité qu’on peut trouver sur des insignifiants morceaux de bois.
De surprenants myxomycètes comme Trichia et Arcyria cinerea.
Les myxomycètes se rencontrent sur différents substrats toujours végétaux : bois morts, litière de feuilles et brindilles, etc. et se nourrissent de bactéries, d’algues, de champignons, etc. On les classe dans un règne bien particulier récemment créé : le règne Protozoa. Ce ne sont ni des animaux, ni des champignons, ni des plantes. Pour en savoir plus, voir l’article suivant du blog : http://naturealsacebossue.over-blog.com/2017/10/les-myxomycetes-des-organismes-discrets-et-surprenants.html
Arcyria cinerea et Trichia sont deux membres de ces organismes qui vivent sur bois morts et débris végétaux.
Des champignons saprotrophes comme Hypoxylon et Mycena tenerrima
Le Mycène fragile (Mycena tenerrima) est très fréquent sur morceaux de bois dès l’instant ou l’humidité est suffisante pour qu’il se développe. Le cure-dents posé à côté donne une estimation de sa taille.
Hypoxylon est un genre de champignon sphérique qui apparaît sur le bois. Il fait partie des ascomycètes et la détermination de l’espèce fait souvent appel à des examens microscopiques.
Mais le plus surprenant ce sont ces « filaments » qui se sont développés quelques jours après sur ce champignon.
Nodulisporium umbrinum, le champignon qui se camoufle sous différentes formes
Quelques champignons, pour une même espèce, peuvent exister sous deux formes : une forme asexuée (que l’on appelle l’anamorphe) et une forme sexuée (que l’on appelle le téléomorphe). Certaines espèces ne se reproduisent que rarement de manière sexuée ou ne sont connues que sous une forme à reproduction asexuée sans que l'on puisse savoir si la forme sexuée existe encore ou a existé (dans le cas d'une mutation récente par exemple). D'un certain point de vue, on peut parler de deux espèces différentes, puisque la définition biologique d'une espèce implique la possibilité de se reproduire entre individus d'une même espèce mais d’un point de vue phylogénétique il s’agit de la même espèce.
Nodulisporium umbrinum est en fait la morphologie asexuée du champignon Hypoxylon que l’on a vu précédemment. Difficile à croire qu’il s’agit de la même espèce et pourtant si. Cette forme asexuée ne se reproduit pas en fabricant des spores dans des basides ou des asques mais en fabricant des spores (on parlera de conidies) dans des structures microscopiques appelées conidiophores.
En conclusion, ces simples bouts de bois nous montrent une étonnante biodiversité, invisible à l’œil nu, tout un univers sur un morceau de bois.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)
Source : https://www.123pilze.de/DreamHC/Download/Pilzspinne.htm