Biomimétisme : quand la nature sert de source d'inspiration aux innovations techniques

Publié le 21 Mai 2019

gecko (dans un aquarium)

gecko (dans un aquarium)

Paru sur France info le 2/5/2019

Des chercheurs en biomimétisme à Senlis (Oise) observent les espèces menacées de disparition, pour s'en inspirer et créer des innovations


 

Près d'un million d'espèces sont menacées de disparition dans les prochaines décennies : c'est le constat fait par WWF dans son rapport annuel "Planète vivante" publié en 2018, alors que se tient à partir de lundi 29 avril à Paris la 7e conférence de l'Ipbes, surnommée le Giec de la biodiversité. Pourtant, certaines de ces espèces renferment des innovations très utiles à l'humanité, et c'est ce qu'étudient les chercheurs en biomimétisme.

>> Sommet sur la biodiversité : "En un demi-siècle, l’humanité a détruit ce que la planète Terre avait mis en place pendant des millions d’années"

C'est en étudiant le tardigrade, un animal microscopique qui résiste à tout, qu'un chercheur du Ceebios (Centre européen d'excellence en biomimétisme de Senlis), a par exemple mis au point une innovation pour transporter des substances médicamenteuses sans passer par la chaîne du froid. "La bio-inspiration et le biomimétisme, c’est comprendre comment cela fonctionne dans le vivant, et essayer de reproduire ce système-là de façon artificielle", explique Kalina Raskin, la directrice scientifique du Ceebios.

Des nombreux secteurs aujourd'hui "bio-inspirés"

Des recherches sur des animaux, par exemple, peuvent inspirer pour innover : "Par exemple, on a la patte du gecko [un reptile]. Un gecko est capable de marcher et de se déplacer avec une grande aisance sur une vitre, grace à des millions de petits poils qu’il a à la base de ses doigts", raconte Kalina Raskin.

Des fabricants de moquette copient cette stratégie du gecko pour fabriquer des petits patchs et ainsi coller de façon beaucoup plus efficace et sans colle nocive pour la santé des dalles de moquette entre elles.Kalina Raskinà franceinfo

Il y a aujourd'hui près d'une centaine de start-up en France sur la bio-inspiration, mais de grands groupes comme Renault regardent aussi de près ce que la nature pourrait leur apprendre pour des voitures électriques sans minerais rares et polluants. "On se rend compte que la nature et les écosystèmes naturels fonctionnent sur un ensemble d’éléments qui sont beaucoup plus disponibles, explique Jérome Perrin, directeur scientifique du Pôle de recherche de Renault. Les écosystèmes ont développé des solutions pour la catalyse par exemple, dont on peut s’inspirer, qui ne sont pas à base de platine. La chimie douce permet de ne pas utiliser la ressource fossile."

 

Des applications pour la médecine

Maëlle Vilbert, physicienne au Muséum d'histoire naturelle, aime grimper aux arbres pour observer la transparence des ailes des papillons, pour comprendre surtout comment elles fonctionnent. "la recherche fondamentale permet de servir de terreau à des innovations. Je sais par exemple qu’il y a des capteurs de pression intraoculaire pour traiter les glaucomes qui sont basés sur des structures anti-reflets qui peuvent être observés sur des ailes de papillons", explique-t-elle.

Si la biodiversité nous aide pour nos médicaments – 70% des anticancéreux viennent des plantes – la cosmétique, les secteur de l'énergie, ou encore du traitement des déchets déposent aussi de nombreux brevets d'innovation inspirés par la nature ou rien ne se perd, rien se créer et tout se transforme.

.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Apprendre de la nature

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article