Pollinisation par le vent et allergies au pollen (épisode7)

Publié le 7 Mai 2019

Laîche des forêts (Carex sylvatica)

Laîche des forêts (Carex sylvatica)

Laîche du printemps (Carex caryophylla)

Laîche du printemps (Carex caryophylla)

Le pollen est constitué de  poussières souvent jaunes émises parles plantes. Elles contiennent  les gamètes-cellules mâles de l’espèce et son code génétique.
La pollinisation chez les plantes est l’action de transport du pollen vers les organes femelles de la même espèce (stigmates –pistil-ovaires).
Nous avons vu comment la pollinisation était réalisée par différents types d’insectes.
Il existe chez les plantes un mode de pollinisation plus ancien et plus simple. C’est le transport du pollen par le vent. Les plantes qui utilisent ce système, aiment donc le vent qui permet leur reproduction. Elles sont dites anémophiles (de « anemos »,  le vent en grec) .


Les plantes pollinisées par les insectes peuvent aussi l’être par le vent  selon les conditions climatiques et dans certaines conditions.
Il n’existe pas de séparations stricte entre ces types de plantes.

1/ Que transport le vent
Le vent transporte des grains de pollen et selon les conditions climatiques forme de véritables nuages de pollen. Les grains de pollen  sont produits sur les organes mâles de s plantes.
Ce sont de très petites poussières souvent de couleur jaune. La taille des grains varie de 5 µm (ou millionièmes de mètre) des myosotis  aux plus gros, ceux de la famille de la courgette, 150 µm soit 0.15 mm. Ces derniers grains sont  visibles à l’œil nu.
Les grains les plus petits sont souvent les plus allergisants. Ils pénètrent partout et en grand nombre.

Des quantités de plus de 300 millions de grains de pollen de la même espèce  peuvent être observées sur un seul mètre carré. Si la plante dépense tant d’énergie à produire du pollen c’est que cette  production même  intensive n’est  pas très efficace. Quand le pollen est transporté par un insecte il va directement d’une plante à une autre plante de la même espèce en quelques minutes.
Si un noisetier doit polliniser un autre noisetier, il  faut réunir plusieurs conditions
-  c e  noisetier soit à maturité de reproduction,
- être  sous le vent du premier
- il ne doit pas être caché par un obstacle naturel ou artificiel pour que le pollen puisse arriver à destination.


 

Grain de pollen , ses principales formes
Grain de pollen , ses principales formes

Grain de pollen , ses principales formes

Photo au microscope électronique d'un grain de pollen de chicorée

Photo au microscope électronique d'un grain de pollen de chicorée

2/  Spécificité du grain de pollen
Chaque grain de pollen d’une espèce est différent de celui des  autres espèces de plantes. Il est spécifique. En fait cette forme unique sert aussi de code, de clé au moment de la rencontre avec les organes femelles. Ceux-ci ne permettent la fixation active  d’un  grain de pollen (mâles)  sur les stigmates femelles que si la clé correspond  à la serrure.
Il permet aussi de comprendre pourquoi des espèces voisines peuvent  s’hybrider.  Ces espèces sont en principe différentes de par leur localisation (milieu sec-humide) ou leur précocité et par suite leur date de pollinisation. Exemple : primevère des prés (
Primula veris )

  et celle des forêts (Primula eliator). La clé est dans ce cas presque identique  et  permet d’ouvrir la serrure. La fusion ensuite des noyaux mâle et femelle, s’ils sont  compatibles aboutira à une plante viable. Le noyau puis la graine et enfin la plante  formée par fusion portera des caractères de chaque parent. Il en résultera un organisme hybride qui peut surprendre car il possèdera des caractères de chaque parent ou bien sera tout simplement plus grand ou plus vigoureux.

Cette différence de forme entre les pollens est largement utilisée en archéologie et criminologie par des experts appelés palynologues. Chaque grain de pollen possède sa carte d’identité et permet de connaitre les plantes existantes lors d’un évènement récent ou lointain.



 

Photo de différents grain de pollen ramassés par des abeilles domestiques - Photo Guy Schneller (Anab)

Photo de différents grain de pollen ramassés par des abeilles domestiques - Photo Guy Schneller (Anab)

3/ Facteurs de la pollinisation
Ces caractères affectent  la pollinisation par le vent mais aussi pour les autres formes.
La différence est que la quantité de pollen libéré dans l’air par les plantes anémophiles est très importante alors que les autres plantes n’ont au contraire « aucun intérêt »  à laisser le vent vider leurs sacs polliniques au détriment des agents bien plus perfectionnés que sont les insectes.

Facteurs qui accentuent la pollinisation et quantités de pollen dans l’air et que vous avez  ,sans doute déjà remarqués :
- le temps sec
- l’orage
- une grande variation de température journalière
-le changement climatique qui accroit les contrastes de température et durées de périodes sèches

Facteurs qui diminuent les quantités de pollen
- la pluie qui colle les grains de pollen
-le froid qui retarde libération de pollen



 

Fleurs de Hêtre (Fagus sylvatica)

Fleurs de Hêtre (Fagus sylvatica)

Chatons mâles de charme (Carpinus betulus)

Chatons mâles de charme (Carpinus betulus)

Châton mâle de Bouleau véruqueux (Betula pendula)

Châton mâle de Bouleau véruqueux (Betula pendula)

Cônes de pin parasol - Photos Hans J Blum (Anab)
Cônes de pin parasol - Photos Hans J Blum (Anab)

Cônes de pin parasol - Photos Hans J Blum (Anab)

Cône mâle de pin noir (Pinus nigra)

Cône mâle de pin noir (Pinus nigra)

4/ Arbres anémophiles
Les familles d’arbres à chatons, bétulacées dont l’Aulne (Alnus glutinosa), le bouleau (Betula pendula), le charme (Carpinus betulus) , les fagacées  dont le chêne (Quercus rbur) et le Hêtre (Fagus sylvatica), les corydalacées comme les noisetiers dont le Noisetier commun (Corylus avellana) et les Salicacées, Saule des chèvres (Salix caprea),  le Saule cendré (Salix cinerea ),le Saule blanc (Salix alba)
Ces arbres font partie des plantes allergènes à l’origine de graves problèmes de santé sur certaines personnes, elles sont classées « allergisantes ».
Le vent a une importance essentielle pour la pollinisation des conifères lesquels ne sont pas pollinisés par les insectes. De nombreux conifères en cas de conditions favorables émettent d'immenses nuages de pollen jaune que vous avez pu découvrir dans votre cour et sur votre voiture.


Pour prévenir les personnes concernées et  leur éviter ou atténuer leurs allergies, un réseau national de détection des pollens a été mis en place.
Ce réseau national,  « pollinair » http://www.pollinair.fr/ est décliné en  filiales régionales. Il est en principe connu des allergiques.
Il utilise (et recherche)  en permanence des traqueurs de pollen, des lanceurs d’alerte bénévoles qui les détectent dans leur région,  et donc  le moment où ces plantes allergènes démarrent leur production  des pollens.
 Ceci lui permet d’éditer en temps réel des cartes de pollinisation et d’apparition du danger de pollens pour les allergiques afin qu’ils prennent les précautions utiles.
Les abonnés peuvent bénéficier de messages d’alerte sur les différentes arrivées de pollen.

 

Fleurs de Vulpin des champs (Alopecurus pratensis)

Fleurs de Vulpin des champs (Alopecurus pratensis)

Fleurs de Brome dressé (Bromopsis erecta)

Fleurs de Brome dressé (Bromopsis erecta)

5/ Plantes herbacées anémophiles
L’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia), l’Armoise  commune (Artemisia vulgaris), l’Ortie dioïque, commune (Urtica dioica) ; la pariétaire officinale (Parietaria officinalis), les plantains (Plantago media, Plantago major, , Plantago lanceolata )  et les graminées.
Ces plantes dispersent au vent leur pollen et certaines  sont à l’origine de graves allergies.


Conclusion :

La pollinisation par le vent est indispensable à la fécondation de certaines espèces végétales dont certaines très importantes pour notre nourriture (les céréales qui sont des graminées -poacées).  Des problèmes de santé très sérieux d’allergie sont apparus ces dernières années qui n’existaient pas autrefois. Le mieux est  de se désensibiliser quand cela est possible ou de ne pas s’exposer pendant les périodes de pollinisation. Certaines  peuvent cependant paraître longues.



Texte, bibliographie  et certaines photos Roland Gissinger (Anab)



Merci à Etienne et Guy de m'avoir inspiré cet article.

Sources bibliographiques voir index biodiversité

et aussi:


http://www.encyclopollens.fr/
http://www.pollinair.fr/ est
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00890578/document
http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/paleo/paleobiomes/comprendre/les-pollens-indicateurs-de-vegetation-et-de-climat/le-pollen-dans-le-cycle-du-vegetal

D'autres articles sur la pollinisation- cliquer le lien  pour lire

Pollinisation des plantes par les animaux vertébrés ou zoogamie- épisode 5 
Pollinisation des plantes par les insectes :  les coléoptères  épisode 1
Pollinisation des plantes par les insectes :  les papillons épisode 4 
Pollinisation des plantes par les insectes : les diptères  épisode 3
Pollinisation des plantes par les insectes : les hyménoptères épisode2
Pollinisation par soi même= autopollinisation- épisode 6 
Pollinisation par le vent et allergies au pollen épisode7

Rédigé par ANAB

Publié dans #découverte nature

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R
Oyé. .mon ennemi juré est dans le lot ...le bouleau. <br /> Suis inscrite au RNSA.
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A
Oui Rose, et pour combattre un tel ennemi il faut des sentinelles partout et actives! Beau travail des bénévoles de Pollinair
H
Bon article, n'est pas mentionné l'importance de la pollinisation par le vent pour les conifères.
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R
Oui tu as tout à fait raison Hans, il faudra que je complète. Je n'ai pas de photo de bonne qualité pour illustrer ce point...
G
Très belle série d'articles qu'il faut que je relise.<br /> J'invite chaque botaniste amateur ou éclairé de rejoindre le réseau Pollin'air. Ça ne demande pas un investissement conséquent. Il s'agit juste d'observer les certaines plantes de chez soi et d'alerter au bon moment. C'est très enrichissant
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R
Merci Gilles,merci aussi d'appeler nos lecteurs à participer à cette veille avec pollinair