Le Sisymbre officinal, Herbe aux chantres
Publié le 24 Novembre 2019
Nous partons à la découverte de cette grande plante dégingandée avec ses longues tiges presque horizontales qui partent dans tous les sens. Elle est fréquente dans nos régions mais jamais en grandes quantités. C’est une plante médicinale fort ancienne et toujours d’actualité.
Roland
Sisymbre officinal, Herbe aux chantres (Sisymbrium officinale )
Nom scientifique : Sisymbrium officinale (L.) Scop., 1772
Allemand/ dialecte: Raukesenf, Wegsenf
Origine du nom : vient du grec « sisymbrion » qui désignait une autre plante, un cresson ou une menthe et du latin « officinalis » , médicinal car cette plante était supposée guérir de nombreuses maladies. Pour cette raison elle faisait partie de la pharmacie présente dans le jardin médicinal du VIII au IX siècle.
Son nom commun « Herbe aux chantres » vient de la croyance que cette herbe pouvait, en particulier, guérir les maladies de la gorge ( toux, laryngites, pharyngites) et donc restituer leurs voix aux chanteurs (chantres).
Date et lieu de l’observation : le 30 juin à Dannne-aux quatre-vents
Famille de plantes : celle des Brassicacées (chou, giroflée, colza, moutardes )
Cette famille est homogène.Les caractères de base sont pour la plupart des genres européens :
symétrie d’ordre 4 et bilatérale. Les 4 pétales et 4 sépales sont libres et protègent les 6 étamines, 4 petites et 2 grandes.
Les fruits sont très variés de la forme d’un petit haricot à une pièce de monnaie ou une petite bourse. La clé de reconnaissance des espèces repose en grande partie sur l’aspect des fruits de très allongé à circulaire à leur segmentation interne.
Catégorie : plante annuelle.
Hauteur : 20 à 90 cm de haut.
Tige: rameuse, velue à poils dirigés vers le bas. Point de reconnaissance : les rameaux sont raides, grêles et partent presque à l’horizontale : ils sont divariqués.
Feuillage : les feuilles de la base sont très découpées, jusqu’à la nervure principale (pennatiséquées). Elles se terminent par un grand lobe précédé de deux lobes perpendiculaires. Les feuilles sont velues sur les deux faces. Les supérieures, sont très découpées mais beaucoup moins développées.
Floraison : mai à octobre
Fleurs : jaune pâle, très petites, de 3 à 4mm. Elles ont 4 pétales, 4 sépales verts s et 6 étamines comme des brassicacées typiques, de 0.5 à 0.8 mm.
L’inflorescence est très longue.
Fruits : des siliques de 1 à 2 cm velues finement, dressées et appliquées contre l’axe. Les pédicelles sont courts, épais et les siliques élargies à la base.
elles contiennent de très petites graines dont la dissémination est assurée par le vent (anémochorie).
Habitat : lieux incultes, friches : habitations, chemins, champs
Statut : espèce non réglementée
Confusions possibles : oui avec d’autres fleurs de la même famille mais ses très petites fleurs et son aspect ébouriffé permet de la distinguer de nombreuses autres brassicacées jaunes.
Le Sisymbre d'Autriche, (Sisymbrium austriacum) observable en montagne a les feuilles brillantes.
Usage alimentaire : les feuilles jeunes crues en salade ou cuites quand elles sont vieilles dans des potages ou en légumes .
Les jeunes tiges et inflorescence sont également consommées bouillis ou frits avec de l’huile d’olive et du citron dans les pays méditerranées, Italie, Bosnie.
Les fleurs peuvent décorer les plats et les graines peuvent servir de condiment. Comme elles contiennent des substances cardio-actives il est important de ne pas en abuser.
Usage médicinal :
Le Sisymbre officinal contient dans les parties aériennes fleuries au minimum 0.3 % de glucosinolates.
Ces molécules sont des signatures chimiques des brassicacées et sont détruites d’un tiers par la cuisson (le chou fleur par exemple) . Ils sont des précurseurs d’ Isothiocyanates ou ITCs qui sont des agents anti-cancéreux reconnus et qui apparaissent après avoir été hydrolysés par une enzyme (la myrosinase).
D’après Wikiphyto
Les glucosinolates sont utilisés dans des sirops, pastilles ou collutoires pour soigner les maux de gorge, inflammations buccales, du larynx, enrouements et bronchites. Ils provoquent par action réflexe une sécrétion des voies respiratoires. Ils ont également des actions sur le foie et la peau.
Les Isothiocyanates ou ITCs ont été reconnus comme agents cancéreux après une grosse étude faite sur 18000 hommes à Shangaï. Le cancer des poumons était réduit d’un ordre de 40 à 64% selon le type d’individus.
Ils empêchent l’activation de carcinogènes dans l’œsophage et le foie et le colon en bloquant en particulier les nitrosamines générées par l’absorption de charcuterie et de ses nitrites.
Ils sont des antibactériens et antioxydants reconnus et la littérature est abondante à ce sujet, impossible de tout citer.
Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab)
Bibliographie
Voir fin d’article index plantes
Propriétés médicinales :
Composition en glucosinolates des brassicacées : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/13129476?dopt=Abstract
Isothiocyanates et action anticancéreuse : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4002831/
http://www.wikiphyto.org/wiki/Isothiocyanates
Thèse soutenue à Strasbourg sur la Recherche d'isothiocyanates à intérêts fonctionnel et technologique chez les Brassicacées