une maison botanique pour cultiver les liens entre les hommes et les plantes

Publié le 18 Février 2020

     Initiatives Social Ensemble Carnets Citoyens Agir   Carnets citoyens Dans le Perche, une maison botanique pour cultiver les liens entre les hommes et les plantes  Publié le 15/01/2020 à 17h06 - Modifié le 20/01/2020 à 13h54 Laurent Grzybowski la maison botanique  la maison botanique  Eduquer à l’environnement, générer des comportements respectueux et responsables vis-à-vis de la nature, tel est l’objectif de cette maison implantée au cœur du bocage.

Initiatives Social Ensemble Carnets Citoyens Agir Carnets citoyens Dans le Perche, une maison botanique pour cultiver les liens entre les hommes et les plantes Publié le 15/01/2020 à 17h06 - Modifié le 20/01/2020 à 13h54 Laurent Grzybowski la maison botanique la maison botanique Eduquer à l’environnement, générer des comportements respectueux et responsables vis-à-vis de la nature, tel est l’objectif de cette maison implantée au cœur du bocage.

Publié sur Lavie le 15/1/2020 Laurent Grzybowski

Qu’il s’agisse de la flore sauvage ou cultivée, il existe de nombreux liens possibles entre les hommes et les plantes. Forts de cette conviction, des amoureux de la nature ont créé il y a vingt ans une maison botanique pour sensibiliser le public au monde merveilleux des plantes et des arbres. Située à Boursay, un village de 170 habitants au cœur du Perche vendômois (Loir-et-Cher), cette maison est enracinée dans un paysage rural : bocage riche de haies champêtres, haies plessées, arbres têtards et autres plantes naturelles. « Lorsqu'on les contemple et lorsqu’on s'en occupe, les plantes nous apportent beaucoup de bien-être », affirme Dominique Mansion, vice-président de l’association qui gère le lieu. « Soigner une plante permet aussi de réduire le stress, de nous relaxer et d'augmenter notre concentration. »

Pour ce natif du pays qui a commencé par ouvrir un chemin botanique, dans les années 1990, avant de fonder cette maison, il s’agit aussi de défendre la biodiversité végétale, en considérant les humains comme des « partenaires » et non comme des « propriétaires ». « La nature ne nous appartient pas, c’est nous qui lui appartenons », dit-il. « C’est la raison pour laquelle notre maison aurait pu s’appeler « maison ethno-botanique », car le but est vraiment de s’intéresser aux usages que l’homme peut avoir des plantes et de la nature. Cet usage participe d’un échange entres espèces vivantes, humaines, animales et végétales. »

Ancien étudiant des Beaux-Arts, artiste naturaliste, titulaire d’un BTS de protection de la nature, aujourd’hui retraité, Dominique Mansion a passé des années à dessiner la flore forestière française, une commande du ministère de l’Agriculture : trois tomes de 2 400 pages à chaque fois. En réalisant ce travail, l’homme s’est rendu compte que la plupart de ses collègues et amis étaient incapables de reconnaître la flore locale. « Qui plus est, au fil des ans, j’ai vu disparaître les paysages de mon enfance, les petits chemins champêtres, les haies le long des champs et toutes les richesses de notre bocage. C’est à cause de ça que j’ai eu envie de fonder cette maison, comme une sorte de conservatoire, afin de faire connaître la flore locale, les usages autour des plantes, les savoir et les savoir-faire ancestraux. »

Pour mener à bien son action de sensibilisation, la Maison botanique ne cesse de cultiver son jardin en faisant feu de tout bois. Grâce à ses quatre salariés, à ses deux services civiques et à ses nombreux bénévoles (environ une cinquantaine), elle accueille régulièrement des groupes d’enfants, crée des animations pour les écoles et favorise les rencontres et activités entre personnes d'âges et d'origines différentes. Son musée sur la flore et sur la faune locale attire bon an mal an plusieurs centaines de visiteurs qui suivent parfois des stages de formation ouverts à tous. Forte de 300 adhérents, l’association gère le Centre Européen des trognes (recueil d'informations, organisation de stages, animations…) y compris le chemin des trognes, où certaines trognes devenues monuments passent du statut d’arbre rural à celui de sculpture paysanne, inscrite dans l’histoire du paysage.

Qu’est-ce qu’une trogne ? C’est un arbre (n’importe quel type d’arbre) taillé régulièrement à hauteur, c’est-à-dire hors de portée des herbivores, pour pouvoir se fournir continuellement en bois, que ce soit pour le chauffage, pour le fourrage, ou pour faire de l’osier. Une trogne est donc un type d’exploitation d’arbres, souvent feuillus, pour l’utilisation humaine. « La taille doit toujours être très régulière, c’est un vrai travail, ça ne se fait pas au hasard », explique Dominique Mansion. Les trognes existeraient depuis 4000 ans, car en Angleterre, les vestiges d’une trogne ont été retrouvés dans la vase d’une rivière. L’identification au carbone 14 a indiqué qu’elle devait dater de cette époque. Les trognes existent donc depuis que l’homme a commencé à devenir agriculteur-éleveur.

La Maison botanique a également développé deux autres chemins naturels qui permettent de sensibiliser le public tout en se promenant sur des sentiers de quelques kilomètres, avec beaucoup de balisage et d’étiquettes d’illustrées afin de reconnaître les arbres et les arbustes qui composent la haie champêtre. L’association gère également un centre de loisirs, l’Atelier vivant (agréé jeunesse et éducation populaire), qui s’adresse pendant les vacances scolaires aux 3-12 ans, avec au programme des activités de découverte du patrimoine naturel et culturel local : jardin pédagogique, cuisine sauvage, poterie, céramique, grands jeux en extérieur et entretien de haies plessées (technique de taille et de tressage de haies vives, afin de créer une clôture végétale naturelle, à base de troncs, d’arbustes, de rameaux, d’arbrisseaux et de branches).

Ce centre de loisirs a également un fonctionnement éco-citoyen avec tri des déchets, recyclage, réutilisation d’objets, sensibilisation à l’économie de l’eau et de l’énergie. « Nous voudrions susciter des changements de perception et permettre à notre public de retrouver le lien avec le vivant », confie Dominique Mansion. « Cette démarche est d’autant plus importante que je suis convaincu que notre rapport aux végétaux peut nous aider à soigner notre rapport aux autres. Créer des liens avec les arbres et les plantes, c’est créer des liens avec les autres. La nature nous apprend que tout se tient, que tout est lié. »

À lire :

Les trognes. L'arbre paysan aux mille usages, de Dominique Mansion (éditions Ouest-France)

> Pour en savoir plus :

La Maison botanique

6 rue des écoles

41270 Boursay

Tél : 02 54 80 92 01

Mail : contact@maisonbotanique.com

Site : http://www.maisonbotanique.com/

Facebook : https://www.facebook.com/maisonbotaniqueboursay/


 

Rédigé par ANAB

Publié dans #découverte nature, #Actu-conf-films-expo

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