L'oiseau-papillon amoureux de la cathédrale de Chartres
Publié le 10 Février 2020
Paru sur l'echorepublicain le 16/1/2020
Depuis 2015, un oiseau aux ailes carmin prend ses quartiers d’hiver à la cathédrale de Chartres. À la découverte du tichodrome échelette, un passereau amateur de belles pierres qui fascine naturalistes et photographes.
Il vous est peut-être arrivé d’apercevoir des photographes, équipés d’énormes objectifs et revêtus de vêtements de camouflage, tourner autour de la cathédrale de Chartres. Ne cherchez plus : ces amateurs de photo naturaliste sont en quête du tichodrome échelette.
Sous ce nom imprononçable se cache un oiseau, à peine plus gros qu’une mésange. Ce passereau vit habituellement dans les massifs alpin et pyrénéen, entre 1.400 et 2.900 m d’altitude. Pas étonnant que vous n’en ayez jamais entendu parler. « Certains photographes de faune ne connaissent même pas son existence », témoigne Pierre Morin, naturaliste bénévole de l’association Eure-et-Loir Nature.
Depuis plusieurs années, un de ces oiseaux de montagne vient prendre ses quartiers d’hiver… sur la cathédrale de Chartres. « Il y en a aussi un sur le château d’Amboise et la cathédrale de Bourges », explique le photographe animalier amateur Denis Keith.
Pourquoi un oiseau qui niche habituellement dans les falaises de haute montagne vient-il passer l’hiver sur un bâtiment de la plaine de Beauce ? Grand amateur d’insectes, qu’il déniche de son bec long et fin dans les anfractuosités des roches, le tichodrome retrouve dans les vieux édifices des plaines françaises un écosystème qui lui permet de passer l’hiver tranquille. « Et c’est un champion d’escalade, il arrive à se suspendre dans le vide ! », ajoute Pierre Morin.
Arrivé fin novembre, notre tichodrome chartrain repartira fin mars ou début avril pour retrouver sa montagne natale. Et il reviendra peut-être l’hiver prochain… « Ça fait cinq ans qu’on l’observe sur la cathédrale. On pensait que ce serait son dernier hiver, car cet oiseau vit cinq ou six ans. Nous essayons de comparer les photos de cette année à celle des années précédentes pour voir s’il s’agit du même oiseau », explique Pierre Morin.
Car une chose est sûre, le tichodrome ne partage pas son espace : un seul individu par monument ! Et il est fidèle à “son” édifice.
A Mainvilliers, un coin de bois pour observer les oiseaux à sa guise
Tout ceci concourt à rendre la bestiole fascinante pour les naturalistes. « Ce n’est pas un oiseau rare, le problème c’est de le voir », continue Denis Keith. En montagne, dans son milieu naturel, ce passereau discret et vif comme l’éclair est très dur à apercevoir. Encore plus à photographier. Sur la cathédrale, en revanche, il n’est pas rare de le voir s’agripper aux façades, voire aux statues. « C’est arrivé qu’il soit sous mes yeux », se souvient Denis Keith.