Botanique pour débutants confinés (épisode 9)
Publié le 8 Mai 2020
le confinement se termine enfin. La vie va continuer normalement ou presque puisque nous serons tous masqués au moins dans certains endroits, transports, magasins…et que notre autonomie sera limitée à 100km.
Ce qui est nouveau dans notre région c’est la pluie. Il a plu sur deux jours des quantités notables d’eau alors que nous avons eu une période continue de 5 à 6 semaines de sécheresse totale. Le soleil était omniprésent ce qui n ’était pas désagréable.
Vous verrez donc sur les photos des ciels d’orage juste avant « la flotte ». C’est moins monotone qu’un ciel bleu. Cette eau a fait bondir les herbes hors de terre
Comme découvertes botaniques, vous noterez l’apparition de deux nouvelles ombellifères-apiacées dont le carvi qui émet de délicieux arômes épicés quand on froisse ses fruits. Nous avons aussi deux nouvelles renoncules dont on ne dira jamais assez qu’elles sont toxiques. Les animaux ne s’y trompent pas et sauf accident, un jeune veau inexpérimenté, les ruminants n’y touchent pas. Les différences entre les boutons d’or sont subtiles : regardez bien les pédoncules floraux, les carpelles, les pétales et les feuilles pour faire la différence.
Quelques plantes un peu mystérieuses comme la Bryone dioïque très toxique, surnommée aussi le Navet du diable… tout un programme. Une petite abeille, l’Andrène de la bryone, se nourrit exclusivement de cette fleur. Si elle disparait l’insecte aussi. Ainsi sont faits les écosystèmes naturels, les espèces dépendent les unes des autres tel un château de cartes. Une carte enlevée et une partie du château s’écroule.
L’Euphorbe des jardins possède une fleur très particulière tandis que le Sceau de Salomon est caché en forêt (ici dans un jardin) et la petite Sagine couchée est presque invisible tant elle est petite.
Cette semaine j’ai été surpris par un beau brocard dans une haie et par un lièvre. Pas de photo de ces rencontres trop rapides . Du coup je vous ai fait aussi un bestiaire des animaux domestiques rencontrés sur le parcours et qui courent moins vite. Chevaux : nous possédons un des plus beaux élevages de chevaux de trait de France, tous de race « ardennaise ». Ils ont une hauteur de 1mètre 60 au garrot et peuvent peser une tonne. Les chevaux de Sarre-Union sont des champions de France. Ceci vient du travail considérable fait par toute la famille Gerber pour les élever, les dresser, leur donner les meilleurs atouts génétiques en les croisant avec d’autres.
Le poulain de la photo n’a que huit jours.
Sur les fleurs j’ai vu cette semaine de nombreux insectes et en particulier des coléoptères. Ce sont des insectes qui possèdent une paire d’ailes protectrices au dessus de deux ailes membraneuses. Espèce type : le hanneton. Leur identification reste difficile. Il faut se plonger dans une littérature complexe et éparse car le nombre d’insectes est immense. Heureusement des entomologistes et des collègues vérifient ou m’aident à identifier ces petites bestioles.
La région peut paraitre idyllique au vu des photos. Celles-ci ne font pas appraitre les dégâts de l’agriculture intensive, des centaines d’hectares de prairies retournées sur le ban communal. Je vous ai aussi un peu caché la réalité de notre petite ville qui compte 2000 emplois, une zone industrielle et une zone commerciale certes modestes en comparaison d’autres.
Comme elles sont côté sud, à plus d e1 km de chez moi. Je n’ai pas eu la possibilité de parcourir ces endroits et les zones naturelles environnantes, ni de les photographier!
Petit retour sur ces semaines de confinement. Je vous ai fait une liste de 190 espèces de plantes qui avaient fleuri pendant cette période, dans mon petit cercle autorisé et à peu près respecté de 1 km , soit 314 hectares. Par chance sur cet espace limité se trouve un mélange varié de prairies, pâtures haies, colline, et une rivière, la Sarre.
Pour une période assez courte ce n’est déjà pas si mal. Certaines plantes ont pu m’échapper. J’en ai vues qui fleuriront dans quelques jours, d’autres dans quelques mois et 5 ou 6 qui étaient déjà défleuries le 17 mars. Sur l’année cette surface devrait sans problème être riche de 300 à 350 fleurs.
C’est pas mal mais pas extraordinaire à côté de certains endroits, véritables réservoirs de biodiversité qui atteignent 400 à 500 espèces différentes pour 1000 hectares.
J’espère que ces petites balades vous ont permis de reconnaitre quelques plantes et sinon notre région !
Profitez des bienfaits de la nature et de ce qu’elle vous apporte d’apaisement et de découvertes. Continuez à parcourir votre région et à y faire de belles découvertes
Belle semaine
Roland (Anab)
Liste des plantes en fleurs rencontrées pour la première fois cette année depuis la semaine dernière:
Nom taxon français | Nom scientifique | Alsacien |
Achillée millefeuille | Achillea millefolium | Schafgarben Garbenkraut |
Brione dioïque / Racine-vierge | Bryonia cretica subsp. Dioica | Weissrebe |
Cumin des prés, Anis des Vosges | Carum carvi | Kümmel |
Epurge, Euphorbe des jardins | Euphorbia lathyris | Springsamen, Pürgierkrüt |
Luzerne cultivée | Medicago sativa | Spitzklee, Stengelklee |
Marguerite | Leucanthemum ircutianum | Margretenblum, -Gross-Masslien |
Mauve sauvage, Mauve sylvestre, Grande mauve | Malva sylvestris | Rosspapeln |
Oxalis corniculé, Trèfle jaune | Oxalis corniculata | Sauerkleegewächse |
Potentille des oies, anserine | Argentina anserina | Silberblatt, Leiterlakrüt, Gänserich |
Renoncule rampante | Ranunculus repens | Hahnafuess |
Renoncule scélérate, Renoncule à feuilles de Cèleri, Mort aux Vaches | Ranunculus sceleratus | Gifthahnenfuess |
Sagine couchée | Sagina procumbens | Mastkraut |
Salsifis d'Orient | Tragopogon pratensis subsp. Orientalis | Habermark, |
Sceau-de-Salomon commun | Polygonatum multiflorum | Salomonssiegel, Weiswurz |
Torilis du japon | Torilis japonica | Klettenkerbel |
Trèfle douteux, Petit Trèfle jaune | Trifoilium dubium | Wiensenhopfenklee |
Vesce cracca, Jarosse | Vicia cracca | Wicke |
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