Le Sicus ferrugineux
Publié le 31 Mai 2020
Cette mouche est vraiment d’allure étrange: elle est rouge ce qui n’est pas courant et son abdomen est recourbé comme un poignard traditionnel. Sa biologie est aussi particulière…
Découvrons cette bestiole bizarre.
Roland
Nom scientifique : Sicus ferrugineus (Linnaeus, 1760)
Etymologie du nom scientifique : du latin « sica », « le poignard recourbé », tranchant sur les deux côtés et à angle obtus ou droit- des gladiateurs romains de type thrace ou sicarius. C’était aussi l’arme des Daces, ennemis des romains à l’Antiquité et situés dans l’actuelle Bulgarie et Roumanie.
Ce nom rappelle la courbure très inhabituelle du corps de cette mouche et de « ferrugineus », ferrugineux en raison de sa couleur rouille tout aussi originale.
Nom allemand : Breitstirnblasenkopffliege
Date de l’observation: le 15 juin à Weyer
Classification et famille : celle des Conopidae proches des syrphes et qui appartient à l’ordre des diptera, c’est à dire des insectes à seulement 2 ailes, les mouches dont plus de 150 000 espèces différentes ont déjà été identifiées. Ils ont en commun de se développer en parasites au stade larvaire. Il sont une tête anormalement grosse qui les fait appeler « mouche à grosse tête » en anglais.
Leur trompe (proboscis) est différente de celle des syrphes, longue et mince. Ils ont une seule paire d’ailes membraneuses et des pièces buccales de type piqueur ou suceur. Ils ressemblent aux syrphes car leur aspect est souvent jaune rayé de blanc ou brun pour imiter le corps des guêpes et éviter ainsi la prédation.
Il existe 808 espèces de Conopidae de par le Monde répartis en 47 genres dont 60 espèces en France.
Taille : 8 à 13 mm
Description :
Le Sicus ferrugineux ressemble à une mouche de couleur rouille avec une grosse tête. Le haut de la tête (le vertex) est jaune clair et les yeux si gros qu’il rste juste un petit espace en-dessous.
Les antennes à 3 segments sont courtes. Les ailes sont fumées de brun et d’orange.
Point de reconnaissance : au repos l’abdomen est recourbé vers l’avant comme un poignard traditionnel.
La femelle possède une theca. C’est un petit appendice qui sert de ventouse pour s’arrimer à un autre insecte qu’elle va parasiter.
Elle est située sur le deuxième segment de l’abdomen et ici très petite. Chez la plupart des Conopidae cette theca est plus développée.
Confusion : il existe 3 espèces de sicus très ressemblantes et il n’est pas possible de distinguer les mâles entre eux.
Période d’observation : fin avril à septembre
Vol : vol rapide comme la plupart des diptères
Biologie et Reproduction : Les adultes apparaissent en mai et vont s‘accoupler sur des fleurs. La femelle va pondre en plein vol des oeufs sur d’autres insectes.
Description de la larve : l’œuf est allongé et garni à son extrémité de poils fins. Ces poils dans certaines espèces comme celle de notre Sicus sont transformés en grappin à plusieurs bras qui permettent un accrochage en s’entremêlant aux poils de l’insecte à parasiter !!
Les insectes les plus parasités sont chez nous les bourdons (Bombus terrestris, B. lapidarius, B. pascuorum…) . D’après certaines études, les mâles à 7% et les ouvrières plus de13%. Ce parasitisme limite l’expansion de ces espèces.
attention âmes sensibles s’abstenir de la lecture du paragraphe qui va suivre. Certes, la nature n’est pas toujours tendre et les espèces parasites sont très nombreuses. Si vous regardez l’espèce humaine, la parasitisme n’est pas seulement le fait des paresseux.…Mais retournons à notre Sicus.
Attaque des insectes : la femelle après sa ponte va se mettre en affût sur la végétation et frapper rapidement un insecte posé par exemple en cours de butinage. Pendant « la frappe », l’œuf est posé avec son grappin et s’accroche au bourdon. Un seul est accroché et si plusieurs le sont un seul survit. La larve va alors se développer dans l’abdomen de son hôte et le dévorer de l’intérieur. Elle consomme dans un premier temps l’hémolymphe, puis les muscles et les organes avant de se transformer en nymphe. C’est seulement au dernier stade, après une dizaine de jours, que l’insecte parasité par exemple, le bourdon, meurt. L’hivernation a lieu à ce stade. Du corps de l’insecte desséché et de la nymphe va sortir l’insecte adulte ou imago. Rassurez-vous, la morale est sauve, quelquefois les sicus sont eux-mêmes parasités.
Cette faculté de parasiter un insecte vivant dans un ordre rigoureux pour le maintenir en vie jusqu’au dernier moment et accomplir un cycle complet a été une des grandes découvertes et descriptions du maître de tous les entomologistes et naturalistes, Jean-Henri Fabre.
Alimentation: les adultes se nourrissent du nectar de plantes comme les astéracées de type séneçon ou d’autres, les caprifoliacées, comme les scabieuses, knauties mais aussi d’autres espèces, des renonculacées, des brassicacées, lamiacées, et rosacées.
Le Sicus ferrugineux se charge en grains de pollen quand il visite les fleurs et est donc un pollinisateur car il en visite de nombreuses. Vous le constatez sur les photos présentées.
Habitat: affectionne les prairies naturelles et les haies. Présent dans toute l’Europe et l’hémisphère nord.
Prédateurs : batraciens, oiseaux, petits mammifères
Protection : insecte non protégé
Photos, texte, et bibliographie : Roland Gissinger (Anab)
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sicus_ferrugineus
https://en.wikipedia.org/wiki/Sicus_ferrugineus
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conopidae
https://en.wikipedia.org/wiki/Conopidae