Le réchauffement climatique va faire tomber les feuilles des arbres de plus en plus tôt

Publié le 4 Janvier 2021

Le réchauffement climatique va faire tomber les feuilles des arbres de plus en plus tôt

paru sur Futura Planète le 5/12/2020

Alors que les scientifiques ont longtemps pensé que des températures plus élevées amèneraient l'automne à être retardé, une nouvelle étude suggère qu'à l'inverse les feuilles des arbres auraient tendance à mourir et à tomber plus tôt. En cause : les arbres seraient « rassasiés » en CO2 plus rapidement. Une mauvaise nouvelle qui remet en cause la capacité de capture carbone des arbres.

Encore une certitude scientifique remise en cause ! Contrairement à ce que l'on pensait l’allongement de l’été dû au réchauffement climatique ne va pas retarder la chute des feuilles d’arbres en automne, mais l'avancer ! « Les modèles précédents supposaient que parce que les automnes deviendront de plus en plus chauds au cours du siècle prochain, l'automne sera retardé de deux à trois semaines », explique Philip James, l'un des auteurs de la nouvelle étude parue dans Science. « Deux décennies d'observation sur le terrain montrent que l'automne a été retardé de 0,25 jour par an », rapporte par exemple une étude de 2014 parue dans Nature Climate Science. Mais selon Philip James, professeur d'écologie à l'université de Salford (Royaume-Uni) : « D'ici 2100, lorsque les saisons de croissance des arbres seront plus longues de 22 à 34 jours, les feuilles tomberont des arbres entre trois et six jours plus tôt qu'aujourd'hui. »

 

L’effet satiété

L'explication de ce paradoxe tient en deux mots : l'effet satiété. « C'est un peu le même mécanisme que nous observons chez l'Homme : si vous commencez à manger plus tôt, vous serez rassasié plus vite », décrit à CNN Constantin Zohner, chercheur à ETH Zurich et coauteur de l'étude. Les arbres disposent d'une capacité limitée de photosynthèse au cours de la saison, explique-t-il. « Si l'arbre absorbe plus de CO2 au printemps et en été en raison de l'arrivée précoce de la saison, il va mécaniquement perdre ses feuilles plus tôt à l'automne. » Pour chaque augmentation de 10 % de l'activité photosynthétique au cours de la saison de croissance au printemps et en été, les arbres perdent leurs feuilles, en moyenne, huit jours plus tôt, indique l'étude.
En utilisant une combinaison d'observations sur le terrain, de tests en laboratoire et de modélisation, les experts ont suivi six espèces européennes d'arbres à feuilles caduques (marronnier d'Inde, bouleau argenté, hêtre européen, mélèze européen, chêne anglais et sorbier) au cours des six dernières décennies. « Les températures d'automne et la longueur des jours étaient jusqu'ici les deux principaux facteurs environnementaux de la sénescence des feuilles. Nous en avons identifié un troisième qui est la productivité auto-limitée », souligne Constantin Zohner.

Quand le réchauffement climatique aggrave le réchauffement climatique

Tout cela pourrait paraître anecdotique : après tout, prendre ses photos de forêts jaune orangé une semaine plus tôt ne devrait pas déranger grand monde. Pourtant, des feuilles qui tombent une semaine plus tôt, cela signifie une semaine de photosynthèse en moins... et donc une semaine de moins à absorber du carbone. Ou quand le réchauffement climatique aggrave le réchauffement climatique ! « Le seul moyen de résoudre ce problème serait de permettre aux arbres d'augmenter leur capacité totale d'absorption du CO2 », fait valoir Philip James. Mais comment ? Va-t-on devoir planter des forêts d'arbres génétiquement modifiés ? Nous avons jusqu'en 2100 pour y réfléchir.

 

Un magnifique timelapse de feuilles prenant leur teinte d'automne

Owen Reiser a mis 6 semaines et de nombreuses nuits blanches pour compiler toutes ces images. Il a pris plus de 6.000 photos en gros plan de feuilles, y comp..

Rédigé par ANAB

Publié dans #Arbres, #Changement climatique

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R
Merci Gérard et Gilles de vos réflexions sur ce sujet. Nous avons du mal à appréhender tous les effets de ce changement climatique. Ce qui est sûr c'est que l'impact sera très très important sur la flore, la faune et sur notre vie courante.<br /> Seuls nos gouvernants ne s'en inquiètent pas...
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G
Très inquiétante constatation.<br /> Si on considère qu'un champignon mycorhizien peut récupérer jusqu'à 30 % du photosynthetat d'un arbre et qu'avant l'automne si l'arbre ne fournit plus rien pour la fructification, le paysage des mycorhiziens va être triste dès l'automne. C'était déjà le cas en 2020 où la poussée des mycorhiziens était désastreuse. Seuls les saprophytes de litière ont tirés leur epingle du jeu.<br /> Je vois avec pessimisme l'avenir des russules, bolets et autres amanites tels que nous les connaissons actuellement
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G
Etonnant, et très inquiétant... Si nos plus fidèles alliés deviennent moins efficaces, j'ai de fortes craintes pour nos générations humaines, et animales à venir... sans parler de l'impact sur la flore. Car cela veut aussi dire baisse de la production d'oxygène, à priori.
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