Quelle est l'influence de l'hiver sur l'arbre ?

Publié le 22 Janvier 2021

Le Schneeberg- Wangenbourg (67)

Le Schneeberg- Wangenbourg (67)

Article paru sur le site de l'ONF le 24/12/2020

Avant d'affronter l'hiver, l'arbre prend ses dispositions afin de se préparer à accueillir les températures froides et le gel. Pour protéger ses bourgeons, il entre dans une période nommée la "paradormance" : lors de cette phase, l'arbre va ralentir sa croissance et se mettre en veille. Il va même jusqu’à former des écailles là où naîtront les futures pousses feuillées : ainsi, elles pourront éclore sans crainte lorsque les beaux jours reviendront.

Cette phase de paradormance dure généralement jusqu'à la fin du mois d'octobre. Ensuite, l'arbre entre dans la phase suivante, nommée "dormance". Lors de cette phase, il n'y a plus de croissance du tout. Bien qu'il arrête sa croissance, les mécanismes naturels de l'arbre ne s'arrêtent pas complètement, bien au contraire !

C'est au tour des mécanismes de protection contre le gel de s'enclencher, et ce partout dans la plante : bourgeons, rameaux, tronc et racines. Ils sont influencés par les températures du sol et de l’air et par leurs fluctuations au cours d’une journée d’hiver (souvent négatives le matin mais pouvant atteindre jusqu'à 15°C l’après-midi).

 

Givre dans les aiguilles d'un pin à crochets du mont Mézenc (Auvergne-Rhône-Alpes). - ©Anthony Rispal/ONF

De ses racines jusqu'aux tissus conducteurs de son tronc et de ses branches, l'arbre travaille pour maintenir les mécanismes biologiques nécessaires à sa survie : la respiration des cellules, la pousse des racines et même, chez ceux qui ont la chance de garder leurs feuilles (pins, sapins, chênes verts...), la photosynthèse ainsi que la transpiration. Le faible ensoleillement et les faibles températures ralentissent tous ces mécanismes, qui demeurent présents durant l'hiver, invisibles mais indispensables.

 

En plus des mécanismes de protection à proprement parlé, les arbres mettent également en place des processus de réparation : complémentaires aux premiers, ils sont là pour empêcher la formation de bulles d’air lors des cycles de gel-dégel dans les vaisseaux chargés de transporter la sève brute, des racines jusqu’au sommet de l’arbre, et ainsi permettre la remontée de la sève au printemps.

Au premier plan : une régénération de hêtres. - ©Anthony Rispal/ONF
 

Contre le gel hivernal, trois phases clés :

Il existe trois phases distinctes dans le mécanisme de protection de l'arbre contre le gel :

  • Le phénomène de dormance qui limite le gel des jeunes tissus fragiles issus de la croissance en stoppant celle-ci ou en la limitant fortement ;
  • Le phénomène de l’endurcissement, qui augmente la tolérance au froid des cellules et des tissus de l’arbre ;
  • Les mécanismes de réparation et de production des vaisseaux transporteurs de sève brute, endommagés par une embolie hivernale.
 

De la cime aux racines, l'adaptation de l'arbre

Mais que se passe-t-il dans les différentes parties d'un arbre pendant l'hiver ? Contrairement à la partie aérienne, les racines des arbres ne semblent pas passer par une période de dormance hivernale par exemple. Dès la chute des feuilles, les réserves d’amidon stockées pendant l’été dans le bois et l’écorce sont progressivement transformées en sucres solubles, qui ont une fonction d’antigel. Ainsi, durant les mois de janvier et février, l’arbre résiste le mieux au gel.

Si un gel précoce apparaît, le tronc de l’arbre insuffisamment endurci peut alors présenter des nécroses. Il peut d'ailleurs présenter une plus grande sensibilité au gel si l’arbre a subi des stress pendant l’été précédent, notamment des sécheresses ou des attaques de parasites, et que sa croissance a été affectée avec des réserves amoindries.

 

Forestier inspectant un pin à crochets. - ©John Bersi

Pour ce qui est de la partie aérienne, durant l’hiver, les bourgeons n’évoluent plus et sont, quant à eux, à l’état de dormance jusqu’au retour de jours plus longs (et de conditions météorologiques plus clémentes), mais certaines essences commencent à fleurir à la fin de l’hiver. C’est le cas des aulnes, des bouleaux, des noisetiers et des saules.

Les feuillages des chênes et des hêtres sont souvent glacés par les premières fortes gelées. La plupart des feuilles des arbres au feuillage caduc sont tombées sur le sol, bien que certaines essences conservent leurs feuilles mortes sur les branches jusqu’à la repousse des nouvelles, au printemps. Par exemple, c'est le cas des charmilles, souvent utilisées en haies dans les jardins, et des chênes. 

Les conifères, quant à eux, doivent être protégés des vents desséchants durant l’hiver : ils ont besoin d’eau tout l’hiver car ils n’entrent pas en repos végétatif pendant la mauvaise saison.

En définitive, chaque arbre, quelle que soit son essence, s'adapte et se protège du froid hivernal grâce aux ressources naturelles et aux mécanismes qu'il déploie. Un peu comme la faune, il attend patiemment que l'hiver passe et que les beaux jours reviennent !

 

Au cours de l’hiver, les arbres mettent en place quatre actions pour se protéger :

 

Stopper leur croissance
Les plantes sont des organismes dont la température varie avec celle de leur environnement. Contre la rigueur de l’hiver, les arbres développent des stratégies de survie.
La première consiste à entrer graduellement dans la phase de dormance, encouragée par les températures de plus en plus fraîches, voire froides, en interrompant la division de leurs cellules. Celles-ci se trouvent alors dans l’incapacité d’utiliser les nutriments et autres hormones de croissance amenés par les racines via la sève car certaines molécules indispensables à leur fonctionnement sont alors inhibées par les températures.
L’hiver venu, les arbres, qu’ils soient à feuilles caduques (ceux qui perdent leurs feuilles) ou persistantes, cessent toute activité de croissance.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Arbres, #Apprendre de la nature

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G
Merci Roland pour ces conseils éclairés.<br /> Je ne désespère pas...et je vais m'y préparer "au pied de mon chêne"...!
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G
Et avec de tels mécanismes biologiques, ils traversent des siècles...sans traitements ni vaccins...! Respect...les arbres !<br /> Je me branche sur la phase "dormance"...<br /> à bientôt !
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A
Merci GMF. Heureusement que tu ne penses pas à tous les mécanismes mis en jeu pour arriver au stade "dormance". Tu n'arriverais pas à t'endormir. <br /> J'ai revisité wikipedia.(https://fr.wikipedia.org/wiki/Dormance)<br /> Rien que pour la phase "entrée en dormance", il te faut détecter, le changement de lumière, de pression osmotique, de pH qui déclenchent alors des synthèses de tout un arsenal de protéines pour préparer tes cellules à cette phase de repos;. Quel boulot!!<br /> <br /> <br /> Roland
G
Bref, les arbres s'auto - confinent (ou s'isolent) ... et n'en font pas tout un plat (c'est de l'humour, hein)... dit celui (le retraité) qui promène un regard désabusé sur l'agitation planétaire et informatique.
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R
Merci Gérard de ta philosophie humoristique et sereine. Les arbres ont plein de qualités presque humaines que l'on découvre en lisant Wohlleben au 1er degré. "La Vie secrète des arbres ". Certains forestiers n'apprécient pas cette vision.L'intérêt majeur de ce livre est de parler des arbres, de mieux découvrir leur fonctionnement et de les admirer.
H
un bel aperçu de la vie passionnante de cet être vivant que nous appelons ARBRE !
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R
Merci Heintz de ton commentaire. Cet article nous confirme que l'arbre est un organisme très perfectionné.