Anomodon atténué
Publié le 20 Mars 2021
Nom scientifique : Pseudanomodon attenuatus (Hedw.) Ignatov & Fedosov, 2019
Date de l’observation: 6 avril 2019 à Voellerdingen
Classification: mousse de la famille des: Anomodontaceae
Description :
Cette mousse pleurocarpe forme de grandes touffes lâches, plutôt jaunâtre-vert pâle, avec de nombreuses ramifications.
Les feuilles mesurent 2–3 mm de long et présentent une nervure bien marquée, s’atténuant avant le sommet, sans oreillettes.
Au microscope X100 et X400- Anomodon atténué (Pseudanomodon attenuatus)- Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Le sommet de la feuille est dentée.
Les cellules sont papilleuses.
Habitat: sur bois, troncs ou rochers calcaires
Statut et protection : elle est présente sur la Liste rouge des Bryophytes menacées en Alsace (2014) en statut LC (Préoccupation mineure) donc sans protection particulière. Elle est évaluée comme VU, vulnérable dans la région Hauts de France et Znieff dans la région Centre.
Parlons mousse et métabolisme phénolique
Les plantes ont colonisé le milieu terrestre il y a près de 450 millions d’années. Cette transition a entraîné divers problématiques dont l’adaptation à un nouvel environnement plus hostile et le transport des nutriments dans toute la plante, l’air étant un moins bon solvant que l’eau. Pour cela, les plantes ont développé notamment des mécanismes de résistance à la sécheresse mis en place d’un système vasculaire permettant le transport à longue-distance de l’eau et des nutriments, ainsi qu’une rigidification des tissus.
Chez les plantes supérieures, le métabolisme des phénols est à l’origine de la synthèse d’un large répertoire de molécules comme les flavonoïdes qui confèrent une protection contre les rayons solaires, ainsi que des molécules précurseurs, en particulier ceux de la lignine qui jouent un rôle fondamental dans la formation du système vasculaire.
Les mousses sont dépourvues de système vasculaire et de lignine mais pourtant, elles possèdent déjà une partie de la machinerie enzymatique qui permet sa biosynthèse chez les plantes supérieures. Par des techniques de génétique, biochimie, et chimie analytique, des scientifiques ont pu démontrer que le métabolisme phénolique est requis chez les mousses pour la formation d’une cuticule. Ce polymère cuticulaire permet une imperméabilisation de la plante, une protection contre les radiations UV, ainsi que la rigidification de ses parties érigées. En effet, les sporophytes des bryophytes montrent une cuticule avec des stomates permettant les échanges gazeux.
Cette étude apporte la première démonstration du rôle essentiel joué dans le développement par le métabolisme phénolique chez une mousse. Il révèle que l’une des fonctions ancestrales de ce métabolisme est la production d’une cuticule enrichie en précurseurs phénoliques. Cette fonction apparaît fondamentale pour l’adaptation aux contraintes terrestres. La cuticule des mousses se présente ainsi comme l’ancêtre de la lignine des végétaux supérieurs.
Le vivant est un sacré bricoleur. Des variations aléatoires (des mutations) surviennent dans le génome, qui modifient par petites touches le matériel génétique existant. Ajoutant ici, retranchant là, recombinant des composants, modifiant des boucles de régulation, ces variations constituent le moteur de nouveautés qui pourront ou pas être sélectionnés par les mécanismes de la sélection naturelle et ainsi conférer un avantage sélectif. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, par un jeu sans fin de duplications, de recombinaisons et de contournements au sein d'un réseau de gènes étonnamment fluide.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)
Sources :
http://bryologia.gallica.free.fr/bryophyte-Anomodon-attenuatus-5179.php#
https://insb.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/la-cuticule-des-mousses-ancetre-de-la-lignine-des-plantes-vasculaires