Traces de cervidés: odeurs, grattis et frottis
Publié le 3 Mars 2021
Les animaux sauvages nous laissent souvent des indices de leur présence, des traces. Pour les cervidés, ce sont le plus souvent des marques de leurs pattes ou bien leurs déjections ou laissées.
Aujourd’hui nous allons nous intéresser à d’autres types de traces.
1/ Frottis sur les arbres :
Les cervidés frottent leurs bois contre des troncs d’arbre. Ces traces partent du sol et se terminent à
Ces frottements sont une nécessité pour se débarrasser rapidement du velours qui recouvre leurs bois ou pour évacuer leur énergie pendant la période du rut tout en marquant le territoire.
Ils peuvent aussi faire des dégâts importants aux arbres pour se nourrir. On parle dans ce cas d’écorçage. Ils font perdre de la valeur aux arbres car leur croissance est contrariée. Ce point est un litige important entre chasseurs et forestiers puisque ces dégâts peuvent dépasser la valeur de la location de la chasse, comme dans les Vosges du Nord par exemple.
Nous reparlerons de l’écorçage à une autre occasion comme celle de la nourriture des cervidés.
2/ Grattage au sol
Les cervidés ont aussi l’habitude de gratter le sol pour y déposer leur odeur grâce aux diverses glandes qu’ils possèdent.
3/ Glandes de marquage :
Ce sont les glandes des cervidés qui sécrètent des composants chimiques et constituent une trace olfactive, une odeur personnelle. C’est un marqueur génétique et d’état hormonal unique à chaque individu.
Glandes pré-orbitales ou frontales ou larmiers: elles sont situées entre les bois. Elles produisent une sécrétion brun rougeâtre à forte odeur. Ces glandes permettent au chevreuil de déposer sur des végétaux et de jeunes arbustes près du sol, à côté de son grattage, son odeur et empreinte.
La combinaison d’un grattage ou grattis au sol et d’une « grattée » avec les bois ou marquage olfactif sur un arbre est appelé « régalis ». Ce marquage est pratiqué par la plupart des ongulés sauvages, chamois, daims, cerfs.
Glandes des pattes ( pinces) ou glandes pédieuses
Ces glandes sont développées sur les membres postérieures mais seulement résiduelles sur les membres antérieurs. Une petite ouverture laisse s’échapper cette sécrétion graisseuse, à l’avant au-dessus des sabots.
Ces sécrétion de glandes pédieuses sont plus efficaces qu’un SMS, Facebook, Instagram ou autres . Ces dépôts rapides sont une communication sociale entre l’ensemble des individus parcourant un territoire. Ces traces olfactives contiennent l’identité, le genre, l’état sexuel (rut ou non) de l’émetteur.
L’urine du cervidé qui contient des résidus d’hormone d’ovulation ou de rut se mélange aux sécrétions des pattes arrière pour compléter le message social et olfactif (il donne en plus l’adresse mél, le numéro de portable, sles hobbies, les séries préférées……).
Ces marquages constituent comme chez de nombreux autres mammifères des marquages territoriaux.
Glandes métatarsiennes
Elles sont situées sous le jarret. Ce sont des glandes sudoripares qui joueraient aussi un rôle dans la recherche du partenaire sexuel.
4/ Odeur du faon :
La nature fait bien les choses.
Pour échapper aux prédateurs, renard et autres carnivores, le faon des chevreuils ne possède par d’odeur propre pendant ses premières semaines. En tapant du sol avec son sabot sa mère lui intimera l’ordre de se coucher et de ne plus bouger. Il restera invisible à la vue et à l’odorat performant des prédateurs.
Pour parfaire son invisibilité, son pelage brun marqué de taches noires constitue un camouflage très efficace.
5/ Couche ou reposées des cervidés
La journée pas très fatigante des chevreuils est entrecoupée de siestes. Je précise, pas très fatigante car le chevreuil détient le record des faibles déplacements horaires. Avec la pose sur des individus d’un collier de mesure au cou type GPS, des chercheurs ont mesuré leurs déplacements, quelques centaines de mètres par heure !!. C’est différent si un chevreuil est dérangé par un promeneur ou un chasseur ou un concurrent.
Avant de se coucher pattes repliées sous lui, le chevreuil fait le ménage des feuilles et branchages. Il les rejette à l’extérieur d’un rond allongé appelé « couchette » pour se poser sur le sol nu.
Cette manière de faire permet en mesurant cette couche d’avoir une idée de la taille de l’individu en rapport à des couches et mesures déjà faites avec d’autres chevreuils.
En hiver ces couches se trouvent plutôt à des endroits ensoleillés ou abrités et en été dans des endroits frais.
Pas si bêtes les bêtes.
6/Ronds de sorcières :
Si vous voyez en forêt des petits sentiers circulaires de 20 à 30 mètres de diamètre ce sont des « ronds de sorcière ». Le marquage de ces ronds est provoqué par les passages successifs de couples de chevreuils. C'est le marquage des phases d’approche avant l’accouplement. Pendant cette phase, le chevreuil poursuit une femelle en faisant de petits cercles jusqu'à la conclusion.. .
Photos: Guy Schneller et Bernard Weinzaepflen (Anab)
Texte Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Documents de complément:
Biologie du chevreuil
La Hulotte Numéro spécial chevreuil num 66
Le chevreuil Delachaux Niestlé
https://oatao.univ-toulouse.fr/4187/1/hartmann_4187.pdf
Urines de synthèse
https://www.journaldemontreal.com/2012/09/14/un-leurre-olfactif-revolutionnaire